#LCDLS : Et dieu... créa la femme de Roger Vadim

#LCDLS : Et dieu... créa la femme de Roger Vadim

En 1956 Roger Vadim réalisait "Et dieu… créa la femme". Plus qu’une femme, c’est un mythe qu’il a créé. Celui de Brigitte Bardot…

À Saint-Tropez, la belle Juliette, insouciante et impudique, fait tourner la tête de tous les hommes. Et plus particulièrement celle de trois garçons. Cette Juliette, c’est Brigitte Bardot. Une jeune actrice âgée alors de vingt-deux ans, sublime et sensuelle, déjà apparue dans une dizaine de films. Mais avec et Et dieu… créa la femme, en 1956, c’est la consécration. La création du mythe Brigitte Bardot. Celui d’une femme libérée aussi bien moralement que sexuellement – en atteste sa première apparition, entièrement nue, allongée sur le ventre. Avec elle, Roger Vadim (qui a épousé Bardot quatre ans plus tôt) oppose la jeunesse insouciante et en quête de liberté à une société archaïque.

Initiales B.B.

Et dieu… créa la femme ne serait peut-être pas ce qu’il est, encore aujourd’hui, sans son actrice principale. Celle-ci allant se confondre avec son personnage, représentant à la fois la jeune fille modèle et la peste provocatrice, un brin naïve et parfois boudeuse (la rendant pour certains particulièrement agaçante). Elle deviendra à l’issue du film un véritable sex-symbol et une muse pour de nombreux artistes. Mais surtout, Et dieu… créa la femme est une représentation aussi violente que passionnante des mentalités de l’époque. Il faut la voir s’en prendre plein la figure par la vieille génération qui la considère comme une fille facile et une dévergondée (pour le dire poliment). L’intelligence de Vadim est alors de faire passer son message par les hommes qui entourent Juliette.

Le premier, Antoine (Christian Marquand), représente « l’homme ». Revenu à Saint-Tropez pour régler des affaires de famille après le décès de son père, il est le premier amour de Juliette et celui qui la fera souffrir. Le deuxième, Monsieur Caradine (Curd Jürgens), représente « le père ». Un homme plus âgé et mûr vers qui elle se réfugie de temps en temps, et qui sait bien qu’il ne peut avoir de relation avec elle, mais tout de même prêt à tout pour la garder à ses côtés. Enfin, il y a Michel (Jean-Louis Trintignant), davantage considéré comme un jeune garçon que comme un homme. Cependant c’est bien avec lui qu’elle partira, symbole d’une jeunesse s’affranchissant de l’autorité parentale.

Vadim décrit ainsi le gouffre qui existe entre les adultes et la jeunesse de l’époque. Et la nécessité de se confronter aux aînés. Michel obtenant le respect de son frère en le combattant. Puis celui de Juliette en la récupérant de manière vigoureuse (par une gifle, qu’on verrait désormais bien autrement). Pour s’échapper, elle, passe par une explosion de liberté que traduit son corps. À l’image de cette dernière séquence devenue mythique, où Brigitte Bardot se lance dans une danse endiablée. On y découvre ses talents de danseuse (Bardot ayant reçu une formation classique), laissant bouche bée, autant le spectateur que les protagonistes l’entourant. Dernière preuve de la capacité de Bardot à transcender une œuvre tout de même relativement modeste.

 

Et dieu... créa la femme ressort cette semaine en DVD et Blu-ray.