La Tour : le cauchemar claustrophobe de Guillaume Nicloux

La Tour : le cauchemar claustrophobe de Guillaume Nicloux

CRITIQUE / AVIS FILM - Dans "La Tour", les habitants d'un immeuble se retrouvent pris au piège à cause d'une étrange matière noire. Un point de départ que Guillaume Nicloux met rapidement de côté pour montrer que l'être humain est capable du pire par instinct de survie.

La Tour : un concept prometteur

Après avoir piégé Gérard Depardieu dans la forêt avec The End, Guillaume Nicloux condamne les habitants d'un bâtiment d'une cité avec La Tour. Les résidents découvrent avec effroi que leur immeuble est entouré d'une étrange matière noire, qui dévore tout ce qu'elle touche. Un concept extrêmement prometteur, qui plonge dès les premières minutes les personnages et le spectateur dans une atmosphère étouffante.

La Tour
La Tour ©Wild Bunch Distribution

Rapidement, plusieurs groupes se forment et des rivalités naissent, notamment autour du partage des ressources. Pour Guillaume Nicloux, l'apocalypse n'est pas synonyme de solidarité. Habitué aux ambiances sombres, le cinéaste auquel on doit entre autres Une affaire privée et Cette femme-là signe sans doute avec La Tour son film le plus tragique et le plus violent, se focalisant sur nos plus bas instincts et sur notre capacité à commettre des horreurs pour survivre.

Une proposition radicale et désespérée

La matière qui entoure le bâtiment passe vite au second plan. Le réalisateur ne cherche ni à expliquer son origine, ni sa composition, et les atrocités commises par les habitants prennent vite le relais. Dès les premières minutes, un enfant meurt au cours d'un accident et Guillaume Nicloux montre d'emblée qu'il n'y aura aucune place pour l'entraide et l'innocence.

La Tour
Assitan (Angèle Mac) - La Tour ©Wild Bunch Distribution

Au fil d'un récit qui s'étale sur de nombreuses années grâce à des ellipses hasardeuses mais qui confirment que les choses ne s'arrangent pas avec le temps, de nombreux personnages sont sacrifiés de manière extrêmement brutale. Le spectateur est témoin de meurtres perpétrés sur fond de racisme, de trafics d'animaux domestiques dans le but de les dévorer, d'abus sexuels ou encore de commerce de bébés... Autant de situations insoutenables que Guillaume Nicloux ne filme pas toujours de manière frontale, mais dont la simple évocation suffit à donner des frissons et provoquer le malaise.

Des corps détruits

La Tour joue donc habilement avec certaines de nos peurs les plus profondes, que ce soit celle de l'enfermement ou la crainte de mourir de faim. Visuellement, le long-métrage marque également par sa façon de montrer l'évolution des corps, qui se consument lentement à cause du manque de nourriture et de l'absence totale de lumière naturelle.

La Tour
Ahmed (Hatik) - La Tour ©Wild Bunch Distribution

Dans cet abominable chaos, la loi du plus fort l'emporte mais finit par avoir ses limites, l'épuisement prenant progressivement le pas sur tout le reste. Le fait de montrer ces rapports de force est l'une des qualités du film mais aussi son principal défaut, le long-métrage ne s'embarrassant pas à caractériser en profondeur ses personnages, hormis celui incarné par Angèle Mac. Une héroïne qui tient bon comme elle peut, perdant logiquement le goût de vivre et le moindre espoir, mais refusant malgré tout de mourir.

La Tour de Guillaume Nicloux, en salles le 8 février 2023. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Note de la rédaction

Avec "La Tour", Guillaume Nicloux se sert d'un concept prometteur pour filmer nos plus bas instincts. Un film d'horreur qui laisse un profond malaise, et qui ne donne pas vraiment foi en l'humanité.

Note spectateur : 2 (2 notes)