The Lost City of Z : cette polémique balayée par James Gray

Un débat qui n’existe pas pour James Gray

The Lost City of Z : cette polémique balayée par James Gray

Film d’aventure poignant sur la soif de découverte et la complexité des rapports familiaux, "The Lost City of Z" retrace de façon romancée la vie de Percy Fawcett, disparu en 1925 dans la jungle amazonienne. Si elle ne se veut pas véridique, cette vision a révolté des explorateurs britanniques, qui ont fustigé le long-métrage de James Gray à sa sortie.

The Lost City of Z : la mystérieuse cité d’or

Après The Immigrant, James Gray se penche à nouveau sur le début du XXe siècle mais remonte cette fois-ci une vingtaine d’années plus tôt, quittant Ellis Island et New York pour le Royaume-Uni et l’Amazonie. Adaptation du roman éponyme de David Grann, The Lost City of Z s’ouvre au début des années 1900.

Souffrant de l’image laissée par son père, alcoolique et joueur invétéré, le major Percy Fawcett (Charlie Hunnam) est rejeté par l'élite britannique. Désireux d’offrir une meilleure réputation à sa famille, le militaire trouve l’occasion de défendre son honneur lorsqu’il est approché par la Royal Geographic Society de Londres. Cette dernière lui confie une mission périlleuse : cartographier la frontière entre la Bolivie et le Brésil. Il quitte sa femme Nina (Sienna Miller) et leur famille pour s’aventurer dans des terres inexplorées par les sociétés occidentales, épaulé par son fidèle aide de camp Henry Costin (Robert Pattinson).

Pendant sa traversée du Rio Verde, Fawcett entend parler d’une cité perdue qui serait couverte d’or. L’explorateur devient peu à peu animé par le besoin de la découvrir. Cette envie se renforce quand il met la main sur des vestiges d’une ancienne civilisation dans la jungle. En parallèle, il est tiraillé par le fait d’avoir laissé son épouse et de ne pas voir grandir ses enfants.

L’aventure selon James Gray

Film d’aventure sublime magnifié par la photographie signée Darius Khondji, The Lost City of Z permet à James Gray de continuer à fouiller son thème de prédilection. En plus de dresser le portrait d’un homme à la volonté et la discipline inébranlables, porté par une soif de découverte hors du commun, le réalisateur s’intéresse une nouvelle fois au poids et à l’importance des relations familiales. Un exercice auquel il s’essaiera par la suite sous l’angle de la science-fiction avec Ad Astra. En lisant l’ouvrage de David Grann, le cinéaste s’est avant tout senti attiré par les contradictions de l’explorateur disparu en 1925, qui a notamment inspiré Indiana Jones.

The Lost City of Z
The Lost City of Z ©Studiocanal

Le long-métrage offre donc une vision subjective et romancée de la vie de Percy Fawcett. James Gray n’a jamais prétendu rechercher une véracité à tout prix dans sa retranscription des faits. Son film a tout de même subi des critiques à ce sujet lors de sa sortie en 2017. Dans The Lost City of Z, l’aventurier est présenté comme un homme bienveillant. Il est conscient de l’arrogance de sa société vis-à-vis des peuples qu’il tente d’approcher. Une image totalement fausse d’après les explorateurs et historiens John Hemming et Hugh Thomson, qui le décrivent comme un fou et un raciste dans les colonnes de The Spectator et de l’Evening Standard.

Un débat qui n’existe pas

Des attaques qui n’ont aucun sens selon le réalisateur. Ce dernier reconnaît que Percy Fawcett était effectivement raciste et réplique, auprès du site Inverse :

Ce qu’ils soutiennent est tellement absurde et idiot, parce que je ne fais pas de documentaire. (…) Le but de cette entreprise n’est pas de faire en sorte que tous les faits soient corrects, et d’ailleurs, vous ne pourriez pas le faire même si vous le vouliez. (…) Parce que la connaissance que nous avons de Percy Fawcett est basée sur une poignée de choses de la Royal Geographic Society, et du livre Exploration Fawcett, qui reprend ses carnets. Et nous ne savons pas à quel point ils ont été trafiqués par Brian Fawcett, son fils (qui les a publiés).

The Lost City of Z
The Lost City of Z ©Studiocanal

Dans leurs affronts, John Hemming et Hugh Thomson assurent également que les exploits de Fawcett auraient été exagérés dans l’ouvrage de David Grann, puis dans le long-métrage. Le premier désigne l’aventurier comme "un incompétent dont la seule compétence était l’arpentage". L'écrivain affirme aussi qu’il serait responsable de nombreuses morts. Ce à quoi le cinéaste répond, mettant un terme au débat :

Est-ce que quand vous regardez Raging Bull, vous vous dites que ce film est une merde parce que le personnage du frère de Jake LaMotta s’inspire de son frère et de son manager ? Qui fait ça ? Quelle personne dotée d’un cerveau ferait ça ? Je renoncerai à toutes mes critiques envers les auteurs de ces articles s’ils vont aux représentations de Richard III et qu’ils huent Shakespeare pour ses inexactitudes historiques.