Zero Dark Thirty : pourquoi le film a fait polémique lors de sa sortie ?

Zero Dark Thirty : pourquoi le film a fait polémique lors de sa sortie ?

Cinq nominations aux Oscars 2013, pour une seule récompense. Il va sans dire que "Zero Dark Thirty" fut un film largement plébiscité par les critiques pour la mise en scène fiévreuse de Kathryn Bigelow, ainsi que la performance magnétique de Jessica Chastain. Pourtant, le film n'a pas échappé à certains retours plus que contestés. Focus...

À la poursuite d'Oussama Ben Laden

Zero Dark Thirty prend pour contexte l'après-11 Septembre. Ainsi, on suit une unité des forces spéciales américaines qui met tout en œuvre pour débusquer et neutraliser Oussama Ben Laden. Au sein de cette équipe, on retrouve Maya, jeune agent fraichement recrutée par la CIA en 2003. Durant 8 ans, cette dernière va traquer sans relâche le principal commanditaire des attentats qui ont fait s'effondrer les Deux Tours du World Trade Center en 2001.

Avec un titre qui correspond au code militaire indiquant l'heure du lancement de l'opération Neptune's Spear (nom du raid final lancé sur l'ex-chef d'Al Qaida), Zero Dark Thirty tente de coller au plus près des évènements réels. En effet, le scénario de Kathryn Bigelow est écrit depuis plusieurs années en s'appuyant sur une documentation très détaillée. Par ailleurs, le film devait uniquement raconter la traque d'Oussama Ben Laden par l'armée américaine. Seulement, la nouvelle de sa mort a poussé les scénaristes à remanier l'histoire du film. À noter également que le repère de Ben Laden a été entièrement construit et recréé quasiment à l'identique.

Zero Dark Thirty sur Arte : pourquoi le film a fait polémique lors de sa sortie ?

Un film pro-torture ?

Zero Dark Thirty n'est pas un film tendre. En effet, certaines scènes peuvent être particulièrement choquantes… À commencer par les interrogatoires musclés des soldats américains. Ainsi, plusieurs scènes de torture, notamment de simulation de noyade (« waterboarding ») sont présentes et laissent penser que ce genre de méthodes seules était parfaitement légitime pour trouver Ben Laden. Certaines voix comme celle du sénateur John McCain (ancien candidat à la présidence) s'en sont violemment prises à Bigelow. La commission du Renseignement finit même par ouvrir une enquête pour savoir si la cinéaste a eu accès à des documents classés "Secret Défense". Quant au directeur de la CIA de l'époque, Michael Morell, il ne s'est pas non plus montré très sympathique envers le long-métrage :

Le film crée la forte impression que les techniques d’interrogatoire renforcées, qui faisaient partie de notre ancien programme de détention et d’interrogation, ont été des éléments clés pour trouver Ben Laden. Cette impression est erronée.

Dans ce brouhaha médiatique, l'opinion publique finit par croire que la réalisatrice est pro-torture. Elle décide alors de se défendre lors d'une longue tribune parue dans le Los Angeles Times. On retiendra notamment :

Je pense qu’Oussama ben Laden a été trouvé grâce à un ingénieux travail d’investigation. Cependant, la torture, comme nous le savons tous, a été employée durant les premières années de la traque. Cela ne veut pas dire que cela a été la clé menant à Ben Laden. Cela veut dire que c’est une partie de l’histoire que nous ne pouvons pas ignorer. (...) Je me demande si certaines des critiques adressées au film ne devraient pas plutôt être dirigées contre ceux qui ont institué et ordonné ces politiques américaines, et non contre le film qui porte l’histoire à l’écran.

Zero Dark Thirty sur Arte : pourquoi le film a fait polémique lors de sa sortie ?

Un film Pro-Obama ?

L'autre critique du film (moins virulente, toutefois) porte sur le fait que le film donnerait indirectement le beau rôle au Président en exercice de l'époque : Barack Obama. En effet, il faut rappeler que l'ex-chef d'Etat américain avait supervisé l'assaut qui a abouti à l'assassinat du chef du réseau terroriste Al-Qaïda. Etant donné que le film dépeint la traque et la fin de ce dernier (historiquement inexacte, par ailleurs), le film a donc été taxé de propagande pro-Obama. À cela, il est d'ailleurs à noter que sa première sortie était le 19 décembre 2012, en pleine période électorale ! Le distributeur a donc décidé de repousser la date de sortie à janvier 2013, après les fêtes et près de la date de la cérémonie des Oscars pour qu'il puisse être nominé.

Alors, film patriotique ou film dénonciateur des méthodes adoptées par les grandes institutions ? À vous de vous faire votre propre idée en (re)visionnant le film.