Detective Dee : La légende des Rois Célestes, le triplé pour Tsui Hark ?

Detective Dee : La légende des Rois Célestes, le triplé pour Tsui Hark ?

CRITIQUE FILM - "Detective Dee : la Légende des Rois Célèstes", sequel de "la Légende du Dragon des mers" et prequel du premier opus de l'épopée du détective éponyme, émerveille toujours par la poésie qui le façonne mais pâti d'un léger manque d'originalité dans ces nouvelles aventures.

Si Mark Chao remplace définitivement Andy Lau, la fine équipe du précédent volet revient nous enjouer. Cette fois, Dee sera au cœur d'une machination visant le trône de l'Empire : des Diable Maqué veulent venger leur peuple et mettre fin à la dynastie Tang.

L'action de Detective Dee : La légende des Rois Célestes se déroule dans la foulée de Detective Dee : la légende du Dragon des mers. L'impératrice Wu, toujours impeccablement interprétée par Carina Lau, décide de reprendre Dragon Docile, l'arme offerte par l'Empereur à Dee. Elle va, sans le savoir, déclencher l'intrigue principale du film. En effet, les mystères et aventures que nous réserve Tsui Hark (Il était une fois en Chine, La bataille de la Montagne du Tigre) sont d'une importance plus capitale encore que ce simple état d'âme conspirationniste.

Detective Dee : La légende des Rois Célestes, le triplé pour Tsui Hark ?

L'énigme Dee

A l'entame du film, l'ambiance est familiale et bon enfant, malgré des enjeux palpables : on sent déjà le poids des deux premiers films au début de ce Detective Dee. On regrettera d'ailleurs la grande similitude entre les différents schémas narratifs. Certaines scènes rappelleront notamment aux fans du cinéaste chinois les images niaises ou les dialogues faciles de sa période creuse. Néanmoins, et c'est la force de ce film, la poésie parcourant chacun des plans (aussi bien niais que pivots dans la narration) demeure intact. On peut le voir dès le début. Le film s'ouvre sur une superbe scène de combat (ou danse, c'est selon) entre Dee et... Une feuille tombant d'un arbre.

La symbolique appartient à l'auteur mais la maestria dont fait preuve Tsui Hark en jonglant entre action démesurée et dramaturgie intimiste tient du génie. Après tout, il le disait lui-même en 2011 que le personnage de Dee "contient en lui tous les ingrédients nécessaires à une saga". Force est de constater que le cinéaste avait bien raison.

Detective Dee : La légende des Rois Célestes, le triplé pour Tsui Hark ?

Héritage trop lourd ou manifeste de l'aventure à la chinoise ?

Le principal reproche qui pourra être fait au film réside dans l'intrigue qui ne tient guère en haleine comme ses prédécesseurs. Peut-être la maîtrise aurait-elle dû faire place à l'imagination. Ainsi, en calquant le récit sur les premiers opus, il devient facile de se laisser bercer uniquement par l'aspect visuel. Par le fait, nous y verrons un film de moins bonne cuvée que ceux de 2011 et 2013. Cela étant, la réflexion quant à ces nouvelles aventures du Detective Dee nous mène vers ce qui semble être le « patient zéro » du blockbuster d'aventure chinois. Pourtant, les exemples ne manquent pas dans l'Empire du Milieu.

Ici, tous les ingrédients sont réunis : l'action, l'exotisme, la poésie, l'ouverture au monde dans un style non sans rappeler Hollywood et, finalement, cette écriture. L'écriture, oui. Elle laisse la part belle au rythme. Car si Detective Dee a toujours été tour à tour plutôt lent et très nerveux selon les scènes, ce film en particulier rend hommage aux films d'action dans une débauche d'effets stupéfiante. On pourrait presque trouver dommage cette envie de plaire au plus grand nombre lorsqu'on se rappelle des films précédents.

Detective Dee : La légende des Rois Célestes, le triplé pour Tsui Hark ?

De l'utilité aux lunettes 3D

N'oubliez tout de même pas vos lunettes 3D, car si vous souhaitez profiter pleinement des nouvelles aventures de notre héros, il vous faudra assister à une projection en relief. C'est d'ailleurs ce qui frappe le plus en regardant ce film en format classique : la 3D lui est vitale. Nous nous surprendrons même par quelques effets lors des combats à cligner des yeux pour éviter l'impact, à regarder les feux d'artifice ou même un bestiaire très réussi. Définitivement, la poésie vient elle aussi de l'utilisation de la technologie, certes à outrance mais de si bonne facture, du relief.

Rien de rédhibitoire, loin de là, dans les petits points négatifs plus frustrants que déplaisants. Entre les scènes caustiques qui nous ramènent directement au burlesque chinois et la grammaire impeccable d'un Tsui Hark une nouvelle fois au sommet, c'est toute l'épopée de Dee qui est mise à contribution. Dans un ballet, c'est un moment de vie de la légende historique, un mystère une nouvelle fois résolu par le Detective et cette irrépressible envie d'y revenir. A n'en pas douter, le film d'aventures de l'été nous vient de Chine !

 

Detective Dee : La légende des Rois Célestes de Tsui Hark, en salle le 8 août 2018. Ci-dessus la bande-annonce.

Conclusion

Note de la rédaction

Comparé aux premiers opus, on en viendrait à oublier que ce "Detective Dee : la Légende des Rois Célestes" est sans doute le plus beau film d'aventure de l'été, une réussite.

Note spectateur : 4.05 (1 notes)