Un bémol pour LES CHORISTES

Francis Hartmann, le père d'une des chanteuses de la chorale de Saint-Marc de Lyon qui prête sa voix au film de Christophe Barratier, LES CHORISTES a porté plainte contre la société de production Galatée Films. Jugeant sa fille exploitée, il dénonce les personnes qui se sont enrichies sur le dos de ces enfants. LES CHORISTES est le plus gros succès de cette année avec ses 8,5 millions de spectateurs. Le film de Christophe Barratier a récemment obtenu les César du meilleur son et meilleure chanson ainsi qu'une Victoire de la musique dans la catégorie musique de film.
Avec un tel engouement du public, pas étonnant que les parents des petits chanteurs voient gros. Maître Alain Jakubowicz qui défend Hartmann dans cette affaire déclare : « On a un film qui a reçu un succès mondial reposant essentiellement sur la prestation artistique d'enfants. Des personnes ont reçu des sommes colossales et les enfants n'ont pas reçu un centime, ni sur le film, ni sur le DVD, ni sur le CD qui représente une manne financière. ». De l'autre côté, Thierry Lévy, l'avocat de Galatée rétorque : « Cette association (les Petits chanteurs de Saint-Marc) a passé une convention avec les producteurs, qui prévoyait une rémunération forfaitaire de 20 000 euros au moment de l'enregistrement » avant d'attaquer personnellement son confrère en le désignant d' « avocat en mal de notoriété ». Essayant de calmer le jeu, Eva Simonet, l'attachée de presse et mère du réalisateur a renchéri en soulignant qu'un complément de 100 000 euros, ce qui équivaut 1% des royalties serait bientôt versé à la chorale et que la plainte de la famille Hartmann était « une démarche isolée ».
Cependant les jeunes enfants n'auront aucune compensation, seule l'association sera rémunérée pour ce film. Si la morale est de côté de ces petits chanteurs, la loi ne l'est pas. En acceptant d'illustrer la bande originale, les chanteurs de la chorale ont cédé leurs droits. Ils ne sont donc pas perçus comme interprètes et les royalties reviennent directement à Bruno Coulais, le compositeur. Indignation des parents, beaucoup des petits chanteurs ont quitté la chorale et même le soliste Jean-Baptiste Maunier, le jeune héros, cependant son départ n'est pas en relation avec la démarche de Hartmann, selon Eva Simonet. La famille Hartmann est seule pour l'instant à être en procédure.
Une histoire de gros sous vient donc encore gâcher un film aux bons sentiments. Il y a deux ans, c'était Georges Lopez, l'instituteur ETRE ET AVOIR qui assignait déjà en justice le documentariste Nicolas Philibert pour utilisation de son image sans consentement et contrefaçon d'une oeuvre originale.

V.P. (09 mars 2005 - Avec AFP)