Hommes au bord de la crise de nerfs : retour forcé à la nature

Thierry Lhermitte, François-Xavier Demaison et Ramzy Bedia en thérapie

Hommes au bord de la crise de nerfs : retour forcé à la nature

CRITIQUE / AVIS FILM –" Hommes au bord de la crise de nerfs " d'Audrey Dana aborde avec une réussite inégale la fragilité des hommes d’aujourd’hui. Avec Thierry Lhermitte, François-Xavier Demaison et Ramzy Bedia.

Regards de femmes sur les hommes d’aujourd’hui

Après Sous les jupes des filles et Si j’étais un homme, la réalisatrice Audrey Dana poursuit l’analyse de ses personnages dans leur rapport au monde, toujours sous l’angle de la comédie. Hommes au bord de la crise de nerfs  offre cette fois un focus sur les hommes, leur part de féminité et la fragilité de leur masculinité.

La caméra s’attache donc aux pas de sept hommes, aux âges et activités bien différents. Ils constituent, comme l’a décrit Audrey Dana rencontrée à Bordeaux aux côtés de Michael Gregorio, « une bande très complémentaire ou chaque homme représente une facette possible du masculin ». Ils ne se connaissent pas mais ont en commun le fait d’être en burn-out, conscient ou inconscient.

Hommes au bord de la crise de nerfs
Hommes au bord de la crise de nerfs ©Warner Bros.France

Volontaires ou contraints par leurs familles, ils vont donc se rencontrer dans une zone blanche au milieu de nulle part, pour un stage de quelques jours. Les méthodes originales de la coach Omega (Marina Hands, qui joue pleinement de son mystère naturel) sont plus que déstabilisantes pour les gaillards. Rien de bien surprenant quand on sait que la réalisatrice a co-écrit le film avec l’écrivaine chamane Claire Barré, qui a notamment œuvré sur Un monde plus grand.

Avec bienveillance, la réalisatrice réussit à montrer des hommes qui lâchent prise, s’abandonnent et admettent finalement qu’ils ne maîtrisent rien. La raison de cette gageure tient vraisemblablement en la coexistence de nombreuses sources véridiques pour la matière du film. Ainsi, la construction de chaque personnalité est issue d’interviews anonymes faites par les deux co-scénaristes auprès d’une centaine d’hommes. Exprimant leurs attentes d’un film sur les hommes, « ils ont souhaité de façon très touchante et très intime qu'il montre leur fragilité, leurs failles et leurs peurs, comme pour les femmes ».

Un homme, ça souffre aussi

Par ailleurs, la réalisatrice s’est inspirée de connaissances pour deux personnages mais le résultat de leur singularité et de leur incarnation par les acteurs est assez inégal. L’émouvant Michel, chauffeur de métro souffrant de solitude, est ainsi le résultat « d’une rencontre avec un homme autiste jamais diagnostiqué, et le monologue de sa première fois est mot pour mot ce que cet homme a osé lui confier ». Le rôle a d’abord été écrit pour Grégory Gadebois qui n’a pas pu se libérer pour le tournage, et c’est finalement l’épatant Laurent Stocker qui lui donne vie.

En revanche, l’interprétation par Ramzy Bedia du personnage de Romain, « qui tient le plus à cœur à la réalisatrice car inspiré d’un très proche en incapacité de profiter de la vie alors qu’il a tout », est moins convaincante. Les raisons de son mal-être sont trop floues et peu source d’empathie. On trouve aussi parmi les autres membres du casting des acteurs qui ont fait leurs preuves. Thierry Lhermitte est ainsi Hippolyte, un grand père qui se laisse aller depuis la mort de son épouse et François-Xavier Demaison est Antoine, avocat homosexuel. Pascal Demolon est Ivan, écrivain qui n’a pas su gérer sa célébrité et Max Baissette de Malgraive est Eliott, jeune homme chétif.

Hommes au bord de la crise de nerfs
Omega (Marina Hands) - Hommes au bord de la crise de nerfs ©Warner Bros.France

Michael Gregorio, dont le talent de chanteur a été intégré au scénario, est la vraie découverte du film. Il a eu la bonne idée de suggérer à la réalisatrice de le choisir dans le personnage de Noé, kiné dépassé par sa charge mentale. Plutôt que dans celui proposé de coach, « dans lequel il n’arrivait pas à se projeter » et finalement attribué à une femme.

De facture classique dans sa résolution, Hommes au bord de la crise de nerfs donne donc à voir la transformation rapide de chacun des personnages, y compris de la coach, qui a ses propres problèmes. Au cœur d’une nature hostile, chacun va d'abord accepter son ressenti pour aller à la rencontre de soi. Avant d'accepter l’autre dans sa différence et être « un bout de la solution les uns pour les autres ». Le tout grâce à des exercices piochés dans plusieurs types de thérapies existantes qui donnent matière, tantôt à des rires, tantôt à des moments gênants.

Toutefois, malgré ses (trop) bonnes intentions, Hommes au bord de la crise de nerfs n’évite pas l’écueil du film choral et de la check-list des problèmes et des solutions. Car vouloir rassembler à l’écran des héros aux histoires de vie bouleversantes ne suffit pas à garantir la réussite d'une comédie, entre rires et émotions. D’autant que les scénaristes effleurent trop rapidement des sujets de réflexion importants, que le spectateur paresseux pourra picorer à sa guise. Ainsi du couple, de la solitude amoureuse et sexuelle, de la maltraitance, de la drogue, du succès, du veuvage, de l’adoption, de l’homosexualité ou encore du harcèlement scolaire.

Hommes au bord de la crise de nerfs de Audrey Dana, en salle le 25 mai 2022 . Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la Rédaction

La comédie "Hommes au bord de la crise de nerfs" ne convainc pas entièrement, malgré les bonnes intentions et le regard bienveillant porté par les coscénaristes sur les hommes d'aujourd'hui.

Note spectateur : Sois le premier