As I Lay Dying : une question de point de vue...(Test DVD)

As I Lay Dying : une question de point de vue...(Test DVD)

Pour l'hyperactif d'Hollywood, faire ce film était un défi, mais aussi un hommage. Un hommage à son père qui lui a offert le livre de William Faulkner "Tandis que j'agonise" et qu'il a voulu suivre à la lettre, en être le plus fidèle possible. Une dimension très marquée dans les bonus du DVD où l'on se rend compte que le livre de William Faulkner est devenu un personnage à part entière.

Certains diront qu'adapter du Faulkner est impossible, d'autres diront encore que ce film est le reflet même du roman, les avis seront donc partagés mais soyons objectif. Pour cette réalisation ardue, James Franco a mis les petits plats dans les grands en usant à foison le système des contre-champs.
Pour caractériser son point de vue il accorde une séquence confession à ses personnages et pour ne pas perdre une miette de la situation, il décide de mettre en place un double point de vue : la scène où James Franco entre dans la chambre de sa mère malade où on a alors le point de vue de James Franco qui voit sa mère couchée, puis crûment juxtaposée, le contre champ de la mère qui voit son fils se tenir dans l'encadrement de la porte. Un choix qui donne le tournis mais qui offre au spectateur l'opportunité de saisir la gravité de la situation et au combien elle affecte tous les personnages.
Et parlons de ces personnages, même si le film est signé James Franco, le Californien n'a pas cassé sa tirelire pour s'offrir un casting dernier cri. Non, il a séduit par un scénario travaillé, une ambition à toute épreuve, et ce sont finalement des acteurs que l'on ne voit que trop rarement chez nous qui envahissent l'écran et le crèvent par leur charisme et leur jeu tout en retenue.
Mais hélas, cela ne suffit pas au spectateur pour accrocher l'intrigue. Bien que ce voyage dans le temps offre bien des réflexions, sur une image très soignée et léchée, le temps passe très lentement devant As I Lay Dying.
En plus des accents fermiers très prononcés qui frôlent la caricature, les scènes de confession où le spectateur est face au personnage, à le regarder dans le blanc des yeux, sont simplement insupportables. Oui, il faut le dire, en plus de ne pas comprendre l'utilité de ces séquences (que James Franco avoue dans le making-of avoir piqué à la télé-réalité…), la gravité, la neutralité et le ton des acteurs mettent carrément l'audience mal à l'aise. Le défi était de taille pour James Franco qui, à trop vouloir bien faire, s'est quelque peu cassé les dents en appuyant la carte du pathos morbide et macabre. A trop bien faire, il livre finalement une caricature de l'Amérique profonde, inculte, limitée voire même primitive, et sans coeur qui nous plonge dans une dimension inconnue et dont on a envie de sortir et très vite.
Peut mieux faire Mr. Franco.

L'histoire de As i lay dying :
Après le décès d’Addie Bundren, son mari et ses cinq enfants entament un long périple à travers le Mississippi pour accompagner la dépouille jusqu’à sa dernière demeure.

Anse, le père, et leurs enfants Cash, Darl, Jewel, Dewey Dell et le plus jeune, Vardaman, quittent leur ferme sur une charrette où ils ont placé le cercueil. Chacun d’eux, profondément affecté, vit la mort d’Addie à sa façon. Leur voyage jusqu’à Jefferson, la ville natale de la défunte, sera rempli d’épreuves, imposées par la nature ou le destin. Mais pour ce qu’il reste de cette famille, rien ne sera plus dangereux que les tourments et les blessures secrètes que chacun porte au plus profond de lui.

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Lysiane Tréguier (20 février 2014)