A Cannes, un teen-moovie peut en cacher un autre

A Cannes, un teen-moovie peut en cacher un autre

Ca commence comme un teen-moovie américain, il y a des maisons avec pelouse, toutes pareilles, des ados en jean, un casque sur les oreilles, on cherche le serial-killer ou quand va débouler le tueur masqué mais on est dans l'Essonne et c'est Simon qui a disparu, pas Steve ou Lindsay.
Dans Simon Werner a disparu..., présenté à Cannes en sélection officielle dans la section Un Certain Regard, le jeune réalisateur français Fabrice Gobert, dont c'est le premier film, joue avec dextérité de divers genres.

Jérémy (Jules Pelissier), Alice, Frédéric et pleins d'autres sont dans la même classe de terminale. Un jour Simon (Laurent Delbecque) disparaît, puis Laetitia (Selma el Mouissi) quelques jours après... L'histoire est racontée du point de vue de chacun des protagonistes, l'un après l'autre. Un corps est retrouvé, une cabane inquiétante découverte dans les bois voisins, des traces de sang dans un labo du lycée. L'épouvante est proche. Il est sûr le téléphone va sonner et une voix sinistre demander, comme dans Scream, "quel est ton film d'horreur préféré ?".

Chacun raconte sa version, échafaude des hypothèses, ruine la réputation de l'un ou de l'autre. "Ils se font tous leur film", résume Fabrice Gobert dans les notes de production de son long métrage. Pourtant un autre film a débuté dès le début. Celui, plus français, des amours adolescentes qui font la ronde entre les différents personnages. Jérémy rêve d'Alice qui aime Simon qui embrasse Clara etc. On se rapproche d'une autre tradition dont les parrains seraient Eric Rohmer ou, plus récemment, Christophe Honoré.

Dans ce carrousel, il y a aussi Rabier (Arthur Mazet) qu'on n'appelle jamais par son prénom. Tête de turc de ses copains et méprisé par les filles, il tient bon mais pleure aux toilettes. L'histoire semble avoir définitivement délaissé le teen-moovie américain pour d'autres rivages encore plus psychologiques.
Et puis d'un coup, tout se dénoue. Un enterrement réunira tous ces ados vêtus de noir pour la circonstance. La cérémonie finie, ils se retrouveront au café. Les larmes sècheront, les sourires reviendront, des couples se formeront.

L'ensemble du film est légèrement décalé dans le temps, ce qui ajoute à l'étrangeté des images. Nous sommes aux début des années 1990, si proches, si loin de nous, quand il n'y avait ni internet, ni portable, ni DVD pour distraire les adolescents. Reste la musique, spécialement composée par le groupe américain Sonic Youth pour le film, à la fois d'hier et de maintenant. Tout comme les discrètes évocations de "Noir désir".

En lice pour la Caméra d'or du meilleur premier film décernée à Cannes, Simon Werner a disparu... sortira en salles en septembre.

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(20 mai 2010)

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