Ce soir à la TV : la pire blessure de la carrière de Clint Eastwood

Ce soir à la TV : la pire blessure de la carrière de Clint Eastwood

Dans "Pale Rider, le cavalier solitaire", Clint Eastwood prête ses traits à un justicier énigmatique. Si ce héros affronte ses ennemis sans ciller, son interprète a connu davantage de complications durant le tournage, dues à un accident de cheval. Le film est à (re)voir ce soir sur France 3.

Pale Rider : un retour triomphant au western

Lorsqu’il entame le tournage de Pale Rider, le cavalier solitaire à l’automne 1984, dans les montagnes de l’Idaho, Clint Eastwood revient au genre qui l’a révélé et duquel il s’est écarté pendant huit ans. Depuis 1976 et Josey Wales hors-la-loi, le réalisateur et comédien ne s’est plus aventuré du côté du western, si ce n'est avec le contemporain Bronco Billy.

Pour cette nouvelle incursion, le cinéaste signe un film à la croisée de deux références. En adoptant le point de vue d’une adolescente à la place de celui d’un petit garçon, et en opposant des mineurs à des orpailleurs au lieu de fermiers résistant à des ranchers, le long-métrage s’inspire ouvertement de L’Homme des vallées perdues.

À l’instar du personnage de Shane incarné par Alan Ladd dans le classique de George Stevens, un énigmatique Prêcheur apparaît soudainement en Californie pour venir en aide à une communauté opprimée. Et l'entrée en scène, le passé trouble et l’absence d’identité de ce justicier revenu d'entre les morts - comme le laissent supposer ses cicatrices - évoquent le personnage principal de L’Homme des hautes plaines, premier western mis en scène et également porté par Clint Eastwood en 1973.

Pale Rider
Pale Rider © Warner Bros.

Michael Moriarty, Carrie Snodgress, Sydney Penny, Chris Penn, Richard Kiel, Richard Dysart et John Russell complètent la distribution de Pale Rider. Après l’accueil frileux de la comédie Haut les flingues !, le film permet à sa tête d'affiche de renouer avec la critique. Le Time Magazine va même jusqu’à qualifier la star d’"icône américaine" lors de la sortie.

L’exploration d’un mythe

Il faut dire que le Prêcheur, que Clint Eastwood décrit comme un "fantôme", finit d’ériger son interprète en figure incontournable et mythique du western après ses collaborations avec Sergio Leone sur la Trilogie du dollar. Un mythe que le cinéaste déconstruira pièce par pièce en 1992 avec Impitoyable, en s’intéressant notamment aux marques laissées par la violence et en remettant en cause la notion de légende.

Débarquant en pleine récitation de l’arrivée des Quatre Cavaliers de l’Apocalypse, le Prêcheur symbolise la mort. Il l'inflige d'ailleurs à ses ennemis sans ciller et sans la moindre difficulté. À l’inverse de l’Étranger cynique et ultra violent de L’Homme des hautes plaines ou du caporal nordiste dans Les Proies, le personnage fait preuve de bienveillance auprès des chercheurs d’or. S’il ne manque pas d’ambiguïté et de mystère, il s’impose comme un héros solitaire, invisible et quasiment surnaturel, œuvrant à la fois par bonté d’âme mais aussi pour assouvir une vengeance secrète.

"La pire blessure de la carrière" de Clint Eastwood

À l’écran, le cavalier solitaire ne semble à aucun moment en danger dans Pale Rider. Mais en coulisses, les choses ne sont pas aussi simples pour Clint Eastwood. Au cours d’une interview accordée à la National Public Radio en 2008 pour la promotion de Gran Torino, le réalisateur et comédien est interrogé sur "la pire blessure de sa carrière", liée à "une bagarre ou une cascade". Il déclare alors à propos d’un incident survenu sur le tournage du western :

Je pense que le pire, c’est une épaule disloquée, mais ce n’était pas à cause d’une cascade. J’étais à cheval sur un champ de glace, et les sabots du cheval ont traversé la glace, il a fait une roulade et j’ai été éjecté. J’ai atterri sur des rochers et j’ai eu une épaule disloquée. C’était le dernier plan de la journée, et c’était le bon moment pour que ce soit le dernier plan. Le pire, c’est que j’ai dû m’asseoir dans une camionnette et rouler pendant environ une heure, une heure et demie, pour me rendre à l’hôpital et la remettre en place. C’était donc un long trajet.

Ce qui n’empêche pas Clint Eastwood de continuer à travailler, poursuivant les prises de vues en se servant essentiellement de sa main gauche.