Comment expliquer le succès continu de la saga James Bond sur ses 60 ans d'existence ? Son producteur Michael G. Wilson, aux commandes de la franchise avec Barbara Broccoli depuis 1979, a une réponse et un exemple, à trouver dans le tout premier film "James Bond contre Dr. No".
James Bond a 60 ans
Le 5 octobre 2022, on fêtera le 60e anniversaire de la saga James Bond, 60 ans jour pour jour après la sortie dans les cinémas britanniques du premier film, James Bond contre Dr. No. À cette occasion, le British Film Institute a organisé plusieurs événements à Londres. Dont une conférence ce vendredi 30 septembre, sur plusieurs thématiques, en présence notamment du producteur Michael G. Wilson, des scénaristes Neal Purvis et Robert Wade, ainsi que de l'acteur Rory Kinnear.
Michael G. Wilson, producteur de la saga depuis 1979 et le film Moonraker, s'est exprimé sur plusieurs sujets. Il a notamment répondu avec clarté, exemple à l'appui à une question faussement simple : "quelle est la différence apportée par James Bond dans le cinéma d'espionnage ?"
"C'est une exécution et c'est ce qui a tout changé."
Beaucoup d'éléments ont fait et font toujours la différence des films James Bond. On peut ainsi penser aux cascades toujours plus spectaculaires, aux budgets très importants, aux différentes parties du monde où se déroule l'action. Mais Michael G. Wilson a un exemple très précis, et il concerne l'écriture du personnage. Pour lui, ce qui a tout changé, dès le premier film en 1962, est que James Bond tue de sang-froid.
Les gens demandent "qu'est-ce qui est différent dans les films Bond, et pourquoi ça a créé un tout nouveau genre de films ?", et en voici un exemple. Dans James Bond contre Dr. No, c'est le premier film d'espionnage où l'on voit un héros tuer quelqu'un de sang-froid. C'est une exécution et c'est ce qui a tout changé. Et, bien sûr, beaucoup de films l'ont fait depuis, mais celui-ci est le premier.
En effet, c'est dans le film de 1962 qu'on voit pour la première fois 007 faire librement usage de son permis de tuer. Il tue de deux balles de son pistolet le professeur R. J. Dent, incarné par Anthony Dawson. Cette courte séquence contient tout ce qui fait le personnage de James Bond : son allure élégante, son flegme, et sa violence "contrôlée".
James Bond, anti-héros avant l'heure
Il faut en effet se rendre compte que, dans les années 60, les héros étaient immaculés, vrais chevaliers blancs entièrement vertueux, et que les anti-héros n'existaient pas encore dans la fiction. Tuer, oui, mais de sang-froid, non. Il y avait donc, en 1962, une prise de risque considérable à présenter un héros qui tuerait souvent de sang-froid, serait-il autorisé à le faire par son gouvernement. On peut remarquer aujourd'hui que, à l'inverse, Jason Bourne ne tue jamais de sang-froid dans les films Bourne, mais tue pour se défendre (essentiellement pour opposer son personnage à son passé d'assassin de la CIA).