Club Zero : la satire à vomir de Jessica Hausner

Club Zero : la satire à vomir de Jessica Hausner

CRITIQUE / AVIS FILM - Avec "Club Zero", Jessica Hausner, la réalisatrice de "Little Joe" (2019), continue d'agacer en voulant choquer par le biais d'une satire lourdingue autour des troubles alimentaires.

Club Zero : manger, c'est mal

Réalisatrice et scénariste autrichienne, Jessica Hausner est une habituée du Festival de Cannes. Après plusieurs présences dans la sélection d'Un certain regard, c'est en compétition officielle qu'on la retrouvait en 2019 avec Little Joe. Un film, d'après nous, assez décevant, mais qui avait permis à l'actrice Emily Beecham de remporter un prix d'interprétation.

Nous voilà en 2023, et l'ancienne collaboratrice de Michael Haneke se la joue à nouveau "Black Mirror pour neuneus" avec son Club Zero. Elle présente là une école pour l'élite aux allures de secte. Dedans, Miss Novak, la nouvelle institutrice chargée du cours de nutrition, s'occupe d'un petit groupe d'adolescents. Ensemble, ils vont apprendre à mieux gérer leur alimentation. Pour des raisons de santé. Mais également écologiques, pour combattre à leur échelle la surconsommation.

Club Zero ©Bac Films
Club Zero ©Bac Films

Ce qui aurait pu être un projet scolaire pertinent va rapidement vriller tandis que Miss Novak inculque à ses élèves non pas uniquement à mieux manger, mais à "manger consciemment". Ce qui se traduit par manger plus lentement, puis moins. Beaucoup moins. Même, pas du tout. Car en réalité, manger n'est pas nécessaire d'après Miss Novak, et ses élèves la suivront dans sa folie.

Une satire écœurante à tous les niveaux

Si la question de l'endoctrinement a un vrai intérêt, tout comme le regard porté sur le principe des régimes détox ultra poussés de notre époque, la lourdeur de Jessica Hausner pour raconter tout cela fait de Club Zero une satire évidente et grossière. Dans un style froid et prétentieux, la réalisatrice insiste toujours plus sur des clichés avec des parents ridiculement riches et déconnectés de la réalité - et donc de ce qui se trame à l'école.

Ce qui agace le plus avec Club Zero, c'est cette volonté de Jessica Hausner de choquer par tous les moyens le spectateur en se croyant plus maline. On atteint le paroxysme du dégoût lorsqu'une des adolescentes, qui aura longtemps refusé de manger, se présente devant ses parents, vomit son repas tout juste ingurgité, avant de le manger à nouveau. Et, évidemment, la réalisatrice prend bien la peine de faire durer cette scène et d'en réduire tous les artifices.

Club Zero ©Bac Films
Club Zero ©Bac Films

Mise en scène chic, séquence choc, mais finalité surtout méprisante envers le sujet des troubles alimentaires chez les adolescents, véritable problématique. Et cette fameuse séquence porte en elle tout ce qui ne va pas dans la farce Club Zero. Ajoutez à cela une insupportable musique incessante de tambours, comme preuve d'un manque d'idée flagrant de la part de Jessica Hausner, après avoir usé à outrance d'un larsen tout aussi agaçant et blasant dans Little Joe.

Club Zero de Jessica Hausner, en salles le 27 septembre 2023. Le film était présenté en compétition officielle au 76e Festival de Cannes. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

"Club Zero" se veut choquant mais est finalement lourdingue et ennuyeux, abordant avec une froideur prétentieuse un sujet qui aurait mérité mieux.

Note spectateur : 4 (2 notes)