Donnybrook : une dualité radicale entre deux héros détruits

Donnybrook : une dualité radicale entre deux héros détruits

CRITIQUE / AVSI FILM – Ce mercredi 25 mars, la boîte de distribution The Jokers partage « Donnybrook » en VOD. Un drame passionnant réalisé par Tim Sutton et porté par Jamie Bell et Frank Grillo.

Donnybrook est une œuvre radicale qui raconte le quotidien d'un ancien marine, Jarhead, incarné par Jamie Bell. C'est un combattant redoutable prêt à tout pour subvenir aux besoins de ses enfants. En manque de moyens il décide de participer au Donnybrook, un tournoi de combats clandestin dans une des forêts de l'Indiana. De l'autre côté il y a Chainsaw Angus, un ancien combattant qui a raccroché les gants depuis longtemps. Interprété par Frank Grillo, il s'est reconvertit dans la vente de méthamphétamine avec sa sœur Liz, incarnée par Margaret Qualley. Il est également un psychopathe violent extrêmement dangereux.

Un film radical

Donnybrook est un film sous tension, qui ne propose aucune concession. Un drame parfaitement maîtrisé et passionnant grâce à ses deux figures principales. Deux puissants combattants, opposés dans le récit et dans leurs fondements, mais qui se rapprochent par leurs méthodes et leur situation sociale. Deux figures dangereuses, qui ont des difficultés à garder la tête hors de l'eau. Donnybrook est une histoire d'agonie, l'histoire d'une civilisation, d'une société, qui laisse ses patriotes tomber dans l'oubli, dans la décadence. C'est l'histoire d'un gouvernement qui ne prend pas soin de ses vétérans. Jamie Bell est la représentation d'un peuple qui ne peut compter que sur lui-même, que sur ses propres capacités, même si parfois, les sacrifices sont extrêmement rudes.

Donnybrook : une dualité radicale entre deux héros détruits

Tim Sutton propose une mise en scène froide, assez simple, mais toujours très brutale, plutôt musclée. Il offre une photographie toujours très sombre, avec peu de couleurs, mettant en avant l'état émotionnel de ses protagonistes. Les personnages sont dos au mur, avec aucun retour possible dans le monde des vivants. Des héros déjà morts, dont la violence est la seule échappatoire. Ils ne sont plus que l'ombre d'eux-même, face à une réalité accablante. Le cinéaste reste toujours dans une proximité avec ses héros. Il ne tombe jamais dans la surenchère, ou dans une approche inutilement explicative. Tim Sutton ne choisit jamais la violence visuelle, préférant la pression psychologique dans un thriller volontairement lent. Le spectateur ne verra pratiquement pas le Donnybrook, qui n'est finalement qu'un prétexte pour offrir une narration intimiste.

Des interprètes impériaux

Pour l'occasion Jamie Bell et Frank Grillo proposent des interprétations musclées et ultra efficaces. Ils sont absolument parfaits dans leur rôle. Jamie Bell parvient à offrir la subtilité suffisante pour donner à son personnage une ambiguïté passionnante. Quant à Frank Grillo, il est imposant, offrant une interprétation presque animale qui sied parfaitement au personnage. Donnybrook est donc une opposition superbe entre deux figures inoubliables, qui n'a rien à envier à d'autres duels cultes. Bref Donnybrook est une plongée sombre dans une dualité saisissante, qui emprunte autant à Scorsese qu'à Fincher, mais qui parvient à avoir sa propre identité. Un thriller lent, palpable, épais, abrupt, glacial, qui s'inscrit dans une longue lignée de films noirs. Une belle réussite.

Donnybrook sera disponible le 25 mars sur toutes les plateformes VOD. Retrouvez la bande-annonce ci-dessus. Toutes les bandes-annonces ici. 

Conclusion

Note de la rédaction

Film radical, sans concession qui se crée sa propre identité. Frank Grillo et Jamie Bell sont impériaux, et leur opposition dantesque.

Note spectateur : Sois le premier