« Zodiac risqué ? Je ne vois pas ce qui pourrait être plus intéressant que l’Inconnu. » Jake Gyllenhaal.
Ils présentent un des films les plus attendus de la quinzaine, pourtant, pour certains d’entre eux, c’est la première fois qu’ils viennent sur la Croisette.
Au départ, on ne sait trop s’ils sont intimidés ou juste anesthésiés par le décalage horaire, puis très vite, ils se détendent, plaisantent et laissent discrètement filtrer le respect (voire l’amitié) qu’ils ont les uns pour les autres.
Pour ce deuxième jour de compétition, on retrouve ainsi autour de David Fincher : Jake Gyllenhaal, Mark Ruffalo, Chloë Sevigny ainsi que Mike Medavoy, Arnold Messer, Brad Fisher et James Vanderbilt (producteurs et scénaristes). Tous viennent défendre un film long et complexe et tous en sont fiers. Seul Robert Downey Jr. – régulièrement décrié pour son mode de vie et ses « addictions » - manque à l’appel. Les absents ont toujours tort ? Pas cette fois, puisqu’on empruntera les mots de Jake Gyllenhaal : « Certains diront qu’il est fou, moi j’appelle ça du génie ».
On veut bien le croire…
Nos impressions…
C’est sa première fois à Cannes. Rien que pour ça, on a tous la pression pour lui. Pire : il se pointe avec un film de 2h30 sous le bras dont tout le monde, ou presque, connaît déjà la fin. La pression, on vous dit !
Parce qu’il est vrai, il faut bien l’avouer, Fincher, c’est un peu notre chouchou : l’orfèvre de l’image fâché avec les sujets simples (et qu’importe que certains le taxent d’ « esbroufe »), le surdoué ultra archi copié.
Cette fois, le malin nous provoquerait presque tant son Zodiac sent le projet aussi casse-gueule que génial : une histoire vraie, un serial killer impuni ayant traumatisé l’Amérique des 70’s, des vies brisées, un casting trop beau pour être vrai… Ça sent le soufre… ou le coup de maître.
Verdict ? Encore une fois, le réalisateur surprend et balance, au passage, la première claque du Festival.
Une mise en scène au couteau (qui s’en étonnerait ?) dont la sobriété masquerait presque la virtuosité (les prouesses techniques s’impriment dans la rétine sans qu’on en soit même conscient), une direction d’acteurs insultante de justesse servant un scénario d’une densité effrayante pour le grand écran, une vraie bande son comme on les aime, etc.
Ah non, c’est sûr, sur ce coup-là, David Fincher ne s’est pas loupé. Passé maître en suspense, il nous fait traverser décennies et crimes, enquêtes et désillusions avec une simplicité radicale. Jouant sans arrêt la balance entre thriller, slasher, film d’investigation ou long-métrage psycho-sociologique, le réalisateur de SEVEN s’attaque directement à notre intellect comme à nos peurs les plus primaires. On ne peut que l’en remercier. Tensions, frustrations, obsessions, la plongée est passionnante.
Décidemment, cette année sur la Croisette, la barre est haute. Très haute…
Au suivant !
Eléonore Guerra (Cannes, le 17 Mai 2007)