Cannes 2018 : premier signataire d'une charte de parité femmes-hommes dans les festivals

Cannes 2018 : premier signataire d'une charte de parité femmes-hommes dans les festivals

Le Festival de Cannes et ses sections parallèles, la Quinzaine des réalisateurs et la Semaine de la critique, ont été les premiers signataires lundi d'une charte en faveur de la parité femmes-hommes dans les festivals de cinéma, à l'initiative de le collectif 50/50 pour 2020.

A travers cette charte, qui sera proposée à tous les festivals internationaux, le Festival s'engage notamment à "rendre transparente la liste des membres des comités de sélection et programmateurs" pour "écarter toute suspicion de manque de diversité et de parité", selon le texte signé par les responsables de la manifestation, en présence du jury de la 71e édition présidé par l'actrice australienne Cate Blanchett.

A l'initiative du mouvement 50/50 pour 2020 (pour une parité femmes-hommes en 2020), la charte a été paraphée par Thierry Frémaux, délégué général et sélectionneur du Festival de Cannes, Paolo Moretti, prochain délégué général de la Quinzaine des réalisateurs, et Charles Tesson, délégué général de la Semaine de la Critique.

Les signataires de la charte s'engagent aussi à "genrer" les statistiques pour les films soumis à sélection "afin d'accompagner le mouvement avec des données certaines".

La charte leur demande encore "un calendrier de transformation des instances dirigeantes des festivals pour parvenir à la parfaite parité". Elle n'impose en revanche pas de quotas en termes de réalisatrices sélectionnées par exemple.

Samedi, 82 femmes du 7e art, dont Cate Blanchett, la présidente du jury, et la réalisatrice française Agnès Varda, ont réclamé "l'égalité salariale" dans le cinéma, lors d'une montée des marches inédite et 100% féminine, temps fort de cette première édition cannoise depuis le scandale Weinstein.

Après l'affaire Weinstein, on espère que Cannes permettra de renforcer l'idée que le monde n'est plus le même, que le monde a changé et doit encore plus changer

a souligné Thierry Frémaux à l'issue d'un colloque sur la parité présidé par la ministre de la Culture Françoise Nyssen.

Nous devons interroger nos propres pratiques, nos habitudes et notre histoire : une seule femme Palme d'or et 82 réalisatrices seulement en sélection. C'est le reflet d'une situation statistique qui dure depuis Alice Guy, première femme réalisatrice

a ajouté le délégué général. Le collectif 50/50 pour 2020 a été créé par l'association Le Deuxième regard, constituée de 300 personnalités dont les cinéastes Tonie Marshall et Bertrand Bonello, et les acteurs Adèle Haenel, Léa Seydoux et Pierre Deladomchamps, des producteurs et distributeurs.

De son côté, Françoise Nyssen a annoncé l'organisation en juin des "Assises de l'égalité femmes-hommes dans le cinéma".

J'ai décidé d'agir, d'actionner tous les leviers qui sont à ma portée, sans attendre, pour agir contre des réalités qui sont indignes de notre modèle culturel, de notre modèle de société

a souligné la ministre de la Culture. Ces assises devront dégager des mesures concrètes autour de six axes majeurs : formation, égalité salariale, prévention du harcèlement, accès aux postes de direction, lutte contre les stéréotypes et promotion de la parité par la régulation.

L'objectif est de parvenir à une charte de l'égalité entre les femmes et les hommes dans le cinéma signée par les professionnels. L'adhésion à cette charte sera une condition d'attribution des aides du CNC (Centre national du cinéma)

a ajouté la ministre qui propose aussi système de "bonus" pour les films dont les équipes sont exemplaires en matière de parité. Mme Nyssen a également annoncé la "création d'un fonds de dotation pour soutenir de jeunes réalisatrices du monde entier", fonds qui sera alimenté par des fonds publics et des mécènes.