[Critique] Jumanji : Bienvenue dans la jungle

[Critique] Jumanji : Bienvenue dans la jungle

22 ans après « Jumanji », Hollywood reprend le film qui marqua une génération d’enfants pour livrer une suite à l’image de ses productions actuelles.

En partant de cet étrange principe qui voudrait qu’un simple sentiment de nostalgie envers une œuvre de l’enfance suffise à justifier qu’on la remette à jour, les studios hollywoodiens n’ont de cesse de rebooter des productions du passé. Le dernier exemple en date est Jumanji : Bienvenue dans la jungle, qui reprend la suite du film de Joe Johnston (1995), devenu culte pour une génération de trentenaires.

Adapté du livre pour enfants de Chris Van Allsburg publié en 1981, Jumanji voyait deux enfants mettre la main sur un jeu de plateau. Celui-ci prenait vie après qu’ait été libéré un de ses participants, Alan Parrish. Pour cette suite, qui se déroule en 2016, le Jumanji a pris l’apparence d’un vieux jeu de console et embarque dans son monde quatre adolescents (Spencer, Bethany, Fridge et Martha) en leur donnant l’apparence de leur avatar.

Des effets modernes sur une écriture démodée

Jumanji : Bienvenue dans la jungle a dans un premier temps la pertinence d’éviter de se raccrocher trop à son objet d’origine. Y faisant référence uniquement lointainement (évocation rapide d’anciens personnages et des règles du jeu), le film ne tombe pas dans l’hommage grossier à base de clins d’œil omniprésents. Ce Jumanji 2 opte donc pour une approche et une personnalité totalement différentes.

Ce n’est pas plus mal, mais ce n’est pas pour autant réussi. Car malgré tout, le film semble avoir été réalisé il y a plus de dix ans. Pas visuellement, où outre une réalisation sans idée marquante, les effets spéciaux s'avèrent plutôt réussis, tout comme l’usage du décor naturel. Mais bien dans l’écriture, le développement du récit et la caractérisation des protagonistes.

 Jumanji : Bienvenue dans la jungle

Il y a en effet dans l’écriture globale une forme de ringardise que les principes du jeu vidéo (auxquelles le film fait référence sans en comprendre grand-chose) ne peuvent justifier. À l’image du fameux méchant (Bobby Cannavale, qu’on a connu plus convaincant), dont les apparitions inutiles ne font que ralentir le rythme du film. Celles-ci servant uniquement à combler le vide, de la même manière que les tentatives veines d’approfondissement des personnages. Un approfondissement qui empêche ces derniers de dépasser un statut de cliché.

On sent bien que le film voudrait s’amuser des stéréotypes : la jolie adolescente superficielle qui doit apprendre à être moins égocentrique, le geek qui doit s’assumer davantage, l’introvertie qui doit apprendre à exprimer ses sentiments, ou le sportif qui doit se réconcilier avec son meilleur ami. Mais en accordant trop d’importance à ces caractères et à l’impact qu’aura sur eux cette aventure, Jumanji : Bienvenue dans la jungle ne fait que suivre des codes démodés. Tout l’inverse d’un 21 Jump Street, qui au-delà de son humour pour adulte, réutilisait justement les stéréotypes pour mieux les détourner.

Quand les stars du showbiz prennent la place des enfants

Dès lors, difficile de trouver un véritable intérêt à ce qui se résume à de l’amusement assez primaire. Les personnages ayant peu d’intérêt, ils ne parviennent alors à provoquer la moindre empathie. Une absence d'émotion provoquée de même par le choix des acteurs, qui effacent les personnages qu’ils doivent incarner. Éventuellement, Dwayne Johnson parvient à faire vivre Spencer, ce jeune garçon effrayé, dans son corps de brute.

 Jumanji : Bienvenue dans la jungle

Mais que ce soit Karen Gillan en fille sexy peu sûre d’elle, ou Jack Black et Kevin Hart en roue libre, tous semblent oublier le personnage qui leur est associé, privilégiant leur propre personnalité. Kevin Hart, passant par exemple d’un sportif gentillet au personnage comiquo-colérique de service comme il en a l’habitude – à l’instar d'un Chris Tucker en son temps.

Néanmoins, cette comédie d’action sans fond évite tout de même le pire. Capable d’amuser un temps, on regrette l’absence d’épure scénaristique pour offrir une simple comédie d’1h30 (plutôt que 2 heures) davantage assumée. Mais après tout, le film voulant être une remise au goût du jour de Jumanji, il est peut-être normal de le voir incarner les défauts d’une bonne partie du cinéma hollywoodien actuel, et de finir comme beaucoup, en œuvre de consommation aussitôt oubliable.

 

Jumanji : Bienvenue dans la jungle de Jake Kasdan, en salle le 20 décembre 2017. Ci-dessus la bande-annonce.

Conclusion

Note de la rédaction

S’il amuse par certains gags, « Jumanji : Bienvenue dans la jungle » ne parvient pas à se détacher suffisamment de son premier degré pour pouvoir être autre chose qu’une énième production futile à l’écriture superficielle.

Peut mieux faire

Note spectateur : Sois le premier