Fleuve Noir : on a rencontré Vincent Cassel et Romain Duris

À l’occasion de la sortie dans les salles mercredi 18 juillet du film « Fleuve Noir » d’Erick Zonca, nous avons rencontré ses deux interprètes principaux.

Romain Duris et Vincent Cassel font sans aucun doute partie de nos plus grands acteurs français. Après s’être donné la réplique une première fois dans Dobermann de Jan Kounen en 1997, les deux hommes se retrouvent à l’affiche de Fleuve Noir, le polar sombre d’Erick Zonca, adapté du roman Une disparition inquiétante de Dror Mishani.

Au sein de la famille Arnault, Dany, le fils aîné, disparaît. François Visconti (Vincent Cassel), commandant de police usé par son métier, est mis sur l’affaire. L’homme part à la recherche de l’adolescent alors qu’il rechigne à s’occuper de son propre fils, Denis, seize ans, qui semble mêlé à un trafic de drogue. Yan Bellaile (Romain Duris), professeur particulier de Dany, apprend la disparition de son ancien élève et propose ses services au commandant. Il s’intéresse de très près de l’enquête. De trop près peut-être…

INTERVIEW CROISÉE

 

Quel a été votre premier sentiment à la lecture du script ?

Vincent Cassel : J’y ai vu une partition assez délirante à jouer. Un film sombre, mais dans lequel on pouvait bien s’amuser sur le tournage, justement parce que les personnages étaient riches, et que ce qu’on nous demandait à l’un et à l’autre de jouer était quand même assez loin de nous. Ça nous donnait la possibilité d’inventer des personnages.

Romain Duris : Pour ma part, j’y ai vu un personnage proche de la folie, qui se perd un peu, et je n’ai pas souvent joué ce genre de rôle.

Comment avez-vous réagi quand vous avez appris que vous alliez tourner ensemble ?

Vincent Cassel et Romain Duris : On était ravis ! Ça faisait longtemps qu’on voulait se retrouver sur un plateau de tournage, donc c’était l’occasion rêvée.

Qu’est ce qui vous plaît chez ces personnages ?

Vincent Cassel : Ils sont torturés et complexes, c’est assez jubilatoire à jouer.

Romain Duris : Oui et puis, on peut se permettre d’aller loin, et Erick Zonca est friand de ça, quand ça déborde, que ça sort du rail. Il y a le côté physique aussi qui déborde quand les personnages sont un peu extrêmes comme ça. On peut être tout à fait normal et avoir tout d’un coup quelque chose qui vrille.

Crédit photo : Nathalie Mazeas

 

Il y a un gros travail sur le physique de ces personnages. Comment l’avez-vous trouvé et appréhendé ?

Vincent Cassel : On s’est amusé. Quand on fait des films comme ça, il ne faut pas avoir peur du ridicule. En ce qui me concerne, j’ai parfois besoin de passer par là pour aller chercher des choses qui sont loin de moi. C’est une manière de prendre des risques, de s’amuser à chercher des choses nouvelles, dans la gestuelle, dans la voix, ou même dans la silhouette, qui puissent correspondre à la texture de ce genre de personnage.

Est-ce plus facile de préparer un rôle en lisant le roman dont il est adapté ?

Romain Duris : Pour ce rôle loin de moi, le fait de lire le roman m’a aidé à donner plus de texture à ce personnage, à en apprendre plus sur lui avec des détails non présents dans le script. Ça m’a beaucoup aidé par exemple à l’appréhender dans les silences.

Vincent Cassel : Le problème des adaptations c’est qu’elles sont souvent à côté de la plaque car il manque beaucoup de choses. Et lire le livre avant dans ces conditions risque de compliquer le travail du réalisateur, car on va ramener des détails qu’il a volontairement choisi d’omettre dans le script. Mais sur ce film là, je ne me suis même pas posé la question car je n’ai pas du tout eu le temps de lire le roman. Je ne devais même pas jouer ce rôle, il était pour Gérard Depardieu, mais il n’a pas pu le faire. Je suis arrivé à la dernière minute donc j’ai travaillé mon rôle seulement avec le script.

Crédit photo : Nathalie Mazeas

 

Il y a un climat très pesant lorsqu’on regarde le film. L’avez-vous ressenti déjà au moment du tournage ?

Romain Duris : Moi j’ai surtout senti beaucoup de jeu. Même si on jouait des choses sérieuses et parfois proches d’une réalité difficile, ça n’a jamais pris le pas sur le plaisir du jeu qui nous permettait parfois d’aller très loin. Disons que c’était une exploration qui ne me faisait pas peur.

Quelle a été votre première réaction lorsque vous avez vu le film pour la première fois ?

Vincent Cassel : Je me suis dit que c’était un film sombre par le propos mais que le numéro d’acteurs était assez jouissif à regarder. Je pense que les gens seront surpris de nous voir tous les deux dans cet état (rires). Je trouve qu’il y a quelque chose de ludique dans la manière dont c’est fabriqué mais avec un propos dur. C’est un vrai film noir.

 

Propos recueillis à Paris par Chloé Valmary.