Tim Burton & Bruno Podalydès à Venise... Petite autopsie d'une conférence de presse

Mais vous me demanderez, et à juste titre, comment se passe une conférence de presse à Venise.Pour vous répondre franchement, en ce qui concerne la Mostra, c'est un véritable show en soi. Vous avez deux options.

La première. Le film présenté est considéré par la critique comme réussi. L'équipe du film prend place, confiante devant la meute de journalistes prête à bondir. Steven Machin-Chose- du -Boston -Globe se lève, son ordinateur portable à la main gauche et le micro à la main droite. Son regard habituellement inquisiteur est calme et posé. Ses petites lunettes d'intello, glissent légèrement sur son nez : « All right, Steven Machin Chose du Boston Globe, I have a question for the director... »
Steven Machin Chose est là pour féliciter l'équipe du film et c'est un grand honneur pour cette dernière que de l'apprendre. Et si le réalisateur concerné ne sait pas faire marcher son micro, Steven Machin Chose se fera un plaisir de faire un grand geste tourbillonnant de son index en criant : « the button, there, the button ! » Ses questions sont souvent décevantes mais il faut le savoir Steven est un grand critique américain.
Dans la première option, le journaliste animateur italien est soulagé. Les questions vont couler de source et les moments de blanc seront inexistants. « Je vois déjà que les questions pleuvent », fait-il, ravi, en guise d'ouverture de la conférence.
Figurez-vous qu'il existe aussi une hiérarchie parmi les journalistes de l'assemblée. Ma voisine italienne levait sa main frénétiquement pour poser sa question tandis que l'animateur, lui ayant fait un petit signe de tête du style : « C'est bon, je vous ai vu », continuait à relever les autres mains levées par les journalistes VIP de la conférence de presse.
« Solo per invitati ». Voici la ritournelle italienne du fameux concept international du mot VIP très en vogue au Lido, puisqu'on le retrouve aussi dans ses restaurants.

La deuxième option est bien sûr, la plus rigolote. Steven Machin Chose ne va pas se lever. L'animateur est inquiet. Il va devoir travailler et poser les premières questions nécessaires pour que le temps passe plus vite. Mais les meilleurs snipers de la critique italienne sont bien là, assis confortablement dans leurs fauteuils. Susan Sarandon sera comme moi surprise de la longueur des questions à l'italienne. C'est que la conférence de presse est un moyen de se positionner auprès de ses confrères transalpins. Ici à Venise, c'est on ne peut plus normal de faire une critique de film de cinq minutes avant de conclure par un « per ché ? » qui en laisse baba l'équipe du film prise pour témoin de ce monologue cinéphilique à couper le souffle.

Mercredi, Tim Burton, accompagné de sa femme Helen Bonham Carter, a pu expérimenter la première option avec son nouveau film d'animation, LES NOCES FUNèBRES. Il n'en a pas quitté ses lunettes de soleil pour autant. Le passage sur le tapis rouge a réuni toute une faune de jeunes fans déguisés en personnages burtoniens surexcités.

L'équipe du film LE PARFUM DE LA DAME EN NOIR n'a pas connu une salle de conférence de presse similaire, c'est-à-dire pleine à craquer, mais la présence de Sabine Azéma et de son réalisateur Bruno Podalydès a permis de réunir tout une assemblée de connaisseurs. Un moment privilégié…

Le festival de Venise est un microcosme ou les règles sont parfois incompréhensibles. On s'agite beaucoup, on prend énormément de café. Le monde est à refaire, du moins sur le papier glacé…

E cosi…

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Laetitia Heurteau (Venise, le 7 septembre 2005)