Continuer : se perdre en terre inconnue, mode d'emploi

Continuer : se perdre en terre inconnue, mode d'emploi

CRITIQUE FILM - Pour son huitième film, Joachim Lafosse pose ses valises en plein Kirghizistan, parfait paysage mental d'un duo en pleine période d'auto-destruction. "Continuer" constitue une fraction de vie captivante mais puise à moitié dans l'étendue de ses décors.

Joachim Lafosse aime les chroniques. Le réalisateur belge, à qui on doit notamment Les Chevaliers blancs et L'Economie du couple, est auteur d'un cinéma assez protéiforme, mais toujours centré sur les sentiments humains. Cette année, il prend les devants et étonne en proposant son oeuvre la plus captivante mais aussi, il faut le dire, la plus frustrante. Accompagné d'un duo d'acteurs attachants - Virginie Efira, toujours très juste, qui donne la réplique au talentueux (et méconnaissable) Kacey Mottet Klein (Quand on a 17 ans) - Lafosse appréhende un territoire nouveau et hostile.

Il est rare, aujourd'hui dans le cinéma français, de pouvoir contempler les vastes terres du Kirghizistan. C'est peut-être l'atout principal de ce huitième film de Joachim Lafoss, intitulé Continuer ; l'attrait pour l'inconnu, pour le retour à l'état sauvage. Avec pour seul but, justement, de retrouver son humanité ? Lafosse pose cette question en tête de page de son scénario, inspiré et ficelé à partir du roman qui porte le même nom de l'auteur Laurent Mauvignier. Ici, l'image est plus que jamais un avantage. Lafosse filme l'environnement avec grâce, là où déambule deux personnages en quête de se retrouver l'un et l'autre.

Critique Continuer : se perdre en terre inconnue, mode d'emploi

Une mère divorcée, Sibylle, veut se réconcilier avec son fils Samuel et lui faire comprendre que la vie n'est pas faite de violence et de malveillance. Les deux parcourront les paysages à perte de vue, accompagnés de vaillants chevaux - véritables protagonistes auxquels le spectateur ne peut que s'attacher. Sibylle et Samuel parlent peu mais parlent fort : ils s'engueulent, se menacent, se jouent des tours. Leurs regards, perçants, ne cachent pour autant pas une certaine détresse, surtout venant de la mère qui peine à réellement comprendre les faits et gestes de sa progéniture. Mais Samuel n'en a que faire : "je m'en fous de tout", lâche-t-il dans un souffle. Finalement, le voyage aura raison de ces personnages, qui apprendront à faire le vide tout en redécouvrant une vieille amie : la paix.

L'aube d'un nouveau jour

Séparé en deux parties distinctes, Continuer ne joue jamais dans la surenchère. C'est dire, le film ne dépasse pas les 90 minutes et c'est presque un défaut. Car, malgré les quelques moments de contemplations, magnifiés par le directeur de la photographie Jean-François Hensgens, le long-métrage peine à complètement émouvoir. Au-delà du passif des deux personnages (qu'on vous cache volontairement), on a du mal à comprendre l'objectif de cette longue péripétie. La fin du voyage est encore loin. Les retournements de situation surviennent et inversent la balance émotionnelle entre Sybille et son fils. Samuel est violent, mais il aime sa mère, il est prêt à tout pour la protéger. Ainsi, dans l'adversité et la névrose due au passé, la nature prend toujours le dessus. Le film touche alors à sa fin et pourtant, leur histoire ne fait que commencer.


Continuer
 de Joachim Lafosse, en salle le 23 janvier 2019. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

"Continuer" est un moment de vie filmé avec grâce et candeur par Joachim Lafosse. Mais à défaut de contempler de beaux paysages, on aimerait s'y perdre un peu plus.

Note spectateur : 5 (1 notes)