Sleeping Beauty : La Belle au Bois Glaçant (test DVD)

Sleeping Beauty : La Belle au Bois Glaçant (test DVD)

Il était une fois une jeune étudiante prénommée Lucy. La jeune femme, fauchée, alternait deux boulots et vendait son corps la nuit.
Un jour, Lucy répond à une petite annonce pour un mystérieux réseau de prostitution.
Presque chaque soir, elle se rend dans un manoir de province, et devient « Sara ». Elle sert d'abord le vin en lingerie fine dans une ambiance érotique de secte, avant de devenir une beauté endormie : sous somnifère, elle est plongée dans un sommeil artificiel profond, et de vieux princes désenchantés viennent profiter de sa beauté.

Bon, il faut déjà s'accrocher devant cette histoire sordide. Pour son premier film, la protégée de Jane Campion nous introduit dans un conte pour adultes morose, nous laissant observer l'autodestruction sourde de sa belle et nous met ainsi (très) mal à l'aise devant cet érotisme sinistre dans une atmosphère des plus froides, l'absence totale de musique n'aidant pas…

Effleurant parfois l'art Lynchien avec une photographie tout en profondeur et une ambiance mystérieuse (en particulier dans les scènes au manoir) l'esthétique y est irréprochable.
Mais avec un scénario flottant et énigmatique, la cinéaste nous laisse à l'orée de ses bois glaçants, emplis d'un sentiment de gêne et d'incompréhension face aux actes et aux paroles de personnages souvent apathiques.

Emily Browning, d'une beauté et d'une présence fascinante, au physique d’enfant femme déroutant, est pourtant parfaite en belle au bois dormant avilie et désillusionnée, mais on voit son personnage abandonné à son destin dans une impression de vide assez perturbante.

Alors oui, Sleeping Beauty reste une expérience cinématographique en soi, mais vraiment pas des plus agréables.

Le bonus DVD

Pour tenter d'éclairer ce film obscur, nous avons droit à une interview croisée - un peu austère - de la réalisatrice Julia Leigh, d’Emily Browning, et du directeur de la photographie Geoffrey Simpson, d'une dizaine de minutes. Soit pas grand-chose, mais on y apprend que Julia Leigh a écrit le scénario après la mort d'un ami… On comprend mieux le ton macabre du film.

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Marie Devier (20 Mars 2012)