24h Limit

24h Limit

On tient peut-être avec "24h Limit" un film unique en son genre. En effet, le réalisateur Brian Smrz, malgré des éléments exploitables, transforme une course contre la montre en un film d’un ennui abyssal.

Difficile de débrouiller les différentes intentions de 24h Limit. Avec Ethan Hawke et Rutger Hauer au casting, et une idée qui a fait ses preuves, quelque chose aurait pu arriver. Mais de bout en bout, le film enchaîne les platitudes, les incohérences, avec des ellipses qui plongent le spectateur dans l’incompréhension.

On ne dévoilera rien exposant le scénario. Ethan Hawke, mercenaire en congé indéterminé, se voit rappelé pour une dernière mission (éliminer un lanceur d’alerte) par son employeur -  une très méchante société de sécurité privée type Blackwater. Celui-ci se révèle à l’origine des tourments du héros, à savoir le massacre de sa famille et de nombreux civils. Tué par la garde du corps de sa cible, il est ramené à la vie par un procédé médicale expérimental. Il a alors 24h pour livrer une information cruciale. A priori intéressant, mais a posteriori beaucoup moins.

24h Limit : une grande cascade ratée

Le réalisateur, Brian Smrz, est un ancien cascadeur réputé, récompensé notamment pour Mission : Impossible 2. Et cela se voit beaucoup dans 24h Limit. Les seuls plans presque dignes d’un bref intérêt sont en effet les scènes de combat. Elle sont chorégraphiées dans un style très "John Wick", où les coups de feu sont tirés comme des coups de poing. Mais même dans cette partie où la production semble plus à l’aise, les mauvais choix prennent le dessus.

Tout particulièrement dans une scène, où la négligence condamne définitivement l’ensemble. Alors que le héros fonce au volant d’un 4x4 pour s’encastrer dans un lobby d’immeuble, une trentaine de mercenaires répartis en ligne des deux côtés de la route lui tirent dessus tout le long du parcours... Pour qui a vu le célèbre Ronin de John Frankenheimer, et l’explication de Robert de Niro à Sean Bean sur ce point balistique très précis, cet affront est évidemment de trop.

Mourir n'aura jamais été aussi ennuyeux

Le scénario semble alors secondaire, les lieux visités sont à peine identifiés, et donc même les scènes d'action ne soulagent rien. Dans 24h Limit, puisqu’il n’y a pas d’antidote, la fin est connue. Ce qui exclue tout report sur un quelconque suspense : il n'y en a aucun. Ultime faiblesse de l'ensemble, il y aura bien un retournement au tomber de rideau, aussi prévisible, facile, et je-m'en-foutiste que le reste.

Rien donc pour permettre au film de se sortir du néant. Même pas Ethan Hawke, qui traverse le film sans énergie et abîmé, caricature de lui-même très éloigné de son jeu réel. Ni Rutger Hauer, à l’ouverture du film dans une scène expédiée, puis dans une seule autre scène, le temps de tirer deux coups de feu. La soudaine conscience morale du héros est totalement artificielle, et son adversaire (Paul Anderson) est tout simplement mauvais. De cette débâcle, seule Xu Quing semble s'en tirer, unique personnage réellement digne du film.

Des films de compte-à-rebours, il y en a énormément, dont de très bons films en tout genre. Dans un drame humain très réussi, Spike Lee avait peint avec génie une population new-yorkaise post-09/11 dans La 25ème heure. Autre style, mais modèle contemporain de ce genre d’action, Hyper Tension avec Jason Statham avait stupéfié par son audace et son joyeux délire assumé. 24h Limit se rate lui dans les grandes largeurs, ne parvenant à convaincre ni sur le fond ou la forme. Et sans même donner l'impression de s'en soucier.

 

24h Limit de Brian Smrz, en salle le 17 janvier 2018. Ci-dessus la bande-annonce.

Conclusion

Touche le fond

Raté de bout en bout, "24h Limit" arrachera au mieux un ou deux sourires aux fans d'action, qui en profiteront pour se souvenir des films bien meilleurs auxquels Brian Smrz voudrait se référer.

Touche le fond

Note spectateur : Sois le premier