Daaaaaali ! : Edouard Baer et Jonathan Cohen excellent en Salvador Dali

Daaaaaali ! : Edouard Baer et Jonathan Cohen excellent en Salvador Dali

CRITIQUE / AVIS FILM – Grâce à une mise en scène très originale, Quentin Dupieux convoque dans son dernier film " Daaaaaali !" un très réjouissant Salvador Dali. Avec Edouard Baer, Jonathan Cohen, Gilles Lellouche et Anaïs Demoustier.

Salvador Dali, au plus près de son excentricité

Qui de mieux que le réalisateur Quentin Dupieux pour croquer l’univers du fantasque et truculent Salvador Dali ? Daaaaaali ! embarque avec jubilation le spectateur dans la rencontre remplie d'obstacles au début des années 80 entre le grand peintre et Judith (Anaïs Demoustier, fidèle des films de Quentin Dupieux).

Daaaaaali !
Daaaaaali ! ©Diaphana Distribution

La journaliste, nouvelle dans le métier mais très déterminée, veut l'interviewer. Mais capter l’attention du génie, capable de changer plusieurs fois d’avis avant d’accepter le projet, n’est pas simple. Judith est en proie aux doutes et vivement incitée par le cynique producteur Jérôme (Romain Duris) à se mettre en valeur le plus possible. Et dès qu’elle dévie un peu de ses desiderata, il la dénigre et l’humilie sans vergogne.

Car Quentin Dupieux profite habilement de son long métrage pour railler les rouages et l’envers du décor de l’industrie cinématographique et du pouvoir de l’argent. Le réalisateur fait également un petit rappel judicieux des gestes usuellement inappropriés d'un artiste sur une maquilleuse. Et de ce qui se joue avec le mouvement actuel #MeToo dans le milieu du cinéma.

Le panache de Dali

La réussite de Daaaaaali !, c’est évidemment l’incarnation de Dali. Des Dali même, car ce n’est pas un Dali qu’il nous est donné à voir, mais bien cinq. Tour à tour, d’une scène à l’autre, parfois même dans la même scène, les cinq acteurs se succèdent avec élégance et harmonie. Le célèbre phrasé, l’attitude égocentrée, la démarche chaloupée, la moustache frétillante et l’excentricité du personnage sont reproduits à merveille.

Edouard Baer, Jonathan Cohen et Gilles Lellouche sont remarquables, tantôt s’effaçant avec bonheur derrière le personnage, tantôt laissant transparaître leur propre singularité. On perçoit à quel point ils s’en sont donnés à cœur joie. On est moins fan de l’interprétation de Pio Marmaï, d’ailleurs peu présent à l’écran. Didier Flamand joue avec plus de mélancolie le peintre âgé dans un fauteuil roulant, se retrouvant parfois nez-à-nez avec un de ses jeunes lui-même.

Salvador Dali (Edouard Baer) - Daaaaaali !
Salvador Dali (Edouard Baer) - Daaaaaali ! ©Diaphana Distribution

On s’amuse beaucoup dans Daaaaaali !, comme souvent dans les films de Quentin Dupieux, où l’absurde et le cocasse se mêlent toujours joyeusement à la réalité. Et peu importe ce qui est faux, ou si les nombreuses scènes en poupées russes permettent des rebondissements incongrus. Ou encore si les mises en abymes basculent à l'infini. Le réalisateur s'amuse et amuse le spectateur avec les lieux que traverse le peintre. Ainsi l’architecture de la maison de Dali ou de l’hôtel dans lequel il rencontre Judith, avec une irrésistible première scène de couloir.

Le film offre une belle réflexion du pouvoir de l’image sur la mémoire des spectateurs. C’est ainsi grâce au souvenir encore présent de Salvador Dali à la télévision qu’il est aisé de l’envisager aussi naturellement dans les scènes du film. Tout comme c’est grâce à la victoire à Roland Garros de Yannick Noah sur Mats Wilander, 40 ans en arrière, que les interviews peuvent être contextualisées.

L'artiste qui s'autoproclamait génie

Le réalisateur a précisé ne pas avoir voulu faire un biopic sur Dali, mais un film avec Dali et son esprit. Son hommage sans concession au talent surréaliste du peintre et le plaisir à le partager avec le spectateur sont, quant à eux, bien réels. Car Daaaaaali ! aborde avec malice la liberté de la création et les sources d’inspiration du peintre. Il suggère ainsi l'existence dans la réalité des objets et des modèles loufoques de ses peintures, les conseils de sa compagne Gaia ou les rêves sans queue ni tête d’un prêtre.

Daaaaaali ! se révèle donc un film drôlissime et on regrette même que le réalisateur s’en soit à nouveau tenu à sa règle des films pas trop longs, car on se serait bien délectés de trente minutes supplémentaires du fascinant Dali !

Daaaaaali ! de Quentin Dupieux, en salle le 7 février 2024. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

"Daaaaaali!" est un film jubilatoire, grâce à une mise en scène originale et l'incarnation harmonieuse par plusieurs acteurs du truculent peintre.

Note spectateur : 1 (1 notes)