Entretien avec Pierre Sachot président de l'association de Gérardmer

Entretien avec Pierre Sachot président de l'association de Gérardmer

Cette année le Festival international du film fantastique de Gérardmer fête ses 25 ans. Retour sur l'aventure avec Pierre Sachot, président de l'association du festival depuis sa création.

Depuis ce mercredi 31 janvier les adeptes du cinéma fantastique se sont donnés rendez-vous à Gérardmer, commune française du nord-est de la France, désormais bien connue pour son festival. En vingt-cinq ans d’existence, le festival a vu sa réputation grandir. Pourtant, à ses débuts, certains n'y croyaient pas tellement. Heureusement, ce n'était pas le cas de Pierre Sachot, président de l'association du festival qui a bien voulu nous offrir un tour d'horizon de ce lieu désormais incontournable pour les cinéphiles.

 

Comment est né le festival ?

Le festival a débuté en novembre 1993, avant il était à Avoriaz. Quand on s'est lancé dans l'aventure avec deux copains, on n'y connaissait rien. On avait juste à peu près ce qu'il fallait pour boucler un budget. Et quand on a terminé le premier on nous a dit qu'on verrait jamais le deuxième. Depuis, on a fait beaucoup de connaissances, et maintenant on en est à la 25e édition. Il a toujours été géré par une association, donc par des bénévoles. Ils sont 60 à 70 dans l'association, et pendant le festival ça monte à environ 600 sur le terrain. C'est important, parce que c'est un lien social important. Et surtout il n'y a pas que des gens de Gérardmer, les gens viennent des environs et reviennent régulièrement.

 

Et par rapport à la commune ?

On fait en sorte d'impliquer tout ce qui est culturel à Gérardmer, que ce soit la médiathèque, la bibliothèque, la maison de la culture, la ludothèque... Par exemple, on a un concours de nouvelles fantastiques. Cette année on a battu notre record avec plus de 90 réponses.

 

L'évolution ?

La première année le festival se centrait uniquement sur des films, comme un festival de cinéma normal. Le problème, c'est que beaucoup de films sont interdits aux moins de 16 ans. Et comme il s'agit souvent d'avant-première pour des films qui n'ont pas encore de distributeurs et donc pas de visa de censure, les familles ne pouvaient pas participer au festival. Donc ensuite on a décidé de mettre autour du cinéma des animations : des expositions, des animations dans les écoles, des spectacles en tous genres... Ce qui nous a permis d'ouvrir le festival à tout le monde.

 

A l'étranger ?

On a l'avantage à Gérardmer d'être dans une zone frontalière, proche de la Suisse, l'Allemagne, du Luxembourg, et de la Belgique. Ce qui se ressent dans notre public. Donc il a une certaine reconnaissance dans les pays près de chez nous. Maintenant pour l'étranger plus lointain, on a beaucoup d'articles de presse de journaux étrangers qui parlent de Gérardmer, ce qui montre une certaine valeur.

 

Parmi les films à Gérardmer plusieurs ont déjà été présentés à Toronto.

Que les films présentés à Toronto viennent ensuite à Géradmer ce n'est pas du tout un problème. Ça nous empêche pas d'avoir beaucoup de films en avant-première. Il y a quand même 47 films avec les courts et les longs-métrages ce qui fait 110 projections et 40000 entrées dans les salles pendant ces cinq jours. Et il y a même des films qui font le chemin inverse en commençant chez nous.

 

Avant d'obtenir ces 47 films, combien sont visionnés.

Ça c'est l'équipe du Public Système qui voit un peu plus de 300 films. Le festival s'arrête le dimanche, puis ils partent et visionnent régulièrement des films et les sélectionnent au fur et à mesure. Il faut alors correspondre aux critères du festival. Mais aussi voir si les producteurs acceptent de le mettre en avant-première, en compétition... Ce qui prend évidemment du temps.

 

Pour les critères, y a-t-il des interdits ?

Il n'y a pas d'interdits si c'est du fantastique. Mais forcément, c'est la qualité artistique qui prime.

 

Gérardmer a-t-il un rôle à jouer pour l'avenir d'un film ?

C'est compliqué de répondre. Mais je pense que quelque part oui. Ne serait-ce que pour les acteurs et les réalisateurs présents. Quand ils sont dans la salle, que leur film est visionné, ils ont une réponse immédiate de la part du public. Par exemple à l'ouverture pour Le Secret des Marrowbone, le film s'est fait applaudir. Quand on a cette réaction de la part d'une salle de 700 places, ça remonte le moral et c'est bien pour toutes les personnes qui ont travaillé à ce film.

 

Vous avez une anecdote en 25 ans de festival ?

Je ne vais pas vous dire qui mais, il y a quelques années, il est arrivé quelque chose à un membre du jury. Son épouse avait pour habitude de prendre une gélule rouge et avant d'aller à une séance, elle l'a laissée près de chocolats sur une table. Quand ils sont revenus, il n'a pas fait attention et la prise en même temps qu'un chocolat. Il s'est retrouvé avec la bouche toute rouge et comme c'est un Américain, il s'est dit qu'on avait voulu l'empoisonner. Du coup j'ai dû téléphoner au chocolatier pour vérifier, on a fait venir un médecin, c'était la panique. Finalement le soir, son épouse a fini par se souvenir que c'était à elle.