First Man sur Netflix : ce discours qu’aurait prononcé Nixon en cas d’échec d’Apollo 11

Ils avaient tout prévu

First Man sur Netflix : ce discours qu’aurait prononcé Nixon en cas d’échec d’Apollo 11

Dans "First Man", Ryan Gosling pose le pied sur la lune devant la caméra de Damien Chazelle. Au cours d’une scène poignante et authentique, l’interprète de Neil Armstrong évoque les dangers de la mission Apollo 11. Et en cas d’échec, l’administration Nixon avait prévu un éloge funèbre.

First Man : portrait intime de Neil Armstrong

Après le triomphe de La La Land en 2017, Damien Chazelle retrouve Ryan Gosling un an plus tard pour First Man – Le premier homme sur la Lune. Le cinéaste confie au comédien le rôle de Neil Armstrong et retranscrit tout le cheminement de l’astronaute jusqu’à l’événement majeur du 20 juillet 1969.

Le long-métrage est l'adaptation de la biographie éponyme signée James R. Hansen, pour laquelle Neil Armstrong avait donné son accord avant son décès en août 2012. Il débute sur l’un des drames de la vie du pionnier de l’aviation et de sa compagne Janet (Claire Foy) : le décès de leur fille Karen, emportée par une tumeur au cerveau en 1962, à seulement deux ans et demi.

Une perte qui résonne tout au long du film et de laquelle découle une scène bouleversante au cours du final immersif et à couper le souffle. Silencieux et particulièrement rigoureux, Neil Armstrong n’évoque à aucun moment cette disparition. Il s'investit corps et âme dans son travail, qui devient une véritable échappatoire en plus d’être une vocation. S'il plonge le spectateur dans sa cellule familiale, First Man revient également sur son évolution au sein de la NASA ainsi que sur certains échecs de l’agence américaine, dont celui de la mission Gemini 8 ou le décès d’Ed White et de deux autres astronautes pendant un entraînement pour le programme Apollo 1.

First Man - Le premier homme sur la Lune
Neil Armstrong (Ryan Gosling) - First Man - Le premier homme sur la Lune © Universal Pictures

Corey Stoll, Jason Clarke, Kyle Chandler, Christopher Abbott, Ciarán Hinds, Lukas Haas et Pablo Schreiber complètent la distribution de cette œuvre spectaculaire récompensée par l’Oscar des Meilleurs effets visuels.

Ressentir le danger

L’une des volontés de Damien Chazelle sur First Man est de montrer à quel point les programmes de la NASA, à commencer par Apollo 11, sont périlleux. En se penchant sur la fastidieuse préparation de Neil Armstrong, mais aussi sur certains ratés, le cinéaste fait monter l’attente du spectateur jusqu’au décollage, filmé depuis l’intérieur du cockpit afin d’en saisir l’intensité. Interrogé par Premiere, le réalisateur déclare à ce sujet :

Ce qui nous intéressait, c’était de montrer à quel point cet objectif était dangereux. C’était dingue ! On sait que la mission a été un succès, que ces hommes ont vraiment marché sur la Lune, mais on voulait ramener le public à cette époque où voyager dans l’espace était un pari extrêmement risqué. Les astronautes devaient régler les problèmes petit à petit, ils se lançaient un pari fou sans avoir toutes les réponses. J’ai voulu raconter ça du point de vue de quelqu’un qui y était. Comment ont-ils fait ? Combien ça leur a coûté ? Plus je faisais de recherches sur le sujet plus j’étais abasourdi par la dangerosité de ce projet.

Une scène poignante

Des risques dont le méticuleux Neil Armstrong était évidemment conscient. Avant de partir pour l’alunissage et de prononcer l’une des phrases les plus emblématiques du XXe siècle sur l’astre, l’astronaute a une conversation avec ses fils Mark et Rick dans le long-métrage. Il leur explique que l’exploit qu’il est sur le point d’accomplir n’est pas sans danger. Un moment pour lequel les deux enfants de Neil Armstrong ont fait appel à leurs souvenirs, comme l’assure Rick auprès de USA Today :

Cette scène vient de nous. Donc ce que dit Ryan (Gosling) est à peu près ce dont je me souviens de cette conversation. (…) Quand il dit : 'Nous pensons que nous allons revenir, mais il y a un risque', c'est à peu près ce qu'il a dit.

L’éloge funèbre de l’administration Nixon

La Maison-Blanche avait d’ailleurs anticipé la possibilité d’une conclusion dramatique. Dans "l’éventualité d’un désastre lunaire", William Safire, alors chargé de relations publiques et de la rédaction des discours présidentiels, avait écrit un éloge funèbre pour Richard Nixon. Censé être prononcé à la télévision, ce texte affirme notamment :

Le destin a décrété que les hommes qui sont partis sur la Lune pour explorer en paix resteraient sur la Lune pour reposer en paix. (…) Ils seront pleurés par leurs familles et amis, ils seront pleurés par leur nation, ils seront pleurés par les gens du monde, ils seront pleurés par la Terre Mère qui a osé envoyer deux de ses fils vers l’inconnu.

William Safire avait également conseillé au président des États-Unis de joindre les veuves des astronautes. Mais le grand pas pour l’humanité a été la réussite que l'on connaît et ces lignes sont longtemps restées confidentielles, jusqu’à leur publication dans le New York Times en 1999.