Creed 3 : un retour mitigé pour Michael B. Jordan

Creed 3 : un retour mitigé pour Michael B. Jordan

CRITIQUE / AVIS FILM - La franchise "Creed" se poursuit sans Sylvester Stallone. Une absence regrettable, Michael B. Jordan ne parvenant pas à s'approprier l'essence de la saga, même si le long-métrage est loin d'être un échec à tous les niveaux.

Creed III : le passé refait surface

Champion à la retraite, Adonis Creed (Michael B. Jordan) en a apparemment terminé avec ses démons. Le boxeur sa consacre désormais à sa famille ainsi qu'à sa salle de sport où il forme des athlètes prometteurs, avec l'aide de son fidèle entraîneur "Little Duke" (Wood Harris). Son quotidien sur les hauteurs paisibles de Los Angeles bascule lorsque réapparaît Damian Anderson (Jonathan Majors), ami avec lequel il a grandi et qui vient de purger une peine de 18 ans de prison.

Deux décennies plus tard, Damian n'a pas abandonné ses rêves de jeunesse : décrocher le titre de champion du monde. Déterminé à prendre sa revanche et à briller, "Diamond" est prêt à tout pour monter sur le ring, y compris à trahir et provoquer celui qu'il considère comme son frère.

Creed III
Damian Anderson (Jonathan Majors) - Creed III ©Warner Bros.

La fameuse rengaine éculée du passé qui refait surface, et que Vin Diesel ne cesse d'utiliser pour la saga Fast & Furious, est donc au centre de Creed III. Une mécanique grossière mais qui permet d'introduire un personnage prometteur, Damian, antithèse d'Adonis comme l'était Viktor Drago (Florian Munteanu) dans le précédent opus.

Crenshaw vs. Bel Air

S'ils partagent des traumatismes de leur enfance, Adonis et Damian sont donc aux antipodes. L'un a eu droit à un mentor comme Rocky (jamais évoqué dans le long-métrage contrairement à ce que laisse penser la bande-annonce) et peut compter sur le soutien permanent de Bianca (Tessa Thompson), là où le second souffre d'une solitude touchante mais que le film n'exploite pas suffisamment.

En dehors de rares moments où l'ex-prisonnier prend le bus et fait des pompes dans un logement miteux, ce qui souligne qu'il ne roule pas en Rolls-Royce et n'est pas propriétaire d'une villa à l'image de son futur adversaire, Creed III ne fouille jamais suffisamment ce personnage en or incarné par un brillant acteur, d'ailleurs bien meilleur que dans Ant-Man et la Guêpe : Quantumania.

Creed III
Creed III ©Warner Bros.

Contrairement aux sommets de la franchise comme Rocky et Rocky Balboa, le long-métrage se contente d'empiler des séquences attendues sans réussir à créer un véritable attachement aux personnages. Sans l'humanité que Sylvester Stallone a toujours fait transparaître dans l'écriture, Creed III se transforme en drame sportif anecdotique. Lorsqu'Adonis doit faire face à un drame personnel, Michael B. Jordan passe rapidement au traditionnel training montage, ne prenant jamais le temps de s'attarder sur la souffrance et la douleur du protagoniste, de Bianca et de Damian. Les rares séquences où cette fameuse humanité transparaît sont celles où le héros se retrouve avec sa fille Amara (Mila Davis-Kent).

Il y avait pourtant beaucoup à explorer à travers la rivalité entre Damian, rescapé originaire de Crenshaw, et Adonis, bourgeois de Bel Air. Deux facettes de Los Angeles qui ne se confrontent qu'en bombant le torse l'une devant l'autre ou lors de dialogues bourrés de stéréotypes sur la vie de famille, l'importance de mener une existence rangée et de manger ses cinq fruits et légumes sans faire de vagues.

La rage au ventre

Malgré tous leurs bons côtés, Creed III donne souvent l'impression de voir deux opportunistes égocentriques s'affronter. Des défauts qui étaient déjà présents chez Rocky Balboa, mais devant lesquels Sylvester Stallone ne se défilait pas et ne cherchait pas à tout prix de justification.

Dans ce récit qui se déroule sans surprise (ce qui n'est certes pas une première dans la saga) et qui souffre de son manque d'émotion, il reste évidemment les combats. En dehors du regard de Jonathan Majors, ce sont dans les matchs que se trouvent la rage, la frustration et la tristesse qui auraient dû imprégner l'intégralité de Creed III.

Creed III
Creed III ©Warner Bros.

Imposant et presque trop vieux pour monter sur le ring, l'interprète de Damian apporte une gestuelle lourde et puissante, à l'opposé de la légèreté de Mohamed Ali, cherchant toujours le K.O. et ne s'embarrassant pas avec les notions de finesse et d'élégance. À l'inverse, Adonis est dans la maîtrise et la précision, ce qui offre un ultime combat intéressant et extrêmement douloureux pour les deux athlètes.

Michael B. Jordan cherche à innover dans la mise en scène des combats. Si certaines idées ne sont pas nouvelles, à l'image des ralentis façon Sherlock Holmes, d'autres fonctionnent, comme le fait d'isoler totalement les deux adversaires pour renforcer l'aspect personnel de leur affrontement. À l'arrivée, Creed III échoue sur de nombreux points, mais propose tout de même des séquences galvanisantes.

Creed III de Michael B. Jordan, en salles le 1er mars 2023. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

"Creed III" souffre clairement de l'absence de Sylvester Stallone à l'écriture. Ce troisième volet manque d'émotion malgré un nouveau personnage très intéressant incarné par Jonathan Majors, mais Michael B. Jordan propose tout de même des combats emplis de rage.

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