Chronique d’une liaison passagère : l’amour manqué de deux amants

Le nouveau Emmanuel Mouret

Chronique d’une liaison passagère : l’amour manqué de deux amants

CRITIQUE / AVIS FILM - Vincent Macaigne et Sandrine Kiberlain portent brillamment "Chronique d’une liaison passagère" d'Emmanuel Mouret, sa nouvelle comédie romantique sur l'amour éphémère de deux amants.

Emmanuel Mouret et les relations amoureuses

Emmanuel Mouret n'a jamais cessé d’éblouir dans le genre du vaudeville. Un genre auquel il apporte toujours un vent de fraîcheur par des dialogues bien ficelés et des situations à la limite du burlesque qui ne tombent jamais dans le ridicule. Chez Mouret, les personnages s’aiment les uns les autres, qu’ils soient déjà en couple ou non, pour un instant ou plus longtemps, et exprime ou provoque le désir par la parole. Des personnages toujours charmants bien qu’imparfaits, auxquels on peut aisément se raccrocher.

Chronique d'une liaison passagère
Chronique d'une liaison passagère ©Pyramide Distribution

Alors que son précédent film, Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait (2020), mettait en scène une ribambelle de protagonistes, dans sa nouvelle œuvre Chronique d’une liaison passagère, le cinéaste se suffit de deux (ou presque). Le film s’ouvre, et voilà Simon (Vincent Macaigne) et Charlotte (Sandrine Kiberlain) dans un bar en train de se remémorer leur précédente rencontre. Pas besoin de cacher ses sentiments, les choses se disent avec honnêteté et naturel chez Emmanuel Mouret. Simon, maladroit et embarrassé, ne cesse alors de répéter qu’il est marié et a des enfants. Charlotte ne s’en plaint pas puisqu’ils se plaisent et qu’ils savent l’un comme l’autre que leur liaison passagère s’apprête à débuter. Peut-être un peu trop vite pour Simon, mais qu’importe.

En même temps qu’ils déambulent dans ce bar bien rempli (attrapant un verre, se déplaçant vers le comptoir, puis dans un autre coin), la caméra du cinéaste les suit avec délicatesse sans jamais couper. Chronique d’une liaison passagère se construit alors de la sorte. Avec une caméra légèrement à distance pour observer dans une succession de longues séquences l’évolution de cette liaison.

Une romance drôle mais éphémère

On a souvent évoqué Woody Allen pour décrire le cinéma d’Emmanuel Mouret. Il y a de cela, et plus particulièrement d’Annie Hall (1977) dans ce cas présent. Ainsi qu’une touche de Truffaut (la saga Antoine Doinel). Avec Chronique d’une liaison passagère, le cinéaste s’interroge encore et toujours sur l’amour. Mais un amour qui sous couvert de liberté ne pourra être vécu pleinement. Simon et Charlotte se voient souvent en cachette à cause de la crainte de Simon d’être découvert par sa femme. Charlotte, elle, ne se montrera jamais jalouse ou envieuse, bien trop pragmatique pour cela. Et ne lui parlez pas de passion, elle déteste cela et est bien contente que ce ne soit pas le sujet avec Simon.

Chronique d'une liaison passagère
Chronique d'une liaison passagère ©Pyramide Distribution

C’est donc parce qu’ils ne suivent pas les us et coutumes qu’ils s’imaginent libres. Pourtant, en dépit de leur bonheur dans l’intimité, de leur capacité à se livrer au lit, dans un hôtel ou chez Charlotte, on sent bien que quelque chose de fragile est dépeint par Emmanuel Mouret. Derrière la drôlerie générale du film, aidée encore une fois par les dialogues si brillamment imaginés par l’auteur et tout aussi bien joués par Vincent Macaigne et Sandrine Kiberlain, on sait au fond (par le titre) que tout cela n’est que passager. Et qu’une occasion manquée se profile.

Déjà Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait dégageait davantage de mélancolie qu’à l’accoutumé pour Mouret. Chronique d’une liaison passagère prend peut-être plus de temps pour atteindre ce sentiment. Mais le résultat est le même. Après une dernière scène où Vincent Macaigne se montre soudain bouleversant, qu’importe qu’on approuve ou non l’attitude de son personnage (égoïste, il faut bien l’avouer), on ressort du film comme Simon. Avec un sourire qui cache à peine une certaine tristesse de s’arrêter là.

Chronique d'une liaison passagère d'Emmanuel Mouret, en salles le 14 septembre 2022. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces. Le film était présenté durant le festival de cannes 2022.

75e Festival de Cannes Photocall "Chronique d'une liaison passagere". Sandrine Kiberlain, Emmanuel Mouret et Vincent Macaigne
75e Festival de Cannes Photocall "Chronique d'une liaison passagere". Sandrine Kiberlain, Emmanuel Mouret et Vincent Macaigne ©Isabelle Vautier pour cineseries.com

Conclusion

Note de la rédaction

"Chronique d'une liaison passagère" est un vrai plaisir ! Comme à son habitude, Emmanuel Mouret amuse autant qu'il émeut dans une nouvelle comédie romantique atypique comme il en a le secret.

Note spectateur : 3 (3 notes)