Have a nice day : une impression étrange

Have a nice day : une impression étrange

CRITIQUE FILM - Liu Jian présente son nouveau film d’animation, "Have a nice day". Cette œuvre subversive montre les travers de la société chinoise, mais elle laisse aussi une impression particulière.

Le nouveau film d’animation du réalisateur chinois Liu Jian, Have a nice day, est un mélange de manga et de film à la Tarantino. Une œuvre au dessin singulier et pleine de références, mais qui laisse une impression mitigée.

Dans une petite ville du sud de la Chine, lors d’une soirée a priori calme, la pluie se met à tomber. Xiao Zhang, un simple chauffeur au service d’un mafieux local, décide de dérober un sac rempli de billets qu’il devait lui ramener. La nouvelle de cette trahison va alors se répandre comme une traînée de poudre et entraîner une course-poursuite infernale où tout le monde va chercher à mettre la main sur ce sac.

Un film de référence

Dans Have a nice day, on comprend très vite que le réalisateur cite ses maîtres. Ainsi, la chronologie du film et le découpage de l’action renvoient immédiatement au réalisateur américain Quentin Tarantino. Le film fait penser à un Pulp Fiction, version chinoise et animation. Mais ce style renvoie également à Guy Ritchie, avec des personnages qui viennent se greffer à l’action. On pense alors facilement à Arnaques, Crimes et Botanique, où les quiproquos s’enchaînent au fur et à mesure que l’action avance - et où là aussi d’autres personnages se mettent à la poursuite du butin et apportent de l’ironie dans la course-poursuite.

La nouveauté avec Liu Jian réside dans le fait qu’avec ses références le spectateur avait l’habitude d’être embarqué dans une histoire très rythmée avec peu de temps mort. Dans son film, le réalisateur chinois ralentit considérablement le rythme, et aussi l’action et au final, il présente une histoire plus condensée.

Une impression étrange d’avoir vu un court-métrage

Have a nice day, demeure une œuvre atypique au style singulier, avec un véritable auteur derrière. Il y a peu de doute quant au fait que ce film puisse trouver son public. L’inconvénient vient de la sortie de la salle de cinéma et l’impression étrange d’avoir vu un court-métrage bien plus qu’un long. Bien sûr, cette œuvre reste réussie, mais l’action principale du film, qui au final reste courte, tout comme l’intrigue, donne l’impression que l’histoire se prête surtout à un métrage court. L’histoire étant ramassée et surtout allongée par un rythme très lent - ce qui permet d'atteindre la durée d’un long-métrage, 77 minutes.

De plus, l’auteur cite surtout ses maîtres dans son film. Une démarche qui donne alors également cette impression de court-métrage. On peut ainsi tout à fait sortir de cette œuvre en se disant que le réalisateur s’est surtout fait plaisir, a cité ses références avec un scénario assez bref et a montré ce dont il est capable. Ainsi, des films dans ce genre-là comme Pulp Fiction et Arnaques, Crimes et Botanique, vont autrement plus loin dans le traitement de l’histoire, de ses personnages et dans l’intrigue. Alors que Have a nice day ne semble ne donner qu’un avant-goût.

Un style qui se démarque

Pour autant, dans Have a nice day Liu Jian cite ses maîtres, mais il se les approprie aussi. En effet, il englobe ce type de narration dans un rythme qui lui est propre. C’est aussi de la société chinoise qu’il traite dans son film. Il y montre une certaine réalité, les difficultés de la jeunesse chinoise à s’en sortir et son sentiment d’être paumé. Ici les protagonistes n’ont que deux issues pour s’en sortir, se mettre au service de la mafia ou arnaquer la mafia.

Au final, si Have a nice day ravira immanquablement les fans des films de Tarantino ou de Guy Ritchie, et que le film permet de dévoiler un artiste, celui-ci devra encore prendre son envol.

 

Have a nice day de Liu Jian, en salle le 20 juin 2018. Ci-dessus la bande annonce.

Conclusion

Note de la rédaction

"Have a nice day" est une œuvre où le réalisateur se fait plaisir, mais qui manque d'aboutissement.

Sur la bonne voie

Note spectateur : 4.45 (1 notes)