Plaire, aimer et courir vite : un témoignage fort de Christophe Honoré

Plaire, aimer et courir vite : un témoignage fort de Christophe Honoré

CRITIQUE FILM - Le dernier film de Christophe Honoré, en compétition à Cannes, sort le 10 mai sur les écrans. À travers le témoignage de sa jeunesse, il dévoile une réalité poignante des années 90.

Plaire, aimer et courir vite, le nouveau film de Christophe Honoré, présenté au Festival de Cannes, expose la difficile réalité des homosexuelles dans les années 90. Il lève le voile sur la solitude des victimes du sida, de la souffrance silencieuse que cela amène et d’une volonté de vivre toujours intensément. Sans nul doute une œuvre qui a le mérite d’ouvrir l’esprit.

Plaire, aimer et courir vite relate la rencontre entre un jeune homme qui habite Rennes, dont la vie sentimentale tangue entre homme et femme et entre Rennes et Paris. Et un écrivain qui se sait condamné par le Sida et qui se bat silencieusement pour vivre toujours.

Un film au propos très fort et qui lève le voile sur une souffrance

Plaire, aimer et courir vite est un film très autobiographique, Christophe Honoré y évoque sa jeunesse, ses fantasmes, ses désirs, ses rêves. Mais son témoignage présente également une réalité très dure des années 90. À cette période, l’épidémie du Sida fait rage et emporte beaucoup de victimes. Le réalisateur montre tout en sobriété à quel point la mort dans l’indifférence de certains homosexuels représente une souffrance silencieuse. Certain de ces personnages qui se savent condamnés recherche comment et où partir et évoque la dure réalité de l’époque : mourir loin de ceux qui les ont rejetés à commencé par leurs parents. Christophe Honoré décrit ainsi, sans jamais en faire trop, une réalité poignante.

Cette vérité va de pair avec un autre combat, parfaitement personnifié par le rôle de Jacques (Pierre Deladonchamps), continuer à vivre. En effet l'écrivain qui se sait condamné, voit autour des lui des amis mourir et se bat toujours pour garder goût à la vie.

Un personnage sublime interprété par Pierre Deladonchamps

Le personnage de Jacques, un écrivain parisien atteint du Sida, s’avère central dans le film. Sans jamais être très démonstratif, ce personnage se bat jusqu’à la dernière minute.

Son combat se matérialise par son corps qui veut continuer d’évoluer et de vivre. C’est ainsi que l’écrivain fait la connaissance d’Arthur, un jeune étudiant dans la fleur de l’âge et qui n’aspire qu’à une seule chose : vivre intensément. Dans Plaire, aimer et courir vite renoncer à voir Arthur se révèle comme renoncer à la vie, et Jacques ne parvient pas à s’y résigner.

Pierre Deladonchamps interprète ici un véritable combattant touchant et fort. Il se bat contre la mort qui se rappelle constamment à lui. À l’image, le corps de ce personnage véhicule très bien ce combat. En effet, il a un corps plus robuste qu’il n’y paraît. Son corps continue d’évoluer sans montrer qu’il est atteint par la maladie. Un corps qui continue de profiter des plaisirs charnels, malgré les peines et les douleurs.

Vincent Lacoste, le visage de la jeunesse

Belle gueule, drôle, démarche un brin « je m’en fous ». Le personnage d’Arthur (Vincent Lacoste) pourrait se résumer à cette phrase : « Je vis ma vie et je vous emmerde. »

Vincent Lacoste personnifie parfaitement la jeunesse, son envie de vivre et son désir d’intensité. Il est par moment drôle, par moment grave, mais toujours dans une forme de légèreté continuellement rafraîchissante. Cette belle gueule du cinéma français donne toujours autant de plaisir au spectateur. Ainsi, il donne beaucoup d’attachement et de crédibilité à son rôle. Un personnage qui ne veut pas se prendre la tête, qui veut vivre, mais qui n’en a pas moins un regard lucide sur son époque.

Une performance très réussie, seul inconvénient, qui n’est pas à imputer au film (ni peut-être à lui), personne n’est surpris de la voir dans ce type de rôle. Ce pourrait être très intéressant pour son public de le découvrir dans un personnage où il ne serait pas attendu. Un endroit plus insoupçonné où il serait autre chose qu’un jeune homme à belle gueule. Imaginez un jour Vincent Lacoste jouer un vrai bon méchant, un bon salaud obscur. Ce pourrait être très jouissif de voir son talent s’exprimer dans ces endroits.

Pour conclure, Plaire, aimer et courir vite est un film très réussi, mais pas seulement, c’est aussi un film utile. Car il montre une réalité et une souffrance pas toujours connue et qui a le mérite d’ouvrir l’esprit. Indéniablement, un film a recommandé à madame Boutin.

Plaire, aimer et courir vite, en salle le 10 mai, ci-dessus la bande annonce

Conclusion

Note de la rédaction

Un film fort et poignant, un film qui ouvre l’esprit.

Bilan très positif

Note spectateur : Sois le premier