Roulez jeunesse : une gentille comédie portée par Eric Judor

Roulez jeunesse : une gentille comédie portée par Eric Judor

CRITIQUE FILM - Premier long-métrage de Julien Guetta, « Roulez jeunesse » est une évolution logique au personnage que s'est forgé Eric Judor avec « Platane » et « Problemos ».

En 2011, avec la création originale Canal+ Platane, Eric Judor s’était construit un personnage d’adulescent irresponsable, égoïste, manipulateur et menteur, voué à se planter autant dans ses projets professionnels qu’avec ses relations. Un personnage peu valeureux, mais drôlissime, et auquel on parvenait tout de même à s’attacher. À défaut d’une troisième saison de Platane (à venir prochainement), c’est avec Problemos, qu’il réalise, que Judor a continué de développer son personnage. Dans un ton similaire, faussement réaliste, il rejoignait une communauté écolo-bobo dont il allait évidemment renverser toutes les valeurs.

Ce type de personnage, qu'incarne donc de manière récurrente Judor (même dans certaines publicités), se retrouve au début de Roulez jeunesse, premier long-métrage de Julien Guetta. Il y joue Alex, un dépanneur de 43 ans qui travaille dans le garage de sa mère. Celle-ci souhaiterait lui laisser les rênes de l’entreprise, mais regrette le manque de maturité de son fils. Ce dernier, justement, se voit un beau jour être embarqué par une jeune femme, et passe la nuit chez elle. Le lendemain, l’inconnue a disparu et lui a laissé sur les bras une ribambelle d’enfants. Alex va devoir s’occuper d’eux en attendant de retrouver leur mère, et conjuguer avec les exigences de son travail.

Eric Judor devient adulte

Comme expliqué précédemment, on retrouve ici ce même type d’hommes qu’incarne à la perfection Eric Judor. Préférant toujours le mensonge à l’honnêteté, et en subissant inlassablement les conséquences. Ou pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Seulement, à plus de quarante ans (43 pour Alex, 49 pour Judor), il serait temps de grandir. Et c’est vers cette évolution que tend le personnage d’Alex. Basculant enfin dans le monde adulte en prenant ses responsabilités. Roulez jeunesse raconte ainsi un passage tardif à l’âge adulte, mais dépeint également un homme complexe, souvent fautif et constamment rabaissé par ceux qui l’entourent. D’une part sa mère, incapable de lâcher son entreprise, et d’autre part Nelly (Laure Calamy), une ex qui en réapparaissant dans sa vie ne manquera pas de le dénigrer dès qu'elle en aura l'occasion.

Roulez jeunesse : gentille comédie portée par Eric Judor

Ce qu’il y a de plus intéressant avec Roulez jeunesse, c’est donc de voir comment un personnage peut devenir l’incarnation des obsessions d’un auteur extérieur (Eric Judor n’est qu’acteur sur le film). Comme si l’acteur et le personnage se répondaient naturellement. Pas sûr alors que sans lui le film aurait eu autant d’intérêt. Car s’il s’avère être une agréable comédie bien tenue dans son ensemble, on pourra regretter dans Roulez Jeunesse une absence d’audace. Convenu, le film ne tente pas grand-chose. Ni en termes de mise en scène, ni dans son scénario assez prévisible.

Évidemment, d’abord peu enclin à devoir s’occuper des enfants qu’il ne connaît pas, Alex va se laisser attendrir et choisira de les aider à retrouver leur mère. Julien Guetta reste alors en surface de certains sujets, comme la dépendance à la drogue ou les foyers pour enfants. De même que cette thématique des garçons propulsés papas a été souvent vue ces derniers temps. Mais en dépit de ce manque d’originalité, on se laisse porté par un beau trio : Judor, dont les qualités d’acteur sont trop peu souvent mises en avant, et les enfants qui l’accompagnent, d’une justesse notable.

 

Roulez jeunesse de Julien Guetta, en salle le 25 juillet 2018. Ci-dessus la bande-annonce.

Conclusion

Note de la rédaction

Sans être inoubliable, "Roulez jeunesse" est une comédie sympathique et agréable dont l'intérêt véritable se retrouve chez Eric Judor et ses précédents rôles.

Sur la bonne voie

Note spectateur : Sois le premier