Le COLCOA rend hommage à François Truffaut autour d'une table ronde

Le COLCOA rend hommage à François Truffaut autour d'une table ronde

François Truffaut, dont on commémore en 2014 le 30ème anniversaire de la mort, "ne pouvait imaginer faire autre chose que du cinéma", comme pionnier de la Nouvelle Vague bien sûr, mais aussi sous une casquette plus discrète d'acteur, selon sa fille Laura.

Le 18ème COLCOA, le festival du cinéma français à Hollywood, qui se tient jusqu'à aujourd'hui, lui rend hommage autour d'une discussion réunissant Laura Truffaut, Claude Lelouch et Serge Toubiana, président de la Cinémathèque Française, qui présentera à l'automne une grande exposition sur le cinéaste.

Laura, l'une des trois filles du réalisateur, est installée depuis 30 ans en Californie, un Etat où son "père était très apprécié dans les années 70", se souvient-elle, dans un entretien à l'AFP. C'est l'époque où la Nouvelle Vague française subjuguait le "Nouvel Hollywood" de Spielberg, Coppola, Lucas, Friedkin et autre Scorsese, et François Truffaut séjournait très souvent à Los Angeles, "où les studios passaient leur temps à lui proposer des choses". Mais en dépit de son admiration pour le cinéma américain, Truffaut ne travaillera jamais à Hollywood. "Il n'avait pas eu une bonne expérience en Angleterre sur le tournage de Fahrenheit 451", explique Laura Truffaut. "La difficulté avec la langue comptait beaucoup pour lui, c'était un gros obstacle". "Autant il aimait profondément le cinéma américain, autant il se doutait bien qu'un metteur en scène aux Etats-Unis n'a généralement pas le contrôle qu'il peut avoir en France. Et je crois que c'est quelque chose qui le troublait", ajoute-t-elle. Sa seule expérience américaine restera son rôle dans Rencontres du troisième type de Steven Spielberg (1977), où il interprète le professeur Claude Lacombe.

Sa passion, son loisir

"Être acteur sur le film de Spielberg lui a permis d'observer le système des studios de très près, la lourdeur des mécanismes et de la hiérarchie", dit-elle. "Mais il a beaucoup aimé cette expérience en tant qu'acteur", entre les mains d'un réalisateur qu'il appréciait et dont il se savait apprécié. "Spielberg et mon père partageaient le plaisir de diriger des enfants. D'ailleurs, Spielberg parlait déjà de son projet de E.T. l'extraterrestre, mais d'une manière très différente: il pensait alors que ce serait un petit film, observe-t-elle. "Ils partageaient aussi le goût du récit, le plaisir de raconter une histoire, et avaient certaines influences en commun".

Si le pionnier de la Nouvelle Vague affirmait goûter fort peu son travail d'acteur -- tout en jouant dans huit de ses propres films -- Laura Truffaut pense cependant "qu'il devait aimer cela davantage qu'il ne voulait l'avouer". Pour L'Enfant sauvage (1969), où il interprète le rôle du Docteur Itard, "il a longtemps dit qu'il considérait que le rôle essentiel était celui de l'enfant et qu'il serait injuste d'engager un acteur adulte qui se sentirait frustré d'être en permanence en retrait ". "Personnellement, je pense qu'il avait très envie de jouer ce rôle", assure-t-elle. "Il ne voyait personne à sa place. Sans doute aussi parce qu'il y avait chez mon père un goût indéniable pour la pédagogie, très perceptible dans L'Enfant sauvage".

Finalement, que ce soit devant ou derrière la caméra, François Truffaut "ne pouvait pas s'imaginer faisant autre chose que du cinéma", relève sa fille. "C'était sa passion, c'était son loisir, quand il avait du temps libre, il lisait et il allait au cinéma. C'était l'essentiel de ce qui l'intéressait dans la vie, et il ne pouvait pas concevoir d'autre métier". "De fait, il avait un peu de mal à imaginer, en dehors du monde de l'écriture ou du cinéma, ce que pouvait être une carrière", dit-elle. "D'ailleurs, dans ses films, ses héros ont souvent des métiers particuliers. Des métiers où on joue avec des maquettes. Pour lui, le jeu et le travail étaient très liés".

(25 Avril 2014 - Relax News)