Astérix découvre la troisième dimension chez Spirou

Astérix découvre la troisième dimension chez Spirou

Conquérir la "3D" --le cinéma en relief-- est le prochain défi que s'est fixé l'irréductible Gaulois Astérix, héros d'un ambitieux long-métrage d'animation en cours de réalisation en Belgique, dans la maison d'édition qui a vu naître Spirou.

Maniant avec dextérité sa souris d'ordinateur, un dessinateur arrondit le nez d'Obélix. Sa voisine fignole le casque perdu par un Romain dans une bagarre, tandis qu'un autre esquisse un groupe d'esclaves.
Concentrés sur leur écran, une vingtaine de professionnels, pour la plupart des Belges et des Français âgés de 30 à 40 ans, travaillent dans un vaste studio implanté à Marcinelle, près de Charleroi, dans une ambiance à la fois décontractée et studieuse.

" Créer un tel film prend un temps de dingue ", témoigne Benoît Feroumont, le responsable de l'équipe. " Il faut entre une heure et une demi-journée pour finaliser la pose d'un personnage ", précise-t-il à l'AFP.

Les délais sont serrés car Astérix, Le domaine des dieux est attendu sur les grands écrans le 26 novembre 2014, selon M6 Studio, son principal producteur.

Le film est basé sur l'album du même nom, le 17e de la série créée par René Goscinny et Albert Uderzo. Son adaptation cinématographique, la première à utiliser la technique de l'image en relief, a été confiée au Français Alexandre Astier, l'auteur remarqué de la série humoristique Kaamelott, et sa réalisation à Louis Clichy.

" Notre ambition est de créer un film à l'esprit européen, celui de la BD franco-belge, qui mette en valeur nos gestes et nos expressions typiques. Il s'agit d'être différents de ce que font déjà très bien Pixar ou DreamWork ", les géants de l'animation américaine, explique Benoît Feroumont.

Près de 60% de l'animation est réalisée dans les locaux de la vénérable maison Dupuis (filiale du groupe français Média-Participations), l'éditeur de grands noms de la BD comme Spirou, Michel Vaillant, Boule et Bill ou encore Kid Paddle.

Depuis son siège historique de Marcinelle, Dupuis a été l'un des premiers acteurs de l'édition à se diversifier dans la production audiovisuelle avec la maison de production Belvision et les studios d'animation DreamWall, fondés en 2007 avec la RTBF.

" Aujourd'hui, une société comme Dupuis ne peut pas se contenter de ne faire que de la BD. Il faut passer de la seule activité d'éditeur à celle d'un producteur multi-plateformes qui ajoute la télévision, l'internet ou les jeux vidéo ", précise Léon Perahia, directeur de Dupuis Audiovisuel.

La Belgique attire les tournages

Astérix, Le domaine des dieux est le contrat le plus important jamais obtenu par DreamWall, puisqu'il s'élève à 6,4 millions d'euros pour un budget total de 30 millions.

Il le doit en partie à la politique volontariste suivie par la Belgique pour attirer les tournages. Très apprécié par les professionnels, le mécanisme dit du "tax shelter" permet aux sociétés de production de bénéficier d'une exonération fiscale de 150% du montant investi dans une oeuvre audiovisuelle.

" S'il n'y avait pas les soutiens publics belges, des films tels qu'Astérix seraient plus difficiles à monter ", reconnaît Léon Perahia, pour qui le tax shelter a " permis au secteur audiovisuel belge de se renforcer ".

De fait, le royaume a accueilli ces dernières années de nombreux tournages de films français, comme L'Écume des jours ou La French, qui ont contribué à accroître de près de 25% l'emploi dans la production audiovisuelle locale.

Après l'étape belge, Astérix, Le domaine des dieux sera terminé et monté en France, où il sera doublé par des voix familières, comme celles de Roger Carel, Alain Chabat ou Elie Semoun.

Le film en 2D et 3D du petit Gaulois, dont le dernier album "Astérix chez les Pictes" fait un malheur en librairie, se lancera alors à l'international. "Les choses se présentent bien puisqu'il a déjà été vendu dans de nombreux pays", se félicite Léon Perahia.

(15 Novembre 2013 - Relax News)