Galveston : Mélanie Laurent réussit son pari américain

Galveston : Mélanie Laurent réussit son pari américain

CRITIQUE FILM - On connaissait Mélanie Laurent sensible, auteure de sublimes drames intimistes sur les relations humaines. On ne l'attendait absolument pas sur un thriller noir adapté du créateur de True Detective. Et pourtant Galveston est la preuve que la frenchie a plus d'une corde à son arc.

Les amateurs de True Detective connaissent bien le penchant de Nic Pizzolatto, le showrunner, pour les personnages torturés et violents à la recherche de rédemption . À la parution de son roman, Galveston, il y a quatre ans, soit juste après la première saison de la série, les fans avaient d’ailleurs relevé de nombreuses similitudes entre le personnage empreint de nihilisme de Rust Cohle interprété par Matthew McConaughey dans la série, et celui de Roy, le héros du roman, campé par Ben Foster dans le long-métrage.

En s’attaquant à Pizzolatto, Mélanie Laurent avait dans les mains tous les ingrédients pour réaliser un thriller noir nerveux et violent, un genre dans lequel on ne l’attendait pas vraiment.

Après avoir mis en scène des drames intimistes, force est de constater que Mélanie Laurent sait parfaitement s’adapter à l’univers sombre et poisseux de Nic Pizzolatto. Avec Galveston, elle prouve qu’elle n’est pas seulement capable d’écrire des personnages complexes, mais également de mettre en scène un film de genre violent, dans lequel peu de femmes réalisatrices s’aventurent.

Galveston est un film court d’à peine 90 minutes. Alors dès l’introduction, la caméra de Mélanie Laurent nous plonge sans ménagement dans l’existence violente de Roy, un petit malfrat en phase terminale d’un cancer, qui va s’échapper d’un guet-apens en compagnie de Rocky, une jeune prostituée paumée interprétée par Elle Fanning.

Ces deux âmes torturées et abîmées par la vie vont se croiser au détour d’une séquence d’une très grande violence, filmée au cordeau par Mélanie Laurent, qui va suivre au plus près le personnage de Roy déambuler en distribuant des coups, jusqu’à croiser le regard enfantin de Rocky, qui rappellera à Roy que son existence mérite encore un dernier voyage.

Traitée en simple objet dans le roman de Pizzolatto, Rocky gagne en profondeur sous la plume de Jim Hammett, le scénariste du film, et surtout à travers la caméra de Mélanie Laurent, qui la filme avec énormément de pudeur et de sensibilité. La réalisatrice française sait quels leviers actionner pour déclencher l’émotion exacte chez ses acteurs pour venir bouleverser le spectateur sans jamais tomber dans le pathos. Le duo Ben Foster / Elle Fanning fonctionne à merveille et y est pour beaucoup dans la réussite du film. Il permet de donner toute l’ampleur nécessaire à ces deux personnages complexes pour entraîner le spectateur dans les méandres de l’existence humaine. La dernière séquence du film, dont nous ne dévoilerons évidemment pas le contenu, risque de nous hanter encore longtemps.

 

Galveston de Mélanie Laurent, en salle le 10 octobre 2018. Ci-dessus la bande-annonce.

Note de la rédaction

Avec Galveston, Mélanie Laurent réussit avec brio son entrée à Hollywood. Elle insuffle une sensibilité au matériau original de Pizzolatto, tout en nous étonnant avec sa mise en scène chirurgicale.

Note spectateur : Sois le premier