Cité du cinéma : la Cour des comptes évoque un éventuel détournement de fonds publics

Cité du cinéma : la Cour des comptes évoque un éventuel détournement de fonds publics

La Cour des comptes critique, dans une "note confidentielle", le financement de la Cité du Cinéma créée par Luc Besson, évoquant des soupçons de "détournement de fonds publics", écrit samedi Le Parisien.
Le quotidien précise que ce rapport a été transmis "à la justice" et se trouve sur le bureau de la garde des Sceaux, Christiane Taubira.

Dans un communiqué, Europacorp, la société de M. Besson s'est déclarée "très surprise" et "s'indigne de cette mise en cause indue".

" EuropaCorp n'a eu aucune connaissance d'un éventuel rapport de la Cour des comptes. Elle n'a d'ailleurs été interrogée par personne ", écrit le groupe de Luc Besson.

La Cour des comptes et le ministère de la Justice, interrogés par l'AFP, n'ont pas souhaité faire de commentaire. Aucune confirmation de ce signalement n'avait non plus pu être obtenue samedi auprès des parquets de Bobigny (Seine-Saint-Denis) et de Paris, compétent en matière de délits financiers.

Les concepteurs de la Cité du Cinéma, ouverte en septembre 2012, affichaient l'ambition d'en faire un "Hollywood à la française", le complexe permettant la production en France de films de A à Z.

Selon Le Parisien, les juges financiers affirment que " le financement public de la Cité du cinéma, décidé par quelques hauts responsables publics (...) a été effectué pour permettre l'aboutissement du projet qu'une société privée portait pour son bénéfice, le caractère général du projet restant à démontrer ".

Dans cette note la Cour des comptes insiste sur le " souhait de la présidence de la République ", pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, de voir le projet "aboutir". "La proximité de M. Besson et de certains de ses collaborateurs avec les plus hautes autorités de l'État a pu favoriser une intervention concertée des acteurs publics", ajoute-t-elle, soulignant que le directeur général Europacorp, Christophe Lambert, avait " travaillé auprès de Nicolas Sarkozy pendant la campagne de 2007 ".

On rappelle par ailleurs que l'ancienne conseillère de Nicolas Sarkozy à l'Elysée, Emmanuelle Mignon, avait été embauchée par Europacorp en juillet 2010 comme secrétaire générale et quitté le groupe en janvier 2012 pour réintégrer le Conseil d'État.

" Les conditions de montage et de financement de l'opération (...) sont susceptibles de caractériser le délit de détournement de fonds publics et de recel de ce délit ", affirment les auteurs de la note citée par Le Parisien.

" Il est à rappeler Europacorp n'a bénéficié d'aucune aide financière publique d'aucune sorte pour sa réalisation ", souligne de son coté le groupe.

Europacorp a rappelé que la Cité du cinéma a été financée par un partenariat public-privé (La Caisse des Dépôts et le Groupe Vinci) et c'est ce modèle de financement qui a permis sa réalisation - sans l'intervention financière de la Seine-Saint-Denis ".

Le montage financier de la Cité du cinéma avait été bouclé en 2008 : 170 millions d'euros, dont 140 millions pour l'achat du foncier, détenu à 100% par la société Nef-Lumière (75% la Caisse des dépôts, 25%Vinci) et 30 millions pour la construction des plateaux de tournage via différentes sociétés de Luc Besson et Quinta communications, le groupe du producteur et homme d'affaires tunisien, Tarak Ben Ammar.

Installée dans une ancienne centrale thermique à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), la Cité du cinéma avait été inaugurée en septembre 2012 en l'absence remarquée de la ministre de la Culture Aurélie Filippetti, accusée à l'époque d'avoir "séché" la réception.

" Aurélie Filippetti avait été vivement critiquée l'an dernier pour ne pas être allée à l'inauguration, aujourd'hui l'histoire semble lui donner raison ", déclare une source proche du dossier en évoquant " des soupçons d'intervention du cabinet de Sarkozy " qui avait " tordu le bras des services de la Caisse des dépôts et des consignations " (CdC).

" EuropaCorp déplore que cette magnifique réalisation soit prise en otage pour des règlements de compte politiques ", selon le groupe " qui ne saurait tolérer que de telles mises en cause soient proférées sans qu'il y soit donné les réponses judiciaires appropriées ".

Augustin de Romanet, patron de la CdC de 2007 à 2012 a de son coté déclaré au Parisien assumer "à 100%" avoir poussé ce qu'il considérait comme "un projet d'intérêt général".

(16 Novembre 2013 - AFP)

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