L'affaire Dominici : l'adaptation d'une sordide histoire vraie avec Jean Gabin

Un fait divers retentissant

L'affaire Dominici : l'adaptation d'une sordide histoire vraie avec Jean Gabin

Sorti en 1973, "L'Affaire Dominici" est l'un des derniers rôles d'un acteur majeur du cinéma français : Jean Gabin. Pour les exigences d'un rôle très complexe, et l'adaptation d'un sordide fait divers, ce dernier s'est minutieusement préparé.

Une terrible histoire vraie

Pour ceux qui l'ignorent, l'affaire Dominici est une affaire criminelle survenue dans le sud de la France au début des années 50. En effet, dans la nuit du 4 au 5 août 1952, une famille de touristes anglais est brutalement assassinée. Le meurtre a lieu près de la ferme de la famille Dominici. Rapidement, Gaston Dominici, le patriarche, est accusé du triple crime. Par conséquent, après une série de contradictions, de mensonges et de rebondissements en tout genre, il est inculpé et condamné à la suite d'un procès rocambolesque. En effet, cette affaire va prendre des allures de règlements de compte familiaux entre Gaston et ses propres enfants. Surtout, le patriarche sera condamné à la peine de mort sans preuves réellement concrètes de sa culpabilité.

Par la suite, une contre-enquête sera réalisée. Après 4 ans d'une affaire qui aura tout dit et son contraire, un non-lieu sera prononcé le 13 Novembre 1956. Cette affaire touchera même le sommet de l'État puisque le président Coty va commuer la peine de Gaston Dominici en 1957, avant que le Général de Gaulle ne le gracie trois ans plus tard. On ne saura jamais l'implication réelle ou non de Gaston et de ses enfants dans ce triple meurtre. Dès lors, plus de 60 ans après cette affaire, les rumeurs et hypothèses n'ont cessé de pleuvoir. Une aubaine pour les producteurs de cinéma...

Jean Gabin dans un de ses derniers rôles marquants

L'Affaire Dominici, réalisé par Claude Bernard-Aubert, est le premier film qui s'inspire de ce fait divers. Pour l'occasion, le metteur en scène a tenu à reconstituer cette affaire de la manière la plus authentique possible. Par exemple, certaines scènes ont été tournées non loin de la scène du crime !  Au cours de la promotion du film, il va d'ailleurs déclarer :

C’était à ma connaissance, le seul cas où un homme accusé d’un triple meurtre et du massacre d’un enfant, condamné à mort par une cour de justice, pouvait six ans après le jugement rentrer chez lui libre et fêté, et mourir dans son lit. Ce film que je viens de réaliser est une relation objective d’une enquête mal faite qui débouche sur un procès mal conduit. Les livres publiés sur le sujet concluent tous à la culpabilité de Gaston Dominici. En me servant des mêmes éléments et des mêmes informations qu’utilisent les auteurs, il m’a été impossible d’arriver à la même conclusion.

Interpréter Gaston Dominici fut très difficile pour Jean Gabin.  En effet, initialement réticent pour jouer ce rôle, il accepta finalement de devenir le présumé meurtrier. Convaincu que Dominici n'etait absolument pas coupable dans cette affaire, il a lu le livre de Jean Giono intitulé Notes de l'affaire Dominici, suivies d'un essai sur le caractère des personnages. Cela l'a grandement aidé dans la préparation du rôle. Par exemple, sur la base de l'ouvrage, il fit en sorte d'adopter un accent provincial. Il influença également son interprétation, Dominici étant décrit comme un homme bourru, peu loquace et au vocabulaire "du cru".

affaire dominici
L'affaire Dominici © René Chateau vidéo

D'autres adaptations ont vu le jour

Le film de 1973 n'est pas le seul à être revenu sur cette affaire. En effet, le film a connu plusieurs adaptations théatrâles. De nombreux documentaires télévisés sont également revenus sur l'Affaire Dominici. En 2003, un téléfilm avec Michel Serrault dans le rôle de Gaston, a été diffusé à la télévision. Toutefois, celui-c- semblait accréditer la thèse selon laquelle les services secrets du KGB étaient impliqués dans ce meurtre ! Enfin, le grand Orson Welles lui-même avait commencé à réaliser un documentaire sur cette histoire. Malheureusement, il n'a jamais pu l'achever...