Sans un Bruit (A Quiet Place) : du silence dépend la survie

Sans un Bruit (A Quiet Place) : du silence dépend la survie

CRITIQUE FILM - D'abord présenté au South by Southwest Film Festival en mars 2018, "Sans un bruit" est sorti aux USA le 6 avril dernier. Originalement appelé "A Quiet Place", le film est une plongée effrayante dans un monde apocalyptique silencieux. Mais que vaut ce film acclamé par la critique outre-Atlantique ?

Sans un Bruit est un film post-apocalyptique, qui dépeint un monde où une poignée de survivants doit gérer sa vie de tous les jours dans le silence, afin d’éviter d’être repérés par des créatures sanguinaires (ultra sensibles au bruit). Nous suivons donc le couple Abbott et ses 3 enfants dans leur "quotidien" pendant 91 minutes de pure adrénaline.

Sois vivant mais tais-toi !

Dans le film, les humains doivent survivre parmi des créatures aveugles, qui communiquent et chassent en émettant des sons étranges. Telles des chauves-souris, elles utilisent l'écholocalisation (sonar), un procédé qui consiste à émettre des sons et à écouter leur écho afin de localiser, voire même d’identifier une proie (plus l’écho est intense plus la proie est grande). Super véloces, les bêtes ne font pas dans la dentelle, et au moindre bruit vous êtes pulvérisé sans sommation !

Le superviseur des effets spéciaux Scott Farrar a créé ces créatures. John Krasinski, le réalisateur, voulait que la créature ait l'air d'avoir évolué pour ne plus avoir besoin d'yeux tout en gardant un côté "humain". Le département de création des créatures a donc tout misé sur les mâchoires assourdissantes et les énormes tympans frémissants, mais le scénario évite d'exposer trop les monstres. Ainsi leur présence suggérée est bien plus effrayante que lorsque nous les voyons à l'écran.

C'est quoi ces bestioles ?

Le premier chapitre du film se déroule au jour 89 (après apocalypse) éludant avec soin la question de savoir comment des aliens, basiquement réduits à des sonars sur pattes, auraient la technologie pour envahir la Terre. Et si ce ne sont pas des aliens, alors c'est quoi ? Des animaux dégénérés ?

En réalité la réponse importe peu, puisque le film fonctionne très bien tel qu'il est, et toute tentative d'explication aurait probablement desservi le film. Le peu de choses que le spectateur sait des créatures vient uniquement des titres de journaux et des notes affichées dans le bureau du personnage de John Krasinski.

Voilà donc les 5 membres de la famille Abbott réduits au silence (et le spectateur aussi par la même occasion).

Le silence est d'or

Survivants grâce au silence, les personnages communiquent par le langage des signes, il a donc fallu que les acteurs l’apprennent à l’aide d’un coach, excepté pour l’actrice sourde Millicent Simmonds qui tient le rôle de Regan, la fille aînée du couple. Les producteurs Andrew Form et Bradley Fuller ont déclaré qu'ils prévoyaient initialement de ne pas fournir de sous-titres à l'écran pour le dialogue en langage gestuel, mais ils ont finalement réalisé que les sous-titres étaient nécessaires (et nous les remercions !).

Ainsi, lors du tournage, il n'y avait aucun bruit sur le plateau, et les sons ont été amplifiés plus tard en studio. Le spectateur est donc plongé dans le monde du silence, pendant de très longues séquences d'une intensité à couper le souffle. Parfois de la musique a été ajoutée pour rappeler au public qu’il s’agit d’un film et non d’une expérience silencieuse !

La perspective de Regan

Pour les scènes vécues de la perspective de Regan, la fille sourde du couple, il n’y a carrément aucun son pour que le spectateur se concentre sur l’image. Et nous voilà vivant et percevant la scène telle que Regan est sensée le faire. La rencontre entre Regan et l'un des monstres dans un champ de maïs est sans conteste l'un des meilleurs moments du film. Prenez-garde si vous êtes cardiaque car le moment de tension est infernal.

Cette scène n'est pas la seule à mettre nos nerfs à rude épreuve, en fait le film est enchaînement de scènes terrifiantes. Il suffit d'un objet qui tombe ou d'un cri qui échappe, et les Abbott se retrouvent face à la menace monstrueuse qui semble ne faire preuve d'aucune pitié. On pense notamment à la scène du silo à grain (ci-dessous), ou encore à celle qui a lieu en milieu humide (vous comprendrez) qui n'est pas sans rappeler Jurassic Park.

Le jeu "muet" d'acteur

Les acteurs n'émettent quasiment aucun son pendant tout le film. Pourtant, ils réussissent à faire passer des émotions d'une grande intensité au spectateur. Ainsi l'angoisse de faire du bruit, la peur des créatures, la douleur (qui donne lieu à des scènes mythiques), la tristesse, l'amour du couple (facile quand on joue avec sa femme Emily Blunt), l'amour de la famille, la rédemption ou encore le pardon, le public reçoit tout cela sans la moindre fausse note. Les acteurs sont très justes, impeccables de bout en bout, il est impossible de les accuser de surenchère (dans le silence ça parait compliquer).

John Krasinski a déclaré que le personnage de Regan était "un peu la princesse guerrière, le mouton noir de la famille". Elle est différente de par son handicap et comme tout bon ado qui se respecte, a des relations conflictuelles avec ses parents, notamment depuis les événements de ce fameux jour 89 (dont on ne dira pas plus).

Plus qu'un simple survival, le film de Krasinski aborde le thème de la protection de la famille, ou comment faire passer les siens avant soi jusqu'à l'ultime sacrifice (si nécessaire). Tirant parfois de grosses ficelles scénaristiques - il est en effet aisé de savoir dès le départ où le film va nous emmener - Sans un bruit n'en demeure pas moins un excellent film de genre qui fait vibrer le spectateur du début à la fin.

Ecrit, réalisé et interprété par John Krasinski, avec Emily Blunt, Millicent Simmonds, Noah Jupe, et Cade Woodward, Sans Un Bruit sortira le 20 juin sur nos écrans. Ci-dessous, redécouvrez la bande-annonce :

Conclusion

Note de la rédaction

"Sans un bruit" nous emmène dans un univers silencieux mais peu tranquille, contrairement à son titre original. John Krasinski réussit un très bon film de genre, nous privant de son et jouant sur l'image. Une épreuve difficile pour les nerfs du spectateur !

Bilan très positif

Note spectateur : 3.95 (1 notes)