Birds of Prey : un après Joker difficile pour Harley Quinn

Birds of Prey : un après Joker difficile pour Harley Quinn

CRITIQUE / AVIS FILM – Après le succès de « Joker », c’est au tour de Harley Quinn d’avoir droit à son aventure presque en solo avec « Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn », dans lequel la jeune femme accuse le coup après sa rupture avec le Prince du crime.

On a encore tous en tête Joker, succès impressionnant à travers le monde, congratulé par une bonne partie de la presse et devenu rapidement un sérieux prétendant aux Oscars, notamment grâce à la performance de Joaquin Phoenix. Forcément, pas facile d’être le film d’après dans l’écurie Warner/DC. Et c’est justement la lourde tâche qu’a Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn. Sauf que, sachant qu’il ne pourrait pas tenir la comparaison, le film fait le choix de réduire ses ambitions pour proposer un simple divertissement assez cohérent.

Pourtant, il y avait de quoi faire en se centrant sur Harley Quinn - après qu’elle fut introduite au cinéma en 2016 avec Suicide Squad. Toujours campée par Margot Robbie, la jeune délurée doit ici faire face à une épreuve majeure : sa rupture avec le Joker. Pour le moins ironique pour un film qui justement paie le poids de Joker. Quinn doit alors se débrouiller seule, sans la protection du Prince du crime, et avec les pires raclures de Gotham décidées à, enfin, se venger des mauvais coups qu’elle a pu faire. Parmi eux, Black Mask, qui dans le même temps cherche à mettre la main sur un diamant.

Harley Quinn un peu trop sage

Cela offre alors un bon terrain de jeu à Harley Quinn, et surtout à la réalisatrice Cathy Yan. Si les airs lunaires de l’héroïne, façon Jack Sparrow, peuvent à la longue lasser, les propositions de la cinéaste sont probablement ce qu’il y a de plus notable dans Birds of Prey – ainsi qu’Ewan McGregor, solide en psychopathe fragile et instable. On sent chez la cinéaste une envie de se singulariser, mais sans avoir non plus la plus grande des libertés. Cela donne tout de même lieu à des scènes d’action bien menées, dans lesquelles Quinn use des ustensiles à sa disposition pour foutre une raclée à ses opposants. Mais également des moments à part, totalement improbables, comme son entrée fracassante et colorée dans le commissariat, ou le court passage musical qui rejoue Les Hommes préfèrent les blondes avec Quinn en Marilyn Monroe.

Critique / Avis Birds of Prey : un après Joker difficile pour Harley Quinn

Sauf qu’au fil des minutes, le rythme de Birds of Prey s’essouffle dès lors que d’autres protagonistes rentrent en jeu : la policière Montoya (Rosie Perez), seule contre tous pour mettre Black Mask derrière les barreaux, Black Canary (Jurnee Smollett) qui travaille dans le club de ce dernier, et Huntress (Mary Elizabeth Winstead) qui souhaite venger la mort de sa famille. Des filles qui n’ont, dans un premier temps, aucune raison de s’entraider, mais qui évidemment finiront par s’unir pour protéger une jeune voleuse, également dans le viseur de Black Mask.

Sans être trop appuyé, le discours féministe qui en résulte offre un peu plus de profondeur au film. Car chacune paie le poids des hommes dominants. Montoya n’étant jamais montée en grade puisqu’on son coéquipier s’est attribué les mérites d’une ancienne affaire, tandis que Black Canary se doit de suivre les ordres de son patron. Et comme le dit si bien Quinn, elle n’est qu’un arlequin dont le but est de servir un maître (le Joker).

Critique / Avis Birds of Prey : un après Joker difficile pour Harley Quinn

Birds of Prey fait donc preuve de bonnes intentions. Certes, les thématiques abordées ne sont pas d’une grande subtilité, mais la simplicité de l’ensemble (des décors au scénario) offre une certaine bouffée d’air frais en comparaison aux grosses productions super-héroïques. Dommage tout de même que l’esprit délirant d’Harley Quinn n’ait été davantage mis en avant. Un peu trop propre et inoffensif, le film aurait pu bénéficier de véritables transgressions, ne serait-ce que visuellement. Le meilleur exemple étant le combat final se déroulant dans un décor de fête foraine abandonnée. Un passage plutôt dynamique, mais qui n’en restera pas pour autant mémorable, à l'image de l'ensemble, une fête anecdotique en l’honneur d’Harley Quinn.

 

Birds of Prey de Cathy Yan, en salle le 5 février 2020. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

Sans sombrer comme "Suicide Squad", mais sans atteindre le niveau de "Joker", "Birds of Prey" parvient à divertir efficacement grâce aux idées délirantes d'Harley Quinn. Reste que l'ensemble aurait pu bénéficier d'un peu plus de folie.

Note spectateur : 3 (3 notes)