Avalonia, l'étrange voyage : une proposition essoufflée et soporifique

Avalonia, l'étrange voyage : une proposition essoufflée et soporifique

CRITIQUE / AVIS FILM - Don Hall, à qui l'on doit l'excellent « Les Nouveaux Héros » et le récent « Raya et le Dernier Dragon », est de retour mais sur Disney+ avec son nouveau film : « Avalonia, l'étrange voyage ».

Avalonia, l'étrange voyage ?, un Disney amorphe

Réalisé par Don Hall, Avalonia, l'étrange voyage raconte les aventures de la famille Clade, qui découvre un monde féerique et dangereux en dessous du leur. S'en suit une exploration excentrique pour sauver leur monde qui se meurt. Après le superbe et coloré Encanto : La Fantastique Famille Madrigal et l'oubliable Ron débloque, le nouveau film d'animation des studios Disney débarque directement sur la plateforme Disney+.

Sur le papier, Avalonia tombait à pic. Une aventure épique, visuellement enrichissante, dans un monde étonnant et esthétiquement intéressant. Cela aurait pu être le divertissement parfait pour cette fin d'année. Malheureusement, Don Hall manque pratiquement tout ce qu'il entreprend et signe un film fonctionnel, presque de commande, sans âme, émotion ou quelconque énergie.

Avalonia, l'étrange voyage
Avalonia, l'étrange voyage ©Disney+

Don Hall propose une relecture de Le Voyage au centre de la Terre de Jules Vernes pleine de facilité et de lieux communs. Avalonia, l'étrange voyage souffre d'une mise en scène statique, voire soporifique, qui ne parvient jamais à dynamiser ses séquences d'action, rares et globalement sans incidence. Ces dernières s’enchaînent sans fougue, ni souffle épique, et ne sont que des scènes fonctionnelles qui servent à faire avancer l'intrigue.

Le réalisateur ne parvient pas non plus à emmener ses spectateurs dans ce monde coloré et féerique. Malgré un bestiaire qui s'inspire parfois du cinéma de Hayao Miyazaki, le public reste en permanence en surface de cette terre inconnue. Le cinéaste ne prend pas le temps de développer son univers et l'assistance de s'imprégner de l'ambiance de ce monde alternatif. Donc lorsque celui-ci se retrouve menacé, le public n'est que peu concerné devant un scénario attendu.

De Pandora à Avalonia

En fait, le metteur en scène se contente de citer ses prédécesseurs sans verve et sans personnalité. Il crée un monde où toutes les créatures vivantes sont connectées, qui ne se cache jamais d'être un copier/coller rosâtre d'une certaine planète Pandora. Don Hall cite également Indiana Jones, L'Aventure intérieure, Interstellar de manière automatique, sans âme, ni transformation des récits originels.

À cause de cela, son discours écologique moderne est un pétard mouillé. La famille Clade doit sauver la principale ressource énergétique d'Avalonia, mais le manque de saveur du scénario, ses rebondissements téléphonés, et ses facilités narratives ne permettent pas aux spectateurs de se préoccuper de cette urgence climatique qui nous pend pourtant au nez. Et forcément, Avalonia va souffrir de la comparaison avec Avatar : La Voie de l'eau qui vient de sortir au cinéma.

Heureusement, comme toujours dans les productions Disney et Pixar, l'animation est dantesque. Les décors, les détails, les émotions, même les imperfections des personnages se traduisent à l'écran à travers une animation toujours plus impressionnante de film en film. De ce côté là, rien à dire, c'est encore une prouesse technique supplémentaire.

Un Disney pour les plus jeunes

Mais ce qui manque également à Avalonia, l'étrange voyage, c'est un souffle émotionnel. Don Hall essaye pourtant d'incorporer un segment narratif autour de la famille qui aurait pu faire des étincelles. Il aborde le double héritage paternel à travers trois générations de Clade, aux méthodes toutes différentes. L'occasion de placer son protagoniste dans un sandwich social, à travers une opposition de ton, d'époque, de connaissances et de mœurs qui aurait pu créer des ressorts comiques et émotionnels pertinents.

On nous dresse alors le portrait de trois hommes qui représentent une masculinité divergente. Mais ce traitement est trop programmatique pour réellement créer de la sensibilité. L'absence de dramaturgie, la simplicité de l'écriture et la mollesse d'un rythme fragmenté ne permettent malheureusement pas à ce traitement familial de réellement exister. Ou en tout cas d'avoir un impact important.

Avalonia, l'étrange voyage
Avalonia, l'étrange voyage ©Disney+

Avalonia, l'étrange voyage a néanmoins le mérite d'offrir le tout premier personnage ouvertement homosexuel dans un long-métrage Disney. Certains diront qu'il s'agit d'un wokisme opportuniste, mais le traitement du jeune Ethan a suffisamment de recul et de subtilité pour que cette représentation soit pertinente.

Don Hall n'en fait jamais un ressort comique ou politique, et l'inscrit parfaitement dans l'ADN du personnage, mais aussi de son entourage, jamais surpris par sa décision. Une manière pour le film de nous faire passer le message très simple d'une acceptation limpide et totale. Finalement, Avalonia, l'étrange voyage s'adresse davantage à un jeune public qui y trouvera peut-être son compte.

Avalonia, l'étrange voyage de Don Hall, disponible sur Disney+ le 23 décembre 2022. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

Une aventure soporifique et téléphonée qui ne réalise jamais son potentiel émotionnel et écologique. Un divertissement parfaitement oubliable qui séduira peut-être les plus jeunes.

Note spectateur : 2 (2 notes)