Le journaliste, longtemps présentateur du JT d’Antenne 2, puis cinéaste et écrivain Bernard Rapp est décédé jeudi 17 août à l'âge de 61 ans, des suites d’une "longue maladie"… C’est France 2 qui annonçait la triste nouvelle hier soir, en ouverture de son journal de 20 heures.
A la fois élegant et anti-confirmiste, Bernard Rapp était avant tout journaliste, de terrain d’abord, puis présentateur ensuite. Il marquât à ce titre l’information télévisée des années 80. Son refus de céder au "sacro-saint audimat" l'empêcha de mener aussi loin qu'il l'aurait voulu certains projets. Sa distinction toute "british" faisait de lui une personnalité très attachante, qui manquera dans le paysage audiovisuel.
"Saint Audimat, priez pour nous", ironisait en 1993 cet homme, aussi affable et bon professionnel qu'incontrôlable, acerbe dans ses critiques d'un système qui selon lui dérapait, mais dont il ne pouvait ni ne voulait s'écarter.
Né à Paris le 17 février 1945, Bernard Rapp obtient une licence de droit et le diplôme de l'Institut français de presse. C'est comme pigiste, dans le quotidien de gauche aujourd'hui disparu Combat, puis dans Le Monde qu'il se lance dans le journalisme. Rapidement, il est séduit par la télévision, et il séduit la télévision. Il entre à Antenne 2 – aujourd’hui France 2 - le 1er juillet 1976 en tant que grand reporter pendant cinq ans, avant d'être correspondant à Londres de 1981 à 1983.
Il présenta, avec brio, le journal télévisé de 1983 à 1987. Son ton direct et son regard rieur, presqu'ironique, plaisaient. Mais il fit aussi scandale lorsque, brisant un tabou, il dit la "grand messe" du 20 heures, le 18 mai 1986, sans cravate. "Je n'étais tout de même pas en caleçon", se défendit-il.
Puis, pendant quelques années, ce sera "L'assiette anglaise", émission de rencontres et d'entretiens décontractés, mais jamais complaisants, chaque samedi en direct du Saint James Club de Paris, un bar anglais. Peu à peu, la littérature et le cinéma le happent, mais comme journaliste d'abord. Il présente une émission littéraire de haute tenue, "Jamais sans mon livre".
C'est ensuite au cinéma qu'il se donne avec réussite. Scénariste de L'eau et les hommes, réalisé par Pierre Willemin, il passe rapidement derrière la caméra et signe Tiré à part, en 1997, Une affaire de gout (2000), avec Bernard Giraudeau, qui lui vaudra le grand prix Cognac 2000, Pas si grave avec Romain Duris (2002) et Un petit jeu sans conséquence avec Sandrine Kiberlain, Yvan Attal, Jean-paul Rouve et Marina Foïs (2004).
Bernard Rapp est également l'auteur de plusieurs livres dont un "Itinéraire Angleterre, Pays de galles, Ecosse" et un inventaire à la Prévert consacré aux objets mythiques de l'Empire britannique "Quality, objets d'en face". Il est également le co-auteur du Dictionnaire Larousse des films.
A.C. (18 août 2006 - Avec AFP)