CRITIQUE / AVIS FILM - "Hallelujah, les mots de Leonard Cohen" remet un peu en lumière l'immense talent de Leonard Cohen. Un documentaire qui retrace la vie du chanteur et s'intéresse à la création de son plus célèbre titre.
Leonard Cohen, chanteur trop peu reconnu
Leonard Cohen était un immense poète et auteur-compositeur-interprète. Bien qu'il se lança tardivement dans la musique (après ses 30 ans), il trouva rapidement son identité créative. Dès 1967, sur son premier album Songs of Leonard Cohen, on trouve de magnifiques morceaux comme Suzanne, Sisters of Mercy ou encore So Long, Marianne, utilisé notamment dans la BO de Good Morning England (2009).
Les cinéphiles ont en effet pu entendre des chansons de Leonard Cohen à plusieurs reprises. Comme la sombre et envoutante Everybody Knows dans Exotica (1994), ou la si tragiquement belle Dance Me To The End Of Love sur laquelle danse Al Pacino dans Le Temps d'un week-end (1992), tandis que Nevermind a été utilisée pour le générique de True Detective saison 2.
Sur sa quinzaine d'albums, le chanteur parle de sexualité de manière aussi crue que poétique, d'amour mais également de la solitude, d'un certain mal-être, de sa vie personnelle (sur des compagnes ou son père) et surtout de religion. En atteste ce qui est probablement son plus célèbre morceaux, Hallelujah.
C'est de cette chanson qu'ont souhaité partir Daniel Geller et Dayna Goldfine, les réalisateurs du documentaire Hallelujah, les mots de Leonard Cohen. Un documentaire qui retrace la vie de Leonard Cohen avant de se focaliser sur la longue création de ce titre (il mit des années à l'écrire). Un morceau qui avait tout pour cartonner. Mais le refus de Colombia de sortir aux Etats-Unis l'album Various Positions (1984) en décida autrement.
Le vrai auteur d'Hallelujah
Les années qui ont suivi, Hallelujah fut jouée dans des concerts de Leonard Cohen, qui finit par en modifier les paroles pour en faire une version moins pieuse et plus salace. Puis, vint la reprise de Jeff Buckley, en 1994, dont en découlèrent d'innombrables autres rarement (voire jamais) au niveau de l'œuvre première. Le documentaire permet ainsi, en plus de mettre en lumière un artiste remarquable et d'une élégance rare, de rappeler qu'il est bien le véritable auteur de cette chanson (et non Buckley, comme beaucoup le pense encore). Une chanson qui fut également popularisée par le film d'animation Shrek (2001).
Si le sujet est passionnant, et qu'on ne se lasse pas d'écouter un Leonard Cohen à tous les âges d'une drôlerie subtile, on ne pourra que regretter le classicisme du documentaire qui se contente d'utiliser images d'archives et témoignages, dans un esprit télévisuel. Un manque d'ambition dont fait preuve un peu trop souvent le genre du documentaire.
Cependant, ici, cette approche peut éventuellement se comprendre étant donné le refus du chanteur de donner la moindre interview à la fin de sa vie - tout en accordant néanmoins aux réalisateurs sa bénédiction. Précisons également que la production d'Hallelujah, les mots de Leonard Cohen a débuté en 2016, peu de temps avant la mort de l'artiste (le 7 novembre 2016 à 82 ans).
Hallelujah, les mots de Leonard Cohen de Dayna Goldfine et Daniel Geller, en salles le 19 octobre 2022. Le film était présenté en avant-première au Festival de Deauville 2022. Ci-dessus la bandes-annonces. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.