
LE MONDE DE NEMO, le nouveau film du studio d’animation Pixar (TOY STORY 1&2, 1001 PATTES, MONSTRES & CIE), sorti en salles mercredi, a réalisé un démarrage historique. Le meilleur de tous les temps pour un film d’animation selon la société Gaumont Buena Vista.
En France le film a déjà attiré 274 000 spectateurs. Ce qui n’est finalement guère étonnant dans la mesure où, en quinze jours, en exclusivité au Grand Rex, il avait déjà fait 63 000 entrées.
C’est un succès en cours pour cette nouvelle association entre Pixar et Disney puisque, aux Etats-Unis, LE MONDE DE NEMO a déjà battu tous les records, détrônant Le Roi lion de sa place de numéro des films d’animations, avec 340 millions de dollars de recettes. Dans le monde la barre des 500 millions vient d’être franchie. Déjà sorti en DVD outre-Atlantique, on parle là de record toutes catégories : à 17 millions d’exemplaires, LE MONDE DE NEMO fait mieux, par exemple, que LE SEIGNEUR DES ANNEAUX ou encore SPIDERMAN (14 millions d’exemplaires). A ces ventes, si on ajoute la location, on atteint les 300 millions de dollars de recettes.
Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Pixar et Disney ont deux projets communs en cours : THE INCREDIBLES (prévu pour novembre 2004) et CARS (2005). Toutefois, avant de poursuivre, face à des bénéfices aussi monstrueux, Pixar serait actuellement en train de négocier une nouvelle répartition des recettes…

Bien loin de ses histoires de millions de dollars, le petit poisson-clown du dessin animé est une espèce qui existe bel et bien, mais qui est en danger.
Selon les spécialistes des fonds marins, les rivages coralliens qui l'abritent se dégradent en effet à toute vitesse. D’après le Centre National de la mer, qui gère l'aquarium Nausicaa à Boulogne-sur-mer, "si on ne change rien, les 600 000 km2 de coraux de la planète seront morts d'ici quelques dizaines d'années". 10% des récifs coralliens sont déjà condamnés, et 40% sont en danger. Bien sûr c’est l’homme le principal responsable du massacre: à travers la pêche, la pollution, mais aussi les prélèvements "sauvages" qui alimentent les aquariums d'Europe et des Etats-Unis.
Le responsable de l'aquarium Nausicaa, Stéphane Henard, veut voir dans l'audience du film "une occasion formidable de faire aimer la mer". C’est malheureusement plutôt l’effet inverse qui semble se produire : selon le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et le Marine Aquarium Council, aux Etats-Unis, le succès du MONDE DE NEMO s'est accompagné d'une hausse de 20% des ventes de poissons tropicaux…
Or, d’après Stéphane Henard "95% des poissons vendus dans le commerce sont aujourd'hui prélevés dans le monde sauvage". C’est à dire que les poissons sont prélevés adultes, avec des pertes très importantes à la fois pendant la pêche et pendant le transport, ce qui précipite la disparition des espèces, en empêchant un renouvellement de la faune marine. Certains types de pêches – comme la pêche à l'explosif (en Afrique de l'Est) ou la pêche au cyanure de sodium (en Asie), qui facilite la prise des poissons tropicaux en les paralysant – sont particulièrement dévastateurs et font des ravages sur l'environnement.
Le rapport 2003 du Centre de conservation du PNUE estime que 20 millions de poissons tropicaux, de 1471 espèces différentes, sont prélevés chaque année dans les océans pour remplir les aquariums en Europe et, surtout, aux Etats-Unis (85%).
Les méthodes "douces", comme le prélèvement de larves ensuite élevées en aquarium, sont malheureusement très minoritaires.
LE MONDE DE NEMO va-t-il, indirectement, inverser le cours des choses ?
A.M. (27 novembre 2003 – avec l’AFP)