Un raccourci dans le temps : pourquoi le film était considéré comme "irréalisable" ?

Une oeuvre controversée

Un raccourci dans le temps : pourquoi le film était considéré comme "irréalisable" ?

Après sa publication, l'ouvrage "Un raccourci dans le temps" a fait l'objet de plusieurs controverses. Des polémiques en raison desquelles une adaptation était jugée infaisable.

Un raccourci dans le temps : un voyage dans l'univers

Après Selma et le documentaire Le 13e, la réalisatrice Ava DuVernay change de registre et s'associe avec Disney pour Un raccourci dans le temps. Sorti en 2018, le film mêle science et féérie pour délivrer un message universel.

Le long-métrage raconte l'histoire de la jeune Meg Murry (Storm Reid). Alors que son père Alex (Chris Pine) travaille avec sa mère Kate (Gugu Mbatha-Raw) sur un tesseract permettant de voyager dans l'univers, il disparaît soudainement. Quatre ans plus tard, Meg voit débarquer dans sa vie trois êtres dotés de pouvoirs : Mme Quiproquo (Reese Witherspoon), Mme Quidam (Oprah Winfrey) et Mme Qui (Mindy Kaling).

Un raccourci dans le temps
Un raccourci dans le temps ©Walt Disney Studios Motion Pictures

Ces entités lui révèlent que son père n'est pas mort et qu'il se serait retrouvé propulsé par erreur sur une autre planète. Débute alors un long périple marqué par des découvertes merveilleuses et de nombreux dangers pour l'héroïne, accompagnée de son petit frère Charles Wallace (Deric McCabe) et de son ami Calvin (Levi Miller).

Zach Galifianakis, Michael Peña, André Holland et David Oyelowo complètent la distribution d'Un raccourci dans le temps. Le film ne rencontre pas le succès espéré, ne récoltant que 132,6 millions de dollars de recettes mondiales pour un budget estimé à plus de 100 millions.

Une publication compliquée

Le long-métrage est l'adaptation du roman éponyme de Madeleine L'Engle, publié en 1962. Pendant des années, une transposition à l'écran est jugée impossible, notamment pour des raisons techniques. Un centaure volant ainsi qu'un alien doté de nombreuses tentacules figurent par exemple dans l'ouvrage, dans lequel les héros explorent par ailleurs des planètes tour à tour chaleureuses et inquiétantes à l'esthétique particulièrement prononcée, qui nécessitent une production et des effets spéciaux ambitieux.

L'autre raison pour laquelle le fait d'adapter Un raccourci dans le temps se révèle périlleux est l'aspect religieux du matériau d'origine. Avant que la maison Farrar, Straus & Giroux n'accepte d'éditer son roman, Madeleine L'Engle reçoit pas moins de 26 refus, selon le site CBC News. Après sa parution, les choses se compliquent encore plus. De nombreuses écoles, librairies et églises américaines bannissent le livre, ce qui n'affecte néanmoins pas ses ventes. En 2012, lors de son cinquantième anniversaire, l'ouvrage s'est écoulé à plus de dix millions d'exemplaires dans le monde entier.

Un raccourci dans le temps
Un raccourci dans le temps ©Walt Disney Studios Motion Pictures

Une oeuvre controversée

Un raccourci dans le temps multiplie les références bibliques. Bon nombre de ses détracteurs l'accusent cependant d'aller à l'encontre de la foi religieuse et de faire la promotion de la sorcellerie, voire même de forces occultes. Des attaques auxquelles Madeleine L'Engle répond en 2001, en déclarant au New York Times :

Il semblerait que des gens condamnent le livre sans même l'avoir lu. Ces absurdités sur la sorcellerie... J'ai d'abord été horrifiée, puis en colère, et finalement je me suis dit : 'Ah, tant pis. C'est une excellente publicité, vraiment'.

Parmi les passages les plus controversés se trouve celui où Jésus est nommé aux côtés de Gandhi, Bouddha, Léonard de Vinci, William Shakespeare et Albert Einstein parmi les forces lumineuses ayant lutté contre les ténèbres. Un épisode qui bafouerait la divinité du Christ. À l'inverse, d'autres critiques affirment que le symbolisme religieux de l'ouvrage est bien trop lourd, Madeleine L'Engle étant elle-même chrétienne.

Une adaptation risquée

Un historique qui a logiquement rendu le processus d'adaptation compliqué. Pendant des années, un long-métrage Un raccourci dans le temps est qualifié d'"irréalisable". En 2003, Disney livre un téléfilm basé sur le roman intitulé Les Aventuriers des mondes fantastiques, fustigé par Madeleine L'Engle.

Pour sa deuxième tentative, la firme fait appel à la scénariste Jennifer Lee (La Reine des neiges, Les Mondes de Ralph). Cette dernière occulte la dimension religieuse du récit afin d'éviter toute polémique. Interrogée par Uproxx, elle explique à ce sujet :

Je pense qu'il y a de nombreux éléments qu'elle (Madeleine L'Engle, ndlr) a écrits sur lesquels nous avons progressé en tant que société et nous pouvons nous concentrer sur d'autres éléments. D'une triste manière, d'autres éléments sont aujourd'hui beaucoup plus importants, comme ce combat de la lumière contre les ténèbres.