Quand je serai petit : à nos adieux manqués (Test DVD)

Quand je serai petit : à nos adieux manqués (Test DVD)

Il aura fallu cinq ans à Jean-Paul Rouve pour se décider à passer une nouvelle fois à la mise en scène. Après Sans Arme Ni Haine Ni Violence, c’est un nouveau projet loin du banditisme bienveillant de sa première réalisation que l’acteur, aux désormais multiples casquettes, s’est offert le privilège de composer avec sobriété et sincérité. Quand je serai petit - dont la sortie salle en juin dernier s’est accompagnée d’un accueil chaleureux du public et de la critique - s’offre depuis fin octobre une place dans les bacs, histoire de rattraper celles et ceux qui l’auraient manqué au cinéma.

Finie la rigolade, les allures excentriques et les répliques qui font mouche. C’est ici en toute simplicité que Jean-Paul Rouve incarne Mathias, un quarantenaire qui ne s’est jamais vraiment remis de la mort de son père quand il avait 11 ans. Alors, lorsque celui-ci fait la connaissance d’un petit garçon avec qui il a bien plus qu’un prénom en commun, Mathias y voit une seconde chance de connaître Jean, le père de l’enfant, mais aussi le sien quelques temps avant sa brutale disparition.

Si l’idée du film flirte avec l’onirisme, Jean-Paul Rouve ne tient pas moins à préciser qu’il s’agit d’un miroir de la vie aux reflets honnêtes. Ainsi le choix d’accepter la possibilité d’une telle situation permet de mettre son personnage face à lui-même ainsi qu'à ses souffrances passées et présentes, le menant par la même occasion vers son salut. On louera par ailleurs la mise en scène épurés qui pousse le film vers une sincérité à effet catalyseur. D'autant plus que les thèmes abordés dans Quand je serai petit s’avèrent universels et multi-générationnels (la perte d’un être aimé, l'absence de figure paternelle, les remords, le deuil,…).

On regrettera néanmoins que Jean-Paul Rouve n’ait pas davantage exploité la contradiction qu’il établit entre le désir dévorant de Mathias de se rapprocher de son passé perdu, au sacrifice de sa propre famille. De même, on déplorera quelque peu la présence de longueurs et de séquences qui n’apportent pas grand-chose à l’histoire et qui auraient plus leur place auprès des scènes coupées (déjà nombreuses) du DVD.

Des suppléments trop absents

On va faire court. Alors qu’on sort du visionnage de Quand je serai petit avec des émotions plein les poumons, notre souffle retombe vite à la découverte de la présence de si peu de suppléments. Néanmoins, pour satisfaire la curiosité de ceux qui se posent de nombreuses questions sur la dimension du lien personnel entre l’histoire et le propre vécu de Jean-Paul Rouve, le film est disponible dans une version avec en fond sonore la voix du réalisateur qui aborde la conception de son film. Et pour le reste, on espère que vous n’en aurez pas eu assez parce que plusieurs scènes coupées vous attendent bien sagement. On se passera malheureusement d'un making of, qui aurait pourtant mérité une place d'honneur parmi ces quelques bonus pour autant enrichissants.

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Audrey Soto (7 Novembre 2012)