La Rafle : la polémique que le film aurait pu éviter

Un film bouleversant

La Rafle : la polémique que le film aurait pu éviter

Sorti en 2010, "La Rafle" fait partie des rares films historiques français qui ont tenu à retracer les évènements dramatiques de la rafle du Vél' d'Hiv', survenu le 16 et 17 juillet 1942. Toutefois, si le film n'a pas suffisamment convaincu la critique, il a surtout fait parler suite aux propos de sa réalisatrice Roselyne Bosch lors d'une interview.

Un évènement tragique

Un petit rappel, pour ceux qui auraient dormi en cours d'histoire-géo : la rafle du Vel d'Hiv intervient au milieu de la Seconde Guerre Mondiale, lorsque la France est occupée par l'Allemagne Nazie. Durant cette période, le Troisième Reich met en place sa politique d'extermination des Juifs. Par conséquent, il ordonne au gouvernement de Vichy d'organiser une opération d'arrestation massive des populations juives vivant en France. C'est ainsi que les 16 et 17 Juillet 1942, plus de treize mille personnes sont arrêtées et consignées au Vélodrome d'Hiver, avant d'être embarqués dans les trains de la mort qui les mèneront aux camps d'extermination.

La Rafle du Vel d'Hiv' est jusqu'à aujourd'hui, un évènement qui pèse lourd sur la conscience des français. En effet, le pays a une responsabilité lourde dans cette affaire. Si Charles de Gaulle et François Miterrand ont estimé que la France ne devait pas être confondue avec le Régime de Vichy, Jacques Chirac, a lui, reconnu la responsabilité de l'Etat Français dans son ensemble. Le sujet est donc toujours débattu, que ce soit du côté des politiques, et celui des historiens.

La Rafle est seulement le troisième long-métrage à faire référence à cet évènement. Au casting, on retrouve des valeurs sures du cinéma français tels que Mélanie Laurent, Jean Reno ou encore Sylvie Testud. Le film voit même l'une des premières apparitions sur grand écran d'une future grande star : Adèle Exarchopoulos.

La réalisatrice fait un parallèle douteux

A sa sortie, La Rafle a réalisé un bon score au box-office, avec près de trois millions d'entrées. Du côté de la critique, elles ne s'est pas montrée très tendre sur le film. De manière indirecte, la réalisatrice Roselyne Bosch est revenue sur ces critiques, lors d'un entretien dans la revue Les Années Laser. Seulement, elle s'est permis un parallèle surprenant entre ceux qui n'auraient pas aimé le film... et Adolf Hitler ! :

Je me méfie de toute personne qui ne pleure pas en voyant le film. Il lui manque un gène : celui de la compassion. On pleure pendant La Rafle parce que… on ne peut que pleurer. Sauf si on est un "enfant gâté" de l’époque, sauf si on se délecte du cynisme au cinéma, sauf si on considère que les émotions humaines sont une abomination ou une faiblesse. C’est du reste ce que pensait Hitler : que les émotions sont de la sensiblerie. Il est intéressant de voir que ces pisse-froid rejoignent Hitler en esprit, non ? En tout cas, s’il y a une guerre, je n’aimerais pas être dans la même tranchée que ceux qui trouvent qu’il y a « trop » d’émotion dans La Rafle.

Sans surprise, ce passage a créé un tollé général dans la presse et sur plusieurs médias web. Ainsi, certains magazines comme Liberation et les Inrocks expriment vivement leur indignation devant les comparaisons jugées hasardeuses de la réalisatrice. Sur le site Overblog, un internaute est même allé plus loin en faisant une critique incendiaire du film et des paroles de la réalisatrice. Suite à cela, Bosch tentera par voie de justice de retirer cette critique. Malheureusement pour elle, elle n'obtiendra pas gain de cause au tribunal.

En 2011, sur le site Allocinéelle nuancera malgré tout ses propos précédents en assurant qu'elle souhaitait juste mettre en garde contre la montée du cynisme et le manque croissant d'émotion, dans une période où les extrêmes politiques montent :

Je regrette le recul de la "bienveillance", et le fait qu’on tourne en ridicule les émotions.