Disparition de Bertrand Tavernier, réalisateur et monument du cinéma français

Disparition de Bertrand Tavernier, réalisateur et monument du cinéma français

Avec le décès de Bertrand Tavernier à l'âge de 79 ans, le cinéma français perd un de ses plus beaux représentants et un cinéphile à l’appétit insatiable.

Bertrand Tavernier n'est plus

Nous apprenons avec une grande tristesse la disparition de Bertrand Tavernier, metteur en scène à la carrière magistrale et amoureux fou du cinéma. Les circonstances de son décès ne sont pour l'instant pas connues. Ses dernières apparitions publiques l'avaient néanmoins montré fatigué et amaigri. Il était âgé de 79 ans.

Découverte dans la douleur

Né en 1941, Bertrand Tavernier découvre réellement le cinéma lors d'un séjour dans un sanatorium où il est soigné contre la tuberculose. Cette passion ne le quittera jamais et le guide très vide à vouloir partager cet amour pour le septième art. Dès 1961, il monte un cinéclub avec d'autres passionnés. Il commence même à gagner sa vie en écrivant des piges pour Télérama et des critiques dans des magazines spécialisés. Ses premiers pas sur un plateau de cinéma se feront comme assistant de Jean-Pierre Melville, notamment sur Léon Morin, prêtre avec Jean-Paul Belmondo. Ses débuts de metteur en scène se feront en 1964 dans deux films à sketches : Les Baisers et La Chance et l'Amour.

Il mettra 10 avant de diriger son premier long-métrage : L'Horloger de Saint-Paul pour lequel il reçoit le Grand Prix du Jury du festival de Berlin. Sa carrière de réalisateur est bel et bien lancée et les honneurs n'en finiront plus de la glorifier.

L'Horloger de Saint-Paul
L'Horloger de Saint-Paul ©Lira Films

Rendre à César ce qui appartient à Tavernier

L'académie des César aimait Bertrand Tavernier et n'a jamais cessé de lui signifier, saluant ses longs-métrages année après année. Deux récompenses du meilleur réalisateur pour Que la fête commence et Capitaine Conan, une du meilleur scénario original pour Le Juge et l'assassin et de la meilleure adaptation pour Un Dimanche à la campagne. Un film qui lui valu également les honneurs du Festival de Cannes avec un prix de la mise en scène en 1984.

S'il était le chouchou des critiques et des festivals, il pouvait également compter sur le soutien du public. De L’Appât à Laissez-passer en passant par La Fille de D'Artagnan ou La Princesse de Montpensier, son cinéma était salué de beaux moments de partage avec les spectateurs.

La Princesse de Montpensier
La Princesse de Montpensier ©Studio Canal

Quai D'Orsay, son dernier long-métrage, était sorti en 2013. Cette adaptation de la bande-dessinée du même nom avait réuni plus de 713 000 fidèles dans les salles obscures.

Un érudit à la passion contagieuse

Bertrand Tavernier, en devenant réalisateur, n'en avait pas oublié de continuer à écrire sur le cinéma. En 1970, avec la collaboration de Jean-Pierre Coursodon, il publie 30 ans de cinéma américain. Cet ouvrage fort d'analyses poussées, de critiques et foisonnant d'anecdotes est considéré comme une bible sur le sujet en France. Il le réédite au grè des années, changeant alors de titre en 50 ans de cinéma américain. La sortie du centenaire était prévue pour 2020 mais n'a pour l'instant pas eu lieu. Elle devrait néanmoins trouver un jour le chemin des librairies de manière posthume.

Très apprécié par ses confrères et consoeurs à travers le monde, il avait également sorti en 1993 un livre d'entretiens avec des metteurs en scène ayant connu le succès outre-atlantique. Intitulé Amis américains : entretiens avec les grands auteurs d'Hollywood, il y parlait cinéma avec de grands noms comme John Ford, Stanley Donen ou Robert Altman. L'ouvrage s'est également enrichi avec les rééditions. La dernière compte notamment des entretiens avec Quentin Tarantino ou Alexander Payne.