Plage, vent doux, (ciel gris), et cinéma britannique … A deux heures de Paris en train, se déroule actuellement, et jusqu’au dimanche 1er octobre, le 28e Festival du Film Britannique de Dinard (Bretagne).
Si en début de mois les festivités du cinéma américain de Deauville n’ont pas ravi les spectateurs à cause de la météo, des nouvelles restrictions d’accès ainsi qu’une qualité de films en dessous de l’année précédente, le Festival de Dinard se présente comme un concurrent très sérieux.
Dans cette petite ville bretonne d’environ 10 000 habitants, cette fin septembre est rythmée par la projection de dizaines de films britanniques. Certains sont en compétition, prêts à tenter de décrocher le prix attribué par le Jury ou celui décerné grâce aux votes du public. D’autres sont simplement projetés en avant-première. Enfin, dans le cadre d’hommages à des personnalités 100% Great Britain, le festival propose également des rétrospectives sur certains artistes. Cette année, c’est le cas pour l’acteur Jim Broadbent (Moulin Rouge, Le Journal de Bridget Jones, La Dame de Fer, Cloud Atlas), du comédien et cinéaste Phil Davis (Vera Drake, I.D. ) et du réalisateur Christopher Smith (Black Death, Triangle).
Ce jeudi 28 septembre 2017 les différentes salles de projections de Dinard accueillent les cinéphiles qui préfèrent profiter d’une sélection de films que des quelques rayons de soleil quasi-légendaires en Bretagne ! Aujourd’hui, les réalisations montrées en compétition sont England is Mine, Jawbone, Une prière avant l’Aube, Seule la terre, ainsi que Daphne. Nous avons pu assister à la projection de ce dernier.
Daphne est un film de Peter Mackie Burns. Il met en scène Emily Beecham dans le rôle d’une jeune femme a priori pleine de vie et de caractère … mais un jour, elle assiste à une scène de braquage qui tourne mal. Malgré sa résistance et sa neutralité face à de tels événements, son intérieur est totalement chamboulé. Daphne trace le suivi d’une femme qui, suite à un choc, essaie de se connaitre et de déterminer quelle est sa véritable identité. Parfait hybride d’une Bridget Jones et d’une Amélie Poulain façon trash, elle permet à Peter Mackie Burns de proposer un film se questionnant sur la solitude, la confiance en soi mais aussi les addictions sous toutes ses formes (drogues, sexe, alcool, …). Cette réalisation souffre malheureusement d’une trame scénaristique trop pauvre mais elle reste tout de même globalement agréable et prenante.
19h00, le soleil se couche, les passants désertent les rues pour s’approcher du tapis rouge du Casino de Dinard. « On attend qui ? » entend-t-on d’une touriste tandis que des fans attendent bras tendus par-dessus le filet de sécurité, prêts à décrocher un autographe. Il est l’heure du cocktail et de la cérémonie d’ouverture du Festival bien que des projections aient eu lieu hier, alors que la presse et les invités n’étaient pas au complet. A l’intérieur du Casino, Monsieur le Maire explique à quel point le Festival du Film Britannique est important pour le bon fonctionnement de sa ville. Puis il passe la parole à Hussam Hindi, le directeur artistique du Festival. Lui, fait quelques blagues sur la différence entre l’élégance anglaise et le chic à la française. Un rétro projecteur montre alors une tasse de thé, allégorie de la Grande Bretagne. Pour la France, apparait une photo de Gérard Depardieu, le nez littéralement plongé dans un verre de vin. La foule rigole, l’ambiance est bonne. Le public est chauffé, il est désormais l’heure d’accueillir les vedettes. Jim Broadbent est appelé le premier sur l’estrade, suivi de Christopher Smith et Phil Davis. Le jury court métrage sont ensuite présentés, et vient enfin le jury de la compétition long métrage. Nicole Garcia, qui en est la présidente, est fière d’appeler un à un chaque membre sur scène. Le jury est composé de plusieurs personnalités telles que Vincent Elbaz, Clémence Poesy ou encore Roger Allam.
Après les différents discours, le Festival est officiellement lancé et la suite des festivités se passe à l’Émeraude Cinémas. Là, Confident Royal a été choisi comme film d’ouverture. Et quel choix logique ! Ce long métrage de Stephen Frears (Les Liaisons dangereuses, Philomena) nous plonge dans les plus vieilles traditions anglaises en mettant en scène la Reine Victoria et sa cour. L’histoire de Confident Royal est inspirée de faits réels. La Reine s’était prise d’amitié pour un homme indien rencontré par le fruit d’une suite d’événements. Remettant à l’esprit tout un pan conséquent de l’histoire de l’Inde, le film dessine avec habileté l’amitié naissance entre deux personnes que rien ne destinait à réunir. Il met en exergue la personnalité très moderne du personnage de la Reine. Celle-ci, coincée et étouffée par le traditionalisme british, va essayer de donner une leçon de tolérance à ceux qui l’entoure. Par ce message sur l’évolution des mentalités, toujours pertinent à diffuser aujourd’hui, Confident Royal nous transporte dans un panel d’émotions variées. L’humour est présent tout au long du film, mais le réalisateur adopte également un ton solennel lorsqu’il s’agit d’aborder des sujets comme le racisme, la maladie, ou l’éducation. Le long métrage jouit surtout d’un duo d’acteurs plein de complicité rendant les deux protagonistes aussi attachants que qu’émouvants. S’il n’est pas la comédie dramatique de l’année, Confident Royal vous fera passer un bon moment !
Sur les applaudissements des spectateurs, la première journée de Festival du Film Britannique se termine. A l’issu de la projection, les plus téméraires iront au concert organisé pour fêter ces quelques jours de cinéma. De notre côté, fermeture des rideaux. Demain, vendredi 29 septembre, les projections continueront à défiler sur les écrans. Les films en compétitions projetés restent inchangés. Quant aux avant-premières, elles seront notamment ponctuées par Mise à mort du Cerf Sacré, le dernier long métrage très attendu et déjà passé par le Festival de Cannes de Yórgos Lánthimos avec Nicole Kidman et Colin Farrell. La mort de Staline et In Another Life sont également désirés par le public impatient.
Rendez-vous demain pour la suite de nos aventures anglo-bretonnes !
Estelle Lautrou (28 septembre 2017)