Les grands westerns hollywoodiens adaptés à la sauce asiatique

Les grands westerns hollywoodiens adaptés à la sauce asiatique

Des cinéastes asiatiques fascinés par les westerns hollywoodiens reprennent des classiques du genre signés Sergio Leone ou Clint Eastwood pour créer des épopées de cowboys orientaux mâtinées d'arts martiaux et d'histoire locale.

Le festival international du cinéma de Busan (Corée du Sud) a projeté cette semaine les adaptations de Impitoyable de Clint Eastwood (1992), distribué sous le même nom, et de Il était une fois dans l'Ouest de Sergio Leone (1968), devenu Il était une fois au Vietnam.

Réalisateur du premier film sus-cité, le Nippo-coréen Sang-il Lee a fait appel à Ken Watanabe, vu notamment dans Inception, pour incarner le tueur à gages tenu dans l'original par Eastwood.

Transposer dans un Japon impérial de l'ère Meiji, la beauté ocre du grand Ouest américain, la rugosité des âmes et l'esthétique singulière des westerns à la sauce tomate pourrait sembler une gageure mais c'est au contraire ce qui fait la cohérence du projet, selon Lee.

"Le public et les cinéastes adorent ces films. Ils traitent de certaines notions (universelles), comme le bien et le mal chez l'Homme, et c'est ce qui m'a attiré dans ce film", explique-t-il.

Lee a situé l'action de son Impitoyable à peu près à l'époque campée dans les westerns hollywoodiens, à la fin du 19e siècle. "Ce sont des temps de grands bouleversements dans les deux pays", rappelle-t-il. Le cinéaste se dit marqué par le travail d'Akira Kurosawa, dont les films ont largement inspiré les réalisateurs américains : Le garde du corps qui a donné Pour une poignée de dollars, et Les sept samouraïs adapté en Les sept mercenaires. Au point que Kurasawa avait traîné Leone en justice...

"Ce film a eu une grande influence sur moi, pour la façon dont Kurosawa mêle action et drame épique", relève Lee. Cette fois, nul malentendu. Eastwood a donné son imprimatur. "Il a dit qu'il a aimé ce que nous avions fait", a assuré Ken Watanebe. "À ses yeux, nous sommes parvenus à capturer l'esprit de l'original. C'est un western, mais à la japonaise".

Un sens de la lenteur

Auteur de Il était une fois au Vietnam, le cinéaste américano-vietnamien Dustin Nguyen avoue une même passion pour les fins fusils du désert qui soufflent dans un harmonica quand ils ne tirent pas sur une cigarette de tabac noir. Élevé aux États-Unis, Nguyen reconnaît qu'il ne fait rien de neuf sous le soleil cuisant du cinéma vacher. "Mais c'est nouveau pour le Vietnam", remarque-t-il.

Pour lui, le western sert avant tout à définir ce qu'est la nature virile d'un homme, "un vrai". "Je voulais explorer cette question sans toutefois en faire un drame vu par cinq spectateurs" dans les salles obscures, dit-il.

Il était une fois au Vietnam tourne autour du thème recyclable à l'envi du cowboy solitaire, bon samaritain, qui vient en aide à des villageois assiégés par des bandits. "J'ai toujours aimé l'idée de l'étranger qui arriver en ville. Il y a quelque chose de très romantique. Sergio Leone a rajouté aux westerns classiques une qualité envoûtante, un sens de la lenteur". Et ses classiques, Ngyen les connaît sur le bout de la lentille, lui dont le film se referme sur l'ombre bienfaisante du héros chevauchant dans le crépuscule. Il a néanmoins apporté une note locale en incluant des arts martiaux, symboles, dit-il, "des luttes que se livre l'humanité à elle-même".

Le festival de Busan s'achève samedi.

(9 Octobre 2013 - Relax News)