T.S. Spivet : l'univers poétique de Jean-Pierre Jeunet dans un film en 3D

T.S. Spivet : l'univers poétique de Jean-Pierre  Jeunet dans un film en 3D

Avec L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet, en salles mercredi, Jean-Pierre Jeunet retrouve son univers poétique et ses "préoccupations", pour raconter, en exploitant le potentiel de la 3D, l'histoire d'un enfant surdoué "qui s'en sort par son imagination", a-t-il raconté à l'AFP.

Adapté du roman éponyme de Reif Larsen, le film met en scène les aventures de T.S Spivet, un enfant de dix ans passionné de sciences, de calculs et de cartographie (interprété par le jeune Kyle Catlett, émouvant et mutin à souhait), qui vit dans un ranch du Montana avec sa famille, entre un père à l'âme de cowboy (Callum Keith Rennie) et une mère qui se consacre à la classification des insectes (Helena Bonham Carter).

Grâce à l'invention d'une machine à mouvement perpétuel, le jeune prodige gagne un prestigieux prix scientifique, qu'il va aller chercher à Washington en traversant les Etats-Unis sur un train de marchandises, au prix de mille aventures et rencontres.

"Je me suis rendu compte qu'il y avait mes préoccupations dans ce livre, mais qu'il y avait aussi l'émotion, dans laquelle je n'étais jamais vraiment allé, l'opportunité d'utiliser la 3D, et aussi celle de faire un film américain, un film en anglais pour changer. Je me suis dit que je pouvais me renouveler en faisant quelque chose de vraiment différent", a confié le réalisateur à l'AFP.

S'il est tourné en anglais, ce long-métrage, qui donne une large place à la nature et aux paysages, a été filmé essentiellement au Canada, dans la province d'Alberta, avec "une production européenne et donc la liberté, le 'final cut''", indique Jean-Pierre Jeunet.

Surtout, le film exploite les possibilités de la 3D, pour laquelle il a été conçu dès l'écriture, en utilisant les nombreuses illustrations, cartes ou croquis du héros, présentes dans le livre de Reif Larsen.

 

Une déclinaison du Petit Poucet

"La 3D, personne ne l'utilise dans l'écriture. Hugo Cabret (de Martin Scorsese, ndlr) l'utilise très bien, je pense que c'est le meilleur film en 3D. (...) Mais c'est très dur de justifier dans un film de faire flotter les choses dans l'espace. Là les créations de Spivet s'y prêtaient", explique Jean-Pierre Jeunet qui, pour son premier film en 3D, dit avoir apprécié "d'inventer un nouveau langage quasiment, avec une nouvelle technique".

"On apprend à raconter autrement. Et surtout j'ai fait un film très contemplatif, très lent, avec des plans longs, pour rendre la 3D confortable", ajoute-t-il. Les couleurs aussi sont "plus réalistes" que dans ses précédents films "parce que c'est une histoire plus contemporaine avec des gens plus normaux", dit-il.

L'univers du réalisateur de le Fabuleux destin d'Amélie Poulain, d'Un long dimanche de fiançailles ou de Delicatessen est très bien servi par la 3D, qui nourrit sa fantaisie accordant une large place à l'enfance et l'obsession.

"Je dis, en me critiquant moi-même, que mes films sont toujours une déclinaison du Petit Poucet !", plaisante Jean-Pierre Jeunet. "C'est-à-dire un gamin - il peut être adulte - qui s'en sort grâce à son imagination, et qui lutte contre un ogre. Et l'ogre, ici, c'est la culpabilité" du secret familial porté par le héros, explique-t-il.

"C'est l'histoire idéale de la lutte du faible contre les forts. Et finalement c'est un peu mon histoire, parce que moi je n'étais pas prédestiné à faire du cinéma", souligne le réalisateur.

"J'installais des centres téléphoniques dans l'Est de la France quand j'étais jeune. Donc pour m'en sortir, je me suis servi de mon imagination", poursuit Jean-Pierre Jeunet, qui dit n'être "à l'aise que dans le milieu du travail, dans la famille du cinéma, sur un plateau".

T.S. Spivet "fait ses dessins dans son coin comme je fais mes storyboards", dit-il.

=> Toutes les infos sur L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet

(14 Octobre 2013 - Relax News)