Connectés : un film opportuniste sur le confinement

Connectés : un film opportuniste sur le confinement

CRITIQUE / AVIS FILM – Le 12 novembre dernier, Amazon Prime Video a publié une de ses productions originales : « Connectés ». Une proposition ratée qui tente de surfer sur le confinement relatif au Covid-19.

Connectés : quand ridicule et incohérences sont confinés

Film choral porté par Nadia Farès, François-Xavier Demaison, Stéphane De Groodt, Audrey Fleurot, Claudia Tagbo, Michaël Youn et Pascal Demolon, la proposition d'Amazon Prime Vidéo tente de surfer sur le confinement. Un film sans réelle surprise mis en scène par Romuald Boulanger, qui n'offre rien de bien pertinent. Connectés est globalement un film ridicule, qui veut jouer au plus malin mais rate la majorité des choses qu'il entreprend. Cette histoire de gens confinés qui vire au drame n'offre rien de novateur et se repose sur son simple concept : le confinement.

Connectés : un film opportuniste sur le confinement
Connectés ©Amazon Prime Video

Bref, Connectés s'appuie sur un scénario inconsistant et invraisemblable, dont les tribulations manquent cruellement de crédibilité. Difficile de croire à cette histoire rocambolesque de prise d'otage, qui ne sait pas réellement sur quel pied danser. Romuald Boulanger n'a finalement pas grand chose à raconter. Il se contente de se fonder sur son concept : le confinement et l'isolement. Mais il ne s'est pas quel angle choisir. Faut-il faire un thriller ? Une comédie ? Un film noir ? Toutes les pistes abordées s'écroulent les unes après les autres. Laissant place à un enchaînement grotesque de rebondissements forcés, de twists lourdingues et de plus en plus attendus. En ressort une surenchère scénaristique écœurante, une écriture dégoulinante, qui cherche à trop en faire pour contrebalancer le dispositif de mise en scène minimal.

Un film faussement malin

C'est en ça que Connectés est un film faussement malin. Romuald Boulanger veut jouer les visionnaires. Cinéaste précurseur qui veut montrer comment faire un film sans budget, sans moyen, simplement via les réseaux sociaux et les technologies actuelles. Alors que le film aurait gagné en justesse à rester humble, le metteur en scène veut en faire des caisses. Le cinéaste est emporté par un excès de confiance. Certain du potentiel que son film possède, il ne parvient pourtant jamais à transformer cette idée en quelque chose de concret. Il se contente alors de métamorphoser ce postulat (qui fonctionne sur le papier) paresseusement sur des écrans scindés, qui deviennent rapidement très limités...

Connectés : un film opportuniste sur le confinement
Connectés ©Amazon Prime Video

Et puis Connectés tente, avec un manque incroyable de discrétion, de s'inspirer de Le Jeu. Notamment dans l'approche psychologique de ses personnages et sur le relationnel qui les unit. Mais là où Fred Cavayé se servait des écrans pour faire remonter mensonges, trahisons, vacheries entre amis avec force et conviction, Connectés passe à côté du coche. Là où Le Jeu portait un regard intelligent de la société moderne, et sur ses vices virtuels, Connectés, lui, met en lumière les caprices plus ou moins légitimes et immatures et ses protagonistes. Et finalement, c'est surtout l'ennui qui se révèle.

Vous avez dit opportuniste ?

Même le casting est faiblard. La faute, évidemment, au manque cruel de mise en scène, et de direction artistique. Parce que Connectés, c'est un peu le serpent qui se mord la queue. Avec un concept pareil, forcément, le film repose sur une économie de moyens drastique. Malin de mettre en scène une production comme celle-ci, dont même un portable en format portrait suffit pour tourner quelques images. Mais du coup c'est laid, fade et sans consistance. Avec un vieux fond verdâtre d'écran d'ordinateur, une absence totale de montage, le cinéaste superpose les gros plans de ses interprètes sans aucune vision artistique. En ressort un film terriblement plat qui tente de se la jouer Black Mirror, que ce soit à travers le concept, ou l'utilisation des écrans. Bien évidemment, la qualité est à des années lumières de l'excellente série britannique.

Connectés : un film opportuniste sur le confinement
Connectés ©Amazon Prime Video

Les protagonistes ont mille occasions d'appeler la police, mille moyens de remporter la partie et d'arrêter leur ravisseur. Mais non, ils préfèrent régler leurs problèmes personnels devant tout le monde et à travers un écran plutôt que d'arrêter le psychopathe qui menace leur ami avec un flingue. Et ce manque cruel de logique entraîne forcément un désintérêt du public face à des ressorts scénaristiques dénués d'impact.

Quant au méchant de l'histoire, il est discernable à des années-lumières. Le réalisateur peut grimer la voix de son antagoniste autant qu'il veut, les mimiques de Michael Youn sont reconnaissables entre mille. Reste à savoir si c'est le comédien qui ne fait aucun effort pour se dissimuler ou si c'est la mise en scène qui ne le permet pas. Et si le spectateur est capable de le reconnaître, comment ses propres amis n'y parviennent pas ? En fait, Connectés semble manquer d'investissement. Et donne la désagréable impression d'avoir été fait à la va-vite, simplement pour surfer sur la situation actuelle : le confinement. Un film expédié, opportuniste, qui existe uniquement comme conséquence de cette terrible année 2020, qui ne s'améliore donc pas avec Connectés...

Connectés de Romuald Boulanger disponible sur Amazon Prime Video dès le 12 novembre 2020. Ci dessus la bande-annonce. Découvrez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

Film à concept qui se mord la queue. Casting peu inspiré, mise en scène inexistante, scénario prévisible. Même l'antagoniste principal est démasqué dès le départ. Bref, c'est faiblard.

Note spectateur : Sois le premier