Martha Marcy May Marlene: Immersion gracieuse dans la tourmente d'une secte (Test combo)

Martha Marcy May Marlene: Immersion gracieuse dans la tourmente d'une secte (Test combo)

Dans la douceur matinale d’un été, une jeune femme sort d’une maison à pas de loup, sac-à-dos sur l’épaule, et s’enfuit dans la forêt attenante… Hors-champ, un homme l’interpelle, «Marcy May », crie-t-il.
Plus tard, on la retrouve en pleine ville, au téléphone, une femme la reconnaît, elle l’appelle Martha.

Qui est-elle ? Marcy May ? Martha ? D’où vient-elle ? Que fuyait-elle ? Nous le saurons bientôt… et suivrons le parcours angoissant de cette jeune femme, tombée dans les filets d’une communauté sectaire.

Pour un premier film, Martha Marcy May Marlene, Sean Durkin s’en sort admirablement bien. Il nous livre un drame d’une beauté sinistre saisissante, dont la puissance sous-jacente vous troublera sans aucun doute.
Le réalisateur offre ainsi un récit très personnel sur les sectes, en adoptant l’unique point de vue de son héroïne Martha/Marcy May (Elizabeth Olsen, la révélation).
Après avoir vécu deux ans dans une communauté, elle décide de s’échapper et est recueillie par sa sœur (Sarah Paulson) et son mari (Hugh Dancy). La jeune-femme s’adapte très mal dans leur luxueuse demeure à l’opposé de la ferme dans laquelle elle vivait et a surtout oublié les codes sociaux « habituels », agissant de façon marginale face au couple, désemparé, qui ne sait d’ailleurs pas où elle était ces deux années. C’est au moyen de flash-backs que l’on regarde l’évolution de Martha dans la secte, qui avait été renommée « Marcy May » par Patrick, le meneur charismatique (John Hawkes, toujours aussi perturbant).
Durkin fait le portrait de cette communauté au départ plutôt séduisante dans le genre hippie « peace and love » pour mieux en souligner le fonctionnement mécanique et ultra manipulateur, et surtout ses ressorts très malsains.

À travers des prises de vues flottantes et des plans fixes ensorcelants, la mise en scène de Sean Durkin rappelle la patte de Sofia Coppola, en plus sinistre et incisif, portée par une image graveleuse, à la lumière livide.
La tourmente de la jeune femme, qui ne sait plus si elle est Martha ou Marcy May, la plonge dans une paranoïa qui s’intensifie peu à peu, jusqu’à en devenir terrifiante. Elizabeth Olsen, beauté mystérieuse, donne au personnage une complexité confondante.

Un réalisateur et une actrice en herbe à suivre, définitivement.

 

Le Combo Blu Ray + DVD

Après avoir visionné ce film déroutant, bouleversé(e), vous ne pourrez que prendre votre télécommande et cliquez sur « bonus » pour en savoir plus.
Au menu (ambiancé par la musique lancinante du film), vous pourrez voir :
- Pleins feux sur Elizabeth Olsen : une interview de la jeune actrice, décidément bien loin de l’univers hollywoodien de ses sœurs.
L’histoire : Retour sur ce qui a poussé Sean Durkin à écrire cette histoire.
- Le making-of Martha Marcy May Marlene – Comme son nom l’indique, extrait de la « création » de MMMM.
- Entretien avec les cinéastes – Une rencontre croisée de Sean Durkin et ses amis et producteurs du films, Josh Mond et Antonio Campos.
- Le fonctionnement psychologique d’une secte – Un des bonus les plus intéressants, qui revient sur la manipulation des sectes.
- Clip vidéo « Marcy’s Song » de John Hawkes – La chanson envoûtante interprétée par l’acteur, qui l’enregistre en studio. À savourer.

Dommage que les bonus, quoique nombreux, soient aussi courts (cinq minutes environ chacun) mais heureusement, on vous propose également de visionner Mary Last Seen, un court-métrage de Sean Durkin, d’une quinzaine de minutes (également disponible dans le bonus du DVD). Il a probablement donné naissance au film, puisqu’on y suit un jeune couple en route vers la fameuse ferme, où la communauté les accueille. Le garçon est d’ailleurs joué par Brady Corbet (vu dans Mysterious Skin), l’autre séducteur de la secte dans le long-métrage, qui semble ici servir d’« appât » pour attirer la jeune femme.

=> Toutes les infos sur Martha Marcy May Marlene

Marie Devier (20 Juillet 2012)