Prometheus : comment le film se connecte-t-il à la saga Alien ?

Prometheus : comment le film se connecte-t-il à la saga Alien ?

15 ans après un quatrième opus qui divise, Ridley Scott réactive la saga Alien avec "Prometheus". Un film qui fait office de préquel mais qui veut initier une nouvelle mythologie. Une tentative qui ne plaît à tout le monde. Retour sur les connexions qui permettent de le rattacher à "Alien : Le Huitième passager."

Prometheus : le retour de Ridley Scott dans la franchise Alien

Il faudrait être fou pour contester l'importance d'un film comme Alien : Le Huitième passager. Ridley Scott pourra se vanter, jusqu'à la fin, d'avoir successivement délivré deux oeuvres majeures de science-fiction avec ce premier Alien puis Blade Runner. Cependant, il laisse ensuite sa créature entre les mains d'autres réalisateurs. James Cameron, David Fincher puis Jean-Pierre Jeunet. Mais voilà que des années après, l'envie d'approfondir cette mythologie le titille un peu trop. C'est de là que vient au monde Prometheus, un projet compliqué qui débute sur un postulat assez similaire au Huitième passager. Un équipage débarque sur une planète et rien ne préparait ses aventuriers à ce qu'ils vont découvrir. Si l'Alien original est un film d'horreur claustro qui vous prend aux tripes, Prometheus se rêve en grand film cérébral qui tend à réinventer la mythologie au lieu de réellement la compléter.

Il y a indubitablement un problème avec ce Prometheus, qui trouve peut-être son origine dans les remaniements du scénario. Jon Spaihts signe plusieurs versions et Damon Lindelof se voit ensuite sollicité pour corriger le tout, en apportant d'autres idées dans une structure jugée intéressante par le metteur en scène. Au tout début, Ridley Scott voulait faire un préquel à son Alien, pour révéler au public des choses sur le space jokey, cette entité alien fossilisée qui aurait été touchée par chestburster (la version embryonnaire de l'Alien qui sévira par la suite). L'idée, séduisante, nous intéresse. Mais le projet dérive et Scott se laisse submerger par des ambitions démesurées : ne pas oublier Alien mais incorporer cette partie dans un univers beaucoup plus ample, avec des thématiques inexplorées.

Prometheus dimanche 20 septembre sur W9 : comment le film se connecte-t-il à la saga Alien ?

Un préquel ? Oui et non

Moins un préquel que ce qu'il devait être au départ, Prometheus reste connecté à Alien. Avant de préciser où le film installe ses liens, on précise que l'intrigue se passe environ une trentaine d'années avant le carnage du xénomorphe à bord du NostromoUne confusion peut exister mais la planète n'est pas du tout la même. Ripley et ses camarades accostaient sur LV-426, quand il est question ici de LV-223. Rien que dans ce positionnement temporel et géographique, il y a une volonté de jouer une nouvelle partition.

Dans le scénario, deux principaux éléments viennent justifier le lien avec Alien. Le space jokey, principalement, est LA pièce qui permet à Ridley Scott d'amorcer sa réinvention de l'univers. On avait pu le voir dans le premier film mais sans que des informations sur lui ne soient données. Là, on découvre qu'il est le membre d'un peuple responsable de la création de l'humanité. Rien que ça. La scène d'ouverture nous montre cette figure extraterrestre en train de visiter une Terre vierge. Touchée par une substance noire, il meurt et répand son ADN dans l'eau. Le space jokey, qui était une sorte de relique jusqu'ici, se voit transformé dans Prometheus en un être fondateur et laisse pénétrer dans la saga un discours sur la création.

Prometheus dimanche 20 septembre sur W9 : comment le film se connecte-t-il à la saga Alien ?

Une direction assez surprenante, qui n'avait jamais été prise par aucun des films. Les créatures et la mythologie en général n'ont jamais bénéficié d'explications très profondes. Quelques ajouts ont parfois surenchéri (la reine, l'hybride de Résurrection) sans chercher à donner du sens au xénormorphe originel. On peut légitimement s'étonner de voir la franchise s'intellectualiser autant avec une prétention plombante, sans parvenir à rendre satisfaisante la filiation. Car même quand un petit xénomorphe, le Deacon, pointe le bout du nez à la fin de Prometheus, on y voit là un raccordement expéditif pour faire plaisir aux fans qui voulaient un Alien à l'écran. On a l'impression que le film n'assume pas son indépendance (alors qu'il la confirme constamment) et cherche gauchement à appâter les fans de la première heure pour se fabriquer une raison d'exister.

Ridley Scott, conscient qu'il a laissé une partie du public sur le côté avec Prometheus, va essayer de revenir à une formule qui ressemble à celle d'Alien avec Covenant. Un film qui, là aussi, accumule les détracteurs. Le scénario prolonge les pensées métaphysiques de Prometheus (grâce au personnage de David) mais revient à une horreur que l'on connaît, avec une bestiole visqueuse qui traque et tue des gens.